C’est toujours un régal que de découvrir un nouvel atlas de la collection Autrement. Ceux appartenant à la catégorie Mégapoles sont des pépites puisqu’ils sont agrémentés de photographies. Après Mexico, Moscou, New York, Shanghai, voici le tour de Paris. Au premier feuilletage du volume, les images (des photographies réalisées par Cyrus Cornut) attirent l’œil. Si la photographie de couverture donne l’image de Paris, ville-musée (photographie prise depuis la passerelle des arts) ; cette image d’écrin architectural est balancée dès les premières pages par des panoramas de la banlieue parisienne peuplés de tours de logements ou bien encore des images des couloirs du RER. Le côté festif de la Paris est souligné par la présence d’une photographie d’un bar de nuit de Belleville dont la rue est envahie par une foule juvénile. L’arrière-plan occupé par des fresques urbaines rappelle que le quartier est en train de se gentrifier.
Si le risque de se concentrer sur une ville est d’en donner une image touristique, il faut reconnaître aux auteurs le souci de montrer toute la diversité de Paris « ville lumière ». La carte de Paris, à l’échelle métropolitaine, est là pour montrer l’étendue du sujet traité dans ce volume. Antoine Brès et Thierry Sanjuan entament leur texte sur le terme d’ « urbanisme durable » pour qualifier les évolutions de la ville de Paris sur le temps long. Voilà des siècles que le site fluvial parisien a été investi par les hommes. Capitale politique, la densité urbaine élevée de Paris a obligé l’espace urbain à se recomposer au fil du temps selon deux « logiques combinées de densification du bâti et de desserrement de l’espace public ». Riche d’un patrimoine culturel important, la ville véhicule aussi l’image du chic, de la mode et du luxe. Cet aspect l’emporte encore alors que « les mégapoles européennes et nord-américaines et plus récemment asiatiques ou moyen-orientales tendent aujourd’hui à lui ravir une primauté longtemps revendiquée. »
Cette modification du classement des métropoles mondiales amène les auteurs à s’interroger sur l’avenir de la capitale française, face à l’affaiblissement relatif du rayonnement français. Ils croient beaucoup dans les vertus d’un urbanisme durable qui pourra recomposer l’espace urbain à l’échelle métropolitaine, voire du Bassin Parisien. Car, c’est « avec leurs pieds » que les Franciliens dessinent le Grand Paris. Pour rendre compte de ce Grand Paris de demain, des zooms sur de grands projets urbains (Plaine Saint-Denis) ponctuent ce volume et permettent de mettre à jour ses connaissances ou de les enrichir (voir évolution diachronique du Vésinet). Voilà tout juste un siècle que s’est mis en place (26/06/1911) la commission d’extension du Grand Paris. Dans les années 1930, la question de l’organisation de l’espace urbain est posée avec le plan Prost (1934) puis dans les années 1960 avec le schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme (1965). Toutefois, les auteurs comme la cartographe du volume (Madeleine Benoît-Guyot) ont du mal à fixer l’étendue du bassin de vie parisien (pages 58 et 59). Le critère administratif (limites des départements franciliens) est retenu par commodités sans que ce découpage ne soit satisfaisant intellectuellement.
La place tenue par Paris en tant que hub confirme les atouts d’un Paris ville-monde. L’analyse des implantations internationales amène à penser que Paris n’est pas si mal placée même si les auteurs regrettent que l’agglomération attire encore trop peu d’IDE. Ils militent pour le renforcement du pôle de compétences internationales de Paris, quitte à ce que cela renforce le fossé entre Paris et la province. L’urbanisme peut aussi servir de marqueur international. Les tours, qui semblent être l’emblème des villes-mondes, sont désormais envisagées pour asseoir le poids de Paris. Le moment de tirer les leçons des erreurs du courant moderniste, gageons que ce pari soit tenu !
Catherine Didier-Fèvre © Les Clionautes