L’un des premiers livres de Sylvain Tesson
A pied, en voiture, en minibus, en camion, en bus, l’écrivain-voyageur Sylvain Tesson parcourt le monde depuis le milieu des années 1990.
Reconnu parmi les amateurs de littérature de voyage depuis le début des années 2000, le nombre de lecteurs de Sylvain Tesson a brusquement augmenté avec la Panthère des Neiges, couronné du prix Renaudot en 2019. Avant ce récit d’un long affut dans le centre de la Chine à la recherche d’un félin particulièrement rare et difficile à observer, Sylvain Tesson a publié plusieurs essais, dont ce « petit traité sur l’immensité du monde » aux Éditions des Équateurs.
Initialement publié en 2005, puis réédité en 2008 en format poche, ce livre est une réflexion sur la place du voyageur dans son environnement. Faut-il toujours aller plus vite ? plus loin ? Comment faire pour voir ce que la plupart des visiteurs ne verront pas à propos d’un paysage ? Comment s’émanciper des cadres sociaux par l’aventure ?
En 11 chapitres, Sylvain Tesson, l’auteur disserte sur le bonheur de parcourir les routes, d’être un vagabond, de l’utilité de monter un bivouac propice à la rêverie ou d’escaler les édifices gothiques de l’Ouest de l’Europe et fait l’éloge des forêts sibériennes. La réflexion proposée appelle à développer une « vision géographique » (chapitre 7), notamment dans ce très beau passage définissant la géographie :
« La géographie, la plus belle des disciplines. Elle se tient au carrefour des connaissance, elle convoque à elle les autres sciences. Elle précipite ce que lui révèle chacune dans son chaudron, mélange les ingrédients et concocte une lecture du monde. Elle demande à l’histoire le nom de l’armée qui a abreuvé la vallée de son sang. Elle demande à la géologie de quelle pierre se nourrissent les pierres de l’abbaye construite sur un piton et demande à la géomorphologie d’où vient le piton. Elle demande à la paléoclimatologie depuis quand le vin peut se cultiver sur le côteau, à la palynologie ce qu’on faisait jadis pousser dans les jachères d’aujourd’hui., à la toponymie de révéler ce dont même les plus anciens ne se souviennent plus, à la topographie la raison pour laquelle la ruine d’un donjon féodale se trouve là où elle est. Une fois recueillis les indications, elle livre sa vision, dévoile ce que les forces naturelles ont fait subir au substrat puis ce que l’Homme lui a infligé. Elle offre les clés qui ouvrent le paysage à la compréhension. »
Source : Extrait tiré du livre publié aux éditions des Equateurs, 2025, pages 92-93
Cette nouvelle édition est agrémentée d’une dizaine de dessins originaux de l’auteur, située en ouverture de chaque chapitre.
En conclusion, un essai ciselé et vif qui invite le lecteur à réfléchir sur les impacts de ses mobilités.
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