Un grand père et son petits-fils Louis se proposent de nous faire découvrir l’histoire, à travers les grands personnages, en utilisant un moyen simple mais efficace : une balade parmi les rues de la ville. Chaque nom rencontré est l’occasion de s’arrêter sur un homme ou une femme importante.

Le lieu de départ théorique est Marseille, mais on trouve aussi de nombreuses références à Paris. Remarquons cependant que l’exercice peut s’appliquer à toute ville un peu importante, tant on trouve dans le domaine des noms de rues des points similaires. Le livre est organisé en chapitres thématiques et comporte également un index. Les noms propres expliqués sont en gras.

Découvrir l’histoire autrement

Le grand-père pose souvent des énigmes à son petit-fils. Le chapitre 3 est par exemple consacré aux savants et médecins comme Copernic, Newton, Champollion ou encore Linné. A chaque nom est attribué son invention ou un fait essentiel. Au total, le grand-père et Louis évoquent tout de même quatorze personnages en à peine dix pages. On pourra parfois reprocher, ou applaudir, le fait que le texte enchaine les personnages avec une extrême rapidité.

Des anecdotes

Le livre fourmille donc d’anecdotes. A la page 17, on apprendra l’origine de la Bibliothèque rose, née en 1860. On en saura plus sur Bichat, professeur à vingt-six ans qui a mené des recherches sur l’anatomie, ce qui l’a conduit à disséquer pas moins de six cents cadavres. Dans la catégorie « aventurier », on découvrira que Saint-Exupéry, avant d’être l’auteur du Petit Prince, fut un vendeur de camions, mais pas vraiment un bon commercial puisqu’il n’en vendit qu’un en un an et demi ! On apprendra aussi l’origine du nom de la station Montparnasse Bienvenüe.

Redonner leur place aux femmes

Thierry Delahaye fait le choix très clair de faire la part belle aux femmes. Si l’on va de la plus connue à la moins connue, on pourra citer tout d’abord la révolutionnaire Olympe de Gouges à qui on attribue cette phrase : « Si une femme a le droit de monter à l’échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune ». Le livre évoque aussi la figure de Cécile Brunschvicg, sous-secrétaire d’Etat à l’Education nationale dans le gouvernement de Léon Blum. Ensuite, on aborde l’aviatrice Hélène Boucher qui a pratiqué l’acrobatie aérienne et a eu cette formule : « Le ciel est le seul océan où je nagerai désormais ». Enfin, on peut citer Juliette Dodu qui aurait joué un rôle décisif en 1870, mais les historiens ne sont pas si certains de son rôle aujourd’hui.

Artistes, aventuriers et résistants

Les discussions entre le grand-père et son petit-fils nous entrainent aussi vers les artistes. L’auteur en profite pour présenter des femmes artistes comme Rosa Bonheur. L’auteur parle aussi de Surcouf ou de personnages plus contemporains comme René Caillé. Le livre fait la part belle à l’histoire en évoquant la figure de plusieurs résistants avec notamment des extraits de la dernière lettre de Guy Moquet. Dans le même esprit, un chapitre est consacré à ceux qui se sont battus pour la paix.

Rues ou avenues ?

Au XIXème siècle, lorsque la nomenclature des rues a été rééxaminée, il a été décidé qu’on « appellerait avenue une voie plantée d’arbres, et boulevard, une large avenue. Mais ce qui est vrai à Paris ne l’est pas à Marseille, où des impasses sont baptisées boulevards ». Vers la fin du livre, le grand-père et son petit-fils échangent sur le choix des noms de rues. Cela peut dépendre du choix politique de la municipalité. Des noms font parfois l’unanimité comme Saint-Exupéry, alors que d’autres ont perdu toutes leurs rues comme Pétain. Il y a enfin le cas de Victor Hugo qui à la fin de sa vie habitait une rue qui portait son nom !

Des petits plus appréciables

A l’occasion d’une remarque, le livre souligne par exemple l’influence de la révolution américaine sur la française. L’auteur prend aussi le temps parfois de citer des extraits d’oeuvres, comme des poèmes, même si c’est souvent bref.

Ce petit livre, au-delà des informations nombreuses qu’il donne, offre une idée originale. Ainsi on pourra parcourir les rues de sa ville avec ses enfants par exemple. A chacun de s’emparer de cette bonne idée !

© Jean-Pierre Costille pour les Clionautes.