Après une introduction présentant la situation générale et actuelle du Vietnam, l’ouvrage se découpe en trois grandes parties : le Viêt Nam, une identité à part ? ;  le Viêt Nam : une société unique ? ; l’économie vietnamienne : vrai miracle, faux paradis ?, Chacune divisée en plusieurs chapitres.

Le Viêt Nam, une identité à part ?

Cette partie est formée de sept chapitres.

Le premier chapitre revient sur la guerre comme élément constitutif du Viêt Nam. En effet, le pays, dans l’imaginaire collectif des Occidentaux, est le symbole d’un petit pays agressé par de grandes puissances et qui réussit à chaque fois à les vaincre. Il est aussi marqué par le communisme. Cependant, cela fait plus de 30 ans que le Viêt Nam est sorti des guerres, et qu’il est en voie de réconciliation, sur le plan international comme national. Actuellement, la diaspora vietnamienne fait partie des 10 plus généreuses envers leur pays d’origine, il est intéressant d’apprendre qu’en 2019, 17 milliards de dollars ont été transférés dans le pays par les « Viêt kiêu », les Vietnamiens de l’étranger.

Le deuxième chapitre s’intéresse aux caractéristiques du Viêt Nam en tant que pays d’Asie du Sud-Est. Le pays a mis longtemps à se constituer, et il est actuellement composé de nombreux groupes ethniques très différents : 54 ethnies sont représentées dans le pays. L’ethnie majoritaire est composée des Viêts, elle représente 87 % de la population ! Les ethnies minoritaires sont très diverses. Cette diversité ethnique est une caractéristique partagée par l’ensemble des pays d’Asie du Sud-Est. L’autrice revient également dans cette partie sur la géographie, sur la carte du Viêt Nam, le pays ayant une position stratégique au centre du sud-est asiatique.

Le troisième chapitre donne à voir une forte imprégnation de la culture chinoise au Viêt Nam. En effet, le pays a longtemps subi l’influence chinoise et a même appartenu à la Chine pendant plus d’un millénaire. Le Viêt Nam a subi une assimilation culturelle, débouchant sur un complexe d’infériorité vietnamien vis-à-vis des Chinois et sur une attitude contradictoire, entre sinophobie et sinophilie. Le premier État vietnamien indépendant date de 939, grâce à une victoire contre les Han du Sud. L’autrice explique l’histoire mouvementée du Viêt Nam aux Xe et XIe siècles, avec la construction d’un sentiment national, toujours marqué par la culture chinoise. Le Viêt Nam se décroche culturellement de la Chine avec l’arrivée des troupes françaises en 1858. Enfin, ce chapitre nous permet de comprendre que le modèle chinois importé au Viêt Nam et en réalité progressivement « vietnamisé ».

Le quatrième chapitre s’intitule « les Vietnamiens sont occidentalisés ». Dans ce chapitre, on revient sur l’adoption d’une écriture romanisée au XIXe siècle, le quôc ngu, qui est une singularité par rapport aux autres pays d’Asie du Sud-Est. De plus, le Viêt Nam représente actuellement une base importante de l’église catholique en Asie, puisque 7 % de sa population est catholique, soit environ 7 millions de personnes. En fait, selon le professeur Trân Quôc Vuong, « l’identité culturelle du Vietnam est dans la concordance de plusieurs modèles et tendances, elle est pluraliste ». Le Viêt Nam a une grande adaptabilité, sa société évolue et se modernise de façon très rapide, tendant vers la société de consommation occidentale.

Le cinquième chapitre revient sur l’idée préconçue selon laquelle la francophonie serait une évidence au Viêt Nam, en apportant de nombreuses précisions sur la réalité de la pratique du français dans le pays qui est en fait bien moindre que celle que l’on imagine.

Le sixième chapitre qui s’intitule « au Viêt Nam, le Nord n’a rien à voir avec le Sud », nous montre les réelles différences qui existent entre le Nord et le Sud (du fait de la latitude, de la géographie, du relief, de la culture des populations…). Les différences constatées dans ce pays proviennent en grande partie de l’histoire nationale. Mais le chapitre ne se limite pas à une division Nord-Sud car il y a bien plus de régions culturelles au Viêt Nam : l’auteur en compte sept.

Le septième chapitre revient à nouveau sur un préjugé fondé sur une part de réalité, avec son titre évocateur « les Vietnamiens s’appellent tous Nguyên ». En effet, ce nom de famille est très répandu dans le pays mais il n’est pas le seul emblématique : « Ho » est aussi très répandu. Ce chapitre précise, grâce à des enquêtes, les différentes implications du fait de nommer les personnes et revient sur l’histoire et les origines des noms de famille répandus au Viêt Nam.

Le Viêt Nam : une société unique ?

Cette partie se compose de cinq chapitres.

Le premier chapitre de la deuxième partie part de l’idée reçue selon laquelle le Viêt Nam est l’un des derniers observatoires du communisme. En effet, le parti communiste est le parti unique au pouvoir au Viêt Nam. Cependant, le communisme y est en cours de réformation. Ce chapitre s’intéresse à l’histoire des réformes du parti communiste vietnamien, avec par exemple l’adoption de valeurs occidentales.

Le deuxième chapitre s’intéresse aux questions de démocratie et de droits de l’Homme, qui seraient des sujets tabous au Viêt Nam. Mais en réalité, ce sont des sujets présents dans les discours des dirigeants vietnamiens. L’amélioration de l’IDH est bien réelle, même si le pays régulièrement montré du doigt comme ne respectant pas les droits de l’homme, par exemple la liberté de la presse. Aussi, la société civile est très structurée au Viêt Nam. La situation n’est donc pas monolithique.

« Au Viêt Nam, la corruption est contagieuse » : ce troisième chapitre parle du « fléau national » que représente la corruption pour le pays. La corruption est bien réelle. S’il existe une remise en question dans l’État et le Parti lui-même pour essayer d’y remédier, depuis une trentaine d’années, celle-ci n’empêche pas de nombreuses affaires de corruption. D’ailleurs, la corruption existe également dans le secteur privé.

Le quatrième chapitre de cette partie s’intitule « la société vietnamienne est rurale et arriérée ». La modernisation rurale (avec la mécanisation de l’agriculture), l’amélioration des systèmes d’irrigation… sont au cœur des politiques de l’État. Aussi, le pays est devenu très rapidement le deuxième exportateur mondial de riz et de café alors que jusque dans les années 1980, il était importateur de ces produits de base. La modernisation n’est pas que positive, elle a aggravé les clivages dans la société vietnamienne rurale. La population rurale est encore actuellement plus nombreuse que la population urbaine. Ce chapitre se fonde sur des données statistiques précises pour nous présenter une situation complexe.

Le dernier chapitre de la partie, « au Viêt Nam, c’est la femme qui fait tout », revient sur la culture traditionnelle vietnamienne dans laquelle la condition féminine était définie à travers un code très rigide à influence confucéenne : la femme devait répondre à de nombreuses exigences, sans avoir une reconnaissance sociale. L’auteur relève cependant de nombreuses héroïnes dans l’histoire de la construction nationale. Aussi, l’égalité homme-femme a été inscrite dès 1946 dans la constitution du Vietnam indépendant. Actuellement, de plus en plus de femmes occupent ainsi des postes de responsabilité.

L’économie vietnamienne : vrai miracle, faux paradis ?

La dernière partie de l’ouvrage comporte sept chapitres.

Le premier chapitre s’intitule « le Viêt Nam vit un miracle économique ». Ce chapitre rappelle la situation compliquée du pays après sa victoire contre les États-Unis, et les expériences de réformes économiques mises en place pour y remédier. Le Viêt Nam est passé d’un véritable marasme économique dans les années 1970-80 à une situation beaucoup plus positive, puisque le pays est classé parmi les économies les plus dynamiques de l’Asie actuellement. Dans ce chapitre, nous avons encore accès à de nombreuses données chiffrées permettant de comprendre la situation économique du pays.

Le deuxième chapitre, « le Viêt Nam : un dragon en puissance de l’Asie du Sud-Est », montre la singularité du pays par rapport aux autres membres de l’ASEAN. Il montre également que le Viêt Nam qui souffre d’une concurrence importante, sans effets de complémentarité. Cependant, le pays, considéré comme un dragon, a besoin de cette organisation pour son économie et son développement.

Le troisième chapitre s’intéresse au pays en tant que « nouvelle étoile convoitée par les investisseurs ». Il commence par rappeler les priorités économiques du Viêt Nam et montre l’impact de son adhésion à l’OMC en 2006–2007 sur l’explosion du nombre d’investissements étrangers, en particulier américains. Aussi, ce chapitre parle du manque et du coût de la main-d’œuvre au Viêt Nam, mais aussi des problèmes que connait l’administration du pays. Nou avons donc là encore à faire à une situation complexe.

Le quatrième chapitre se penche sur l’idée reçue selon laquelle le nombre d’ultra-riches ne cesserait d’augmenter au Viêt Nam. Cette idée reçu se fonde en fait sur une réalité, qui est celle de l’explosion du nombre des Vietnamiens ultra-riches depuis le tournant du siècle. Il existe un exceptionnel bond de la prospérité individuelle dans le pays, qui va à l’encontre de la vision confucéenne méprisant l’activité qui touche aux affaires commerciales. Ce chapitre nous en donne les différentes raisons.

Le cinquième chapitre s’intitule « le Viêt Nam est un paradis touristique ». Il revient sur les images d’Épinal de l’Indochine lointaine, sur les raisons qui rendent attractif ce pays, qui reçoit de plus en plus de touristes internationaux. Les différentes raisons de cet attrait sont explicitées dans ce chapitre, qui se conclut sur l’enjeu de ne pas transformer le « paradis » en « enfer » : ainsi, les conflits d’usage et le développement durable sont des enjeux essentiels pour assurer la pérennité du tourisme vietnamien.

Le sixième chapitre de la troisième partie est en lien avec le précédent, puisqu’il s’intéresse au développement durable. C’est en effet devenu un concept à la mode au Viêt Nam, avec par exemple la création en 2002 d’un ministère des ressources naturelles et de l’environnement. Le pays a ainsi signé l’accord de Paris sur le climat. Cependant, la pollution est alarmante dans le pays, qui a de nombreux défis à relever, à la fois en termes de croissance, de redistribution des richesses, de gestion des risques… La question du développement durable est globale.

Enfin, le dernier chapitre est très actuel puisqu’il s’intitule « le management public à la vietnamienne a permis d’échapper à la crise sanitaire de la Covid-19 ». Ce chapitre fait un point sur l’impact de la crise sanitaire sur le Viêt Nam, et ses bons chiffres, alors que le pays se situe juste aux portes de la Chine et n’est pas un pays riche. Les différentes mesures très strictes qui ont permis de limiter la pandémie sont ainsi listées dans ce chapitre. Les efforts collectifs ont été valorisés, dans une société empreinte de pensée confucéenne. Aussi, le poids de l’État n’a pas été étranger à la réussite de la stratégie vietnamienne face à la Covid-19.

Conclusion

Cet ouvrage s’est donné pour mission de montrer que la réalité du Viêt Nam est plus complexe qu’on ne le pense. Le Viêt Nam connaît de réelles constantes, mais est également en pleine mutation. C’est un pays qui s’inscrit dans un processus d’adaptation continuelle.

Ce petit ouvrage peut être utile pour ceux qui préparent actuellement les concours de l’éducation nationale, afin de mieux connaître ce pays singulier de l’Asie du Sud-Est. Il est également utile pour gommer certaines idées préconçues erronées, ou au contraire pour valider des idées reçues réelles sur le pays.

Le livre est abordable et clair.

 

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