« La collection « les cahiers POPSU » s’inscrit dans un programme de recherche-action mené dans le cadre du volet « Métropoles » de la Plateforme d’observation des projets et stratégies urbaines, rattachée au Plan urbanisme construction architecture. Ce programme assure la production de recherches sur les métropoles et leur diffusion dans les milieux de la recherche, auprès des élus, des professionnels des territoires, ainsi que du grand public. Chaque cahier est une restitution d’un enjeu particulier au sein d’une métropole partenaire du programme ».

Esquisser le portulan contemporain d’une métropole fluviale, tel peut être résumé le travail en cours à Strasbourg, qui, en croisant les regards et les outils descriptifs, a entrepris de repérer et de qualifier les grands champs d’interaction liant ville et port à différentes échelles. Le port industriel est en effet un pilier essentiel de l’économie régionale : le port autonome de Strasbourg achemine 7 millions de tonnes de marchandises par an, et ses 320 entreprises emploient environ 10 000 personnes. Strasbourg est également une étape importante du tourisme fluvial. Industrie et tourisme animent un chevelu hydrographique dense, fait de canaux, rivières et ruisseaux, qui déterminent la morphologie de la ville, orientent son développement et participent grandement à sa qualité de vie. Les 3 fonctions, portuaire, fluviale et hydrologique sont de fait intimement mêlées et déterminantes pour Strasbourg mais « le sont-elles également pour l’Eurométropole ? », constituent-elles des potentiels d’articulation d’un espace métropolitain en devenir ? L’hypothèse développée dans cet ouvrage est que les fonctions portuaires de Strasbourg peuvent agir comme incubatrices de métropolisation et renouveler l’image et les usages de la ville.

Cette hypothèse est ensuite mise à l’épreuve dans 3 chapitres. Les enjeux et les impasses du couple ville-port sont d’abord détaillés dans un premier chapitre. Celui-ci a connu différents cycles. Les transformations du port ont alors influencé le statut et la fonction urbaine de Strasbourg : d’abord ville-étape avec ses installations portuaires et marchandes au pied de la cathédrale, ensuite ville frontière avec son port rhénan et sa fonction d’entreposage et de redistribution régionale et enfin ville frontalière avec un port ouvert et étendu aux fonctions industrielles dominantes. « L’heure semble aujourd’hui au tissage renouvelé d’interrelations complexes et démultipliées entre les deux entités de plus en plus imbriquées ». Les principaux enjeux sont toutefois le manque d’espace pour développer le port, son accessibilité mais aussi sa gouvernance pour répondre aux défis hydrologiques, industriels et touristiques. Le deuxième chapitre questionne ensuite la portée et l’échelle métropolitaine de Strasbourg pour envisager les liens entre la ville et son port. Globalement, on repère un fort tiraillement de la zone portuaire entre nature, vie habitante et développement économique, qui s’est cristallisé lors des élections municipales de 2020. Enfin, le troisième chapitre esquisse l’idée d’une métropolisation transactionnelle. « Spatialement, de possibles nœuds territoriaux émergent à la convergence d’enjeux multiples. Du port du Rhin aux ports de Strasbourg s’esquisse un récit fédérateur de portée métropolitaine et transfrontalière; autour du dessin hydrographique et de la mémoire portuaire. » En somme, le port comme interface avec la ville, apparaît comme un levier fort de métropolisation de Strasbourg à la condition que la métropole souhaite transformer les interactions en transactions. Le portulan, « qui fait parler toutes sortes de cartes » (dans un atlas métroportuaire issu du programme POPSU), apparaît alors comme « une plateforme transsectorielle de partage des connaissances, conjuguant une collecte participative et un terrain expérienciel ».