Le DVD « Population Mondiale » de Gulliver Vidéo Pédagogique s’inscrit dans le cadre d’une collection qui traite de l’histoire, de la géographie, de l’économie, du monde contemporain et de l’éducation civique et vise les classes du collège.

Le coffret DVD se compose du DVD lui-même et d’un livret pédagogique. Un livret qui est présenté sous la forme de trois feuillets pliés en deux, non reliés, glissés dans la jaquette. De plus, les trois livrets/feuillets arborent la même présentation (logos, titres, photos et couleurs). La seule différence réside dans le sous-titre. Ce dernier fait référence aux trois parties des séquences vidéo.

Une première critique s’impose donc dès l’ouverture dudit coffret. En effet, le livret pédagogique ainsi conçu, avec autant de similitude fait croire dans un premier temps à un livret en trois exemplaires. Mais bien plus, s’adressant à l’usage de l’enseignant devant sa classe, il aurait été judicieux de faire correspondre au moins les photos avec le sous-titre.

Le DVD quant à lui s’ouvre sur un menu qui se subdivise en trois parties :
-Sa répartition (le titre étant annoncé à savoir la population mondiale)
-Une extraordinaire croissance
-La transition démographique

En cliquant sur l’une ou l’autre séquence, on a le choix entre :
-Une séquence vidéo
-Une sélection d’image
-Des questions

1)La population mondiale, sa répartition

Cette séquence se subdivise en six thèmes. Le premier, le plus long, présente les grands centres de population dans le monde. Ensuite, à temps presque égal, l’auteur aborde le contraste entre les espaces vides et les espaces peuplés puis s’attèle à dégager l’aspect attractif des cours d’eau avant d’aborder celui des littoraux. Enfin, il conclut par « la population à la recherche de nouveaux espaces ».

Dès le début, il semble que les images ne correspondent pas exactement au discours pédagogique. A titre d’exemple, la vidéo s’ouvre sur une marée humaine de type européen (sans localisation) puis suivent des images d’une autre marée humaine de type asiatique (sans localisation) pour revenir à des images d’une foule de type européen marchant dans la rue d’une grande ville. Pendant le défilement de la foule de type asiatique, le commentateur nous dit « deux millions de personnes… » et lorsqu’arrivent la deuxième fois les images de la population européenne, il poursuit « c’est le nombre d’habitants vivant ici, sur cette vue du nord de Berlin en Allemagne ».

A priori, ce montage n’apporte rien au contraire, il peut perturber la compréhension de l’élève. Mais, c’est dans la suite de la vidéo que l’on comprend ce choix d’une population de deux millions. En effet, l’auteur représente par un point sur un planisphère deux millions d’habitants. Quel détour maladroit !

Ainsi, l’élève va découvrir l’inégale répartition. Oui mais le problème concerne ici la cartographie. Tout d’abord, le choix d’une couleur bleu foncé pour les masses océaniques rend la lecture difficile. Ensuite, le choix de la représentation d’un globe a conduit l’auteur à figurer les contours extérieurs en noir. Or, comme la couleur noire a également été retenue pour le « point » représentant deux millions d’habitants, on a bien plus l’impression d’un « mitage » de notre planète que d’une vue de l’inégale répartition de sa population.

De plus, lorsque l’auteur répertorie les plus grands centres de population en les ceinturant d’un trait sur le globe tout en faisant défiler quelques images, il faut regretter que le commentateur énumère les pays mais qu’il n’y a pas d’accompagnement visuel pour l’élève. Il aurait été intéressant de faire clignoter le pays par exemple.

Quant aux autres thèmes, si la problématique est intéressante, on peut regretter leur extrême concision qui ne permet pas à un élève de collège de saisir l’intérêt de la question. Là aussi, les images défilent et sont parfois à contre sens avec le commentateur. L’auteur annonce pour étayer les contrastes l’exemple de l’Egypte. Pourtant dans les images il n’y a rien de saisissant. La séquence commence par une suite d’image d’un habitat pauvre le long du Nil pour finir sans transition sur une vue du Caire et puis…. un pêcheur à la ligne sur un rivage très verdoyant….

Enfin, la sélection d’images permet à l’enseignement de revenir sur le déroulé en apportant son propre commentaire. Ici, on notera que l’apport est intéressant car les images ont soigneusement été sélectionnées pour faire écho à la vidéo.

Par ailleurs, nous trouvons une série de question qui ont l’avantage de reprendre le fil conducteur et permet ainsi de construire avec les élèves, la trace écrite en la complétant avec les données clés figurant dans le livret pédagogique.

Pour finir, le livret pédagogique invite également à aller plus loin avec des questions pertinentes.

2)La population mondiale, une extraordinaire croissance

Cette séquence se subdivise en cinq thèmes d’inégale durée. Le premier compare les cartes de la population mondiale en 1700 et en 2000. Les mêmes remarques peuvent être faites pour la cartographie que précédemment. Et c’est bien dommage.

En revanche, le deuxième thème est construit autour d’un graphique de l’évolution de la population de l’an 1000 avant JC à 2000 après JC. L’apport est ici indéniable. Le commentaire correspond à la présentation visuelle et l’ensemble permet de bien saisir ce que l’on pourrait appeler « l’explosion démographique ».

Suivent ensuite les deux principaux facteurs à savoir l’amélioration de l’alimentation et le recul des maladies infectieuses. Ces thèmes sont traités très, voire trop, rapidement pour laisser une grande place aux « facteurs de l’évolution des populations : les traditions culturelles, les choix des individus. La planification familiale ».

En fait, si les thèmes deux à quatre permettent de saisir la question, le thème cinq manque de clarté surtout pour un élève de collège. Il aurait été plus judicieux d’équilibrer ces trois derniers thèmes voire supprimer le dernier thème puisqu’il pouvait être abordé dans la séquence suivante.

Il faut enfin signaler l’intérêt de la sélection d’images, des questions et des données clés ainsi que des pistes pour aller plus loin.

3)La population mondiale, la transition démographique

Cette dernière séquence se subdivise en quatre thèmes. Une fois encore, le premier thème introductif offre un décalage entre le commentaire et les images. En effet, le thème se propose de comparer l’évolution démographique au Sénégal et en Allemagne.

La vidéo s’ouvre sur des images de jeunes enfants sénégalais. C’est un bon choix bien que leur nombre soit peu important. Puis, on passe d’un plan rapproché d’un écolier sénégalais à un clocher en Allemagne, suivi d’un autre clocher pour finir dans une rue piétonne où la population ne semble pas particulièrement âgée. Et le commentaire nous dit « que la population allemande aurait baissée sans l’apport de l’immigration ». Or, il n’y pas l’ombre d’un immigré sur ces images !

En revanche les thèmes deux et trois abordent la question en profondeur. Le thème deux, sur la base d’un graphique traite du concept de la transition démographique. Alliant graphique, images et commentaires l’élève sera en mesure de bien comprendre. On pourra simplement regretter que les deux courbes, natalité et mortalité, n’aient pas reçu deux couleurs différentes. En effet, l’abscisse, l’ordonnée et les deux courbes sont de couleur noire et c’est bien dommage.

Quant au troisième thème, il explique les différentes phases de la transition démographique à l’échelle mondiale à l’aide de cartes et de vidéo en situation. Hormis la faiblesse de la cartographie, les images suivent le commentaire pour une bonne compréhension.

Enfin, le dernier thème évoque les défis posés par les différentes évolutions démographiques. Succinct mais évocateur, c’est aussi une conclusion générale à l’ensemble des trois séquences.

N’oublions pas pour cette séquence de signaler l’intérêt de la sélection d’images, des questions et des données clés permettant d’aboutir à une trace écrite avec les élèves et des pistes pour aller plus loin.

Au total, nous avons donc là un produit qui a été bien conçu dans sa structure mais qui dans la forme, notamment la relation images/commentaires et la cartographie souffrent parfois. Il n’en demeure pas moins que son exploitation devant une classe pourra être bénéfique si l’enseignant cible les points forts.