« Pourtant, l’art a aussi ses limites, sans doute, est-ce là sa beauté ».
« Il évoque plus qu’il ne montre. Il ne donne aucune réponse mais ne cesse de susciter des questions ».
« Je crois en la toute-puissance de l’art. » Man Ray
Cet ouvrage compile deux albums déjà parus : Peindre sur l’artiste américain Man Ray (1890-1976) et Ne pas peindre à propos du couturier français Paul Poiret (1879-1944).
Philippe Dupuy publie une intégrale fort originale. A travers l’étude de ces deux créateurs, il donne sa propre appréciation de la peinture, après un premier travail sur L’histoire de l’art en 2016. A la fois scénariste et illustrateur, l’auteur n’entend pas retracer des biographies linéaires des artistes mais livrer une recherche personnelle sur l’essence du processus créatif chez ces hommes dont la peinture n’est pas l’activité principale. Les vies et les destins de Man Ray et de Paul Poiret se répondent, transposés à travers une causerie dessinée autour d’un jeu d’échecs, parfois un peu difficile à suivre. Dans cette lecture croisée, l’ouvrage bien documenté se consacre surtout sur le début de la vie de Man Ray à New-York qui cherche à percer dans la peinture avant d’être photographe. La carrière de Paul Poiret est abordée au milieu des années 20, à Paris quand il est au faîte de sa gloire. Il organise alors de grandes fêtes où se rencontrent les artistes avant qu’il soit ruiné.
On peut parler d’une mise en abyme car l’auteur donne à voir des planches en bichromie (en référence à l’avant-garde et au surréalisme) avec une variété recherchée de dessin sur fond noir ou brun, plutôt en peinture, puis à la plume. Les cases changent aussi de forme en se plaçant même hors-champ. Les traits et les mises en pages sont en perpétuelle évolution comme nos émotions.
La lecture de cet album procure l’illusion d’un voyage esthétique qui prête à la rêverie et à la philosophie. Elle est conseillée à toux ceux que l’art questionne et qui veulent travailler sur le graphisme, le point de vue et la mise en page dans la bande dessinée.