Il ne s’agit pas d’une nouveauté mais d’un coup de cœur de librairie.

La petite nouvelle de Franck Pavloff est bien connue. Le récit, qui démarre sur l’interdiction des chiens autre que bruns, mesure qui suit l’interdiction des chats ne présentant pas cette même couleur, explique comment « l’État national », à force de compter sur les petites lâchetés individuelles et les compromis, finit par suspendre la liberté de la presse, supprime les ouvrages « non conformes » aux nouvelles doctrines en cours et arrête tous ceux qui n’entrent pas dans la logique de cette machine totalitaire.

Le texte génial de Pavloff est ici illustré par les réalisations de C215 formant une large galerie de portraits d’hommes de femmes et d’enfants, de toutes origines et exprimant des sentiments divers : fiertés, angoisses, révoltes, attentes…

L’œuvre ainsi constituée est des plus impressionnantes et donne à relire autrement Matin Brun.

Franck Pavloff écrit dans la postface de l’ouvrage : « je cherchais autre chose que des images explicatives, une peinture forte, à l’énergie vitale. Le magnifique travail de C215 est dans cette veine dénonciatrice et humaniste. Avec lui, Matin Brun descend dans la rue, s’empare des murs, donne la parole à tous ces visages colorés dont le regard sans concession nous interpelle avec force ».

Une très belle réussite qui pourra, sans aucun souci, faire l’objet d’une utilisation pédagogique des plus fructueuse.

Grégoire Masson