Le livre est illustré par Clément Chassegnard et Loïc Legall. Il est entouré d’un bandeau « Présidentielles 2012 : tous les débats expliqués aux jeunes » et il entend donc faire un tour d’horizon des sujets qui agitent, et souvent divisent, la société française.
Comment est organisé le livre ?
L’auteur commence par expliquer le fonctionnement de l’ouvrage. Il est structuré en 8 chapitres, regroupant donc 40 éléments de débat au total. Chaque thème est repérable par un code couleur et s’ouvre par une double page qui présente les notions clés comme droits de l’homme, mondialisation, libéralisme ou démocratie. Cette double page récapitule aussi les questions de débat qui vont ensuite être développées avec un très court « pour-contre » à chaque fois. Au-delà de cette présentation, qu’on pourrait juger convenue, les doubles pages concernant les débats s’avèrent très utiles et très bien construites. A chaque fois, on trouve un court texte qui présente le débat puis on a une liste d’arguments pour et contre mis en regard les uns des autres. De plus, l’auteur choisit de mettre en évidence quelques arguments considérés comme majeurs dans le débat. Le bas de chaque page qui s’avère très utile. En effet, il propose, dès que possible, l’évocation d’une affaire, une vision du même débat dans d’autres pays, quelques chiffres repères et dates clés ainsi qu’un « ne pas confondre » et un portrait d’un des acteurs du débat. Cela permet d’incarner efficacement les débats qui resteraient autrement un peu secs.
Et l’éducation civique juridique et sociale dans tout cela ?
L’entrée par une affaire s’avère particulièrement utile si l’on songe aux nouveaux programmes d’éducation civique juridique et sociale. En effet, il est conseillé d’entrer par des cas concrets. On trouvera donc ici pêle-mêle en rapport avec le programme de seconde : la vidéosurveillance, le téléchargement gratuit ou encore la taxation des transactions financières. On pourrait alors imaginer d’utiliser chaque double page comme un complément, voir comme un modèle à réaliser dans le cadre de l’ecjs.
Sur cette question des débats, on voit apparaître parfois des références à la droite et à la gauche dans leurs prises de positions. Généralement l’ensemble paraît équilibré même s’il n’est pas simple d’éviter le manichéisme sur certaines questions. Peut-on dire à propos des remises de peine que l’UMP et le PS sont pour avec l’idée que le premier y voit un moyen de faire des économies quand le second met en avant l’idée qu’il y a d’autres solutions pour lutter contre la délinquance ? C’est sans doute un peu réducteur. Mais cette critique doit inciter à aller plus loin et à justement poursuivre et enrichir le débat. Parfois le livre s’aventure sur les courants de chaque parti : courant Hamon, Dupont Aignan ou le nouveau centre de Morin. Pas sûr que ces mentions quasi uniques suffisent et qu’elles soient véritablement signifiantes dans les débats actuels !
Liberté, sécurité….
Avec ses quarante thèmes, on aura du mal à prendre en faute le livre sur les débats qui peuvent exister aujourd’hui en France. L’éthique, les institutions, la société, l’économie, le monde, l’immigration, la laïcité, l’environnement ou la culture avec des proportions variées sont abordés. Trois articles seulement pour le monde soit autant que la culture. En revanche, l’économie a droit à sept entrées différentes. Tout à chacun apprendra quelque chose ne serait-ce que par les repères de base donnés à chaque fois. Ceux-ci peuvent parfois d’ailleurs surprendre tant les débats peuvent parfois être pollués par les idéologies. La vidéosurveillance : si l’on sait qu’elle est davantage développée outre-Manche on sera peut-être surpris d’apprendre quand même qu’il y a 4,4 millions de caméras installées soit une pour quatorze personnes là où la France en a 400 000. Pourtant ces caméras n’auraient permis que de résoudre 3 % des délits de la voie publique ce qui fait cher le délit ! Sait-on en revanche que la ville de Lyon dépense chaque année 3 millions d’euros pour la vidéosurveillance !
On saura gré aussi à l’auteur d’avoir souvent mentionné une source même si les arguments du débat peuvent sembler connus. On peut ainsi s’y référer utilement.
L’économie d’abord
Il s’agit, on l’a dit, d’un chapitre particulièrement fourni. Ainsi, on lira peut-être avec surprise à propos de la fin de l’euro que si certains voient là un scénario impensable ne serait-ce que pour des raisons pratiques, d’autres soulignent que l’existence d’une face nationale sur chaque pièce rend possible son abandon au niveau européen. On en saura plus sur le FMI et notamment sur la pondération des votes dans cette institution : les Etats-Unis ont 16 % des droits de vote, la France 5 %, la Russie un peu moins de 3, quand 24 pays appelés groupe du Rwanda représentent 1,39 % ! L’ouvrage aborde également la question de la taxation des transactions financières en présentant la taxe Tobin, vieille déjà de plus de 40 ans et les réflexions iconoclastes de Joseph Stieglitz. Parmi les chiffres clés à retenir au niveau français, il y a le fait qu’il y a entre 4,3 et 7,8 millions de pauvres selon les critères retenus. De plus, ce ne sont pas moins de 6 millions de personnes qui vivent grâce aux minima sociaux si l’on compte les enfants et les conjoints concernés.
Le livre est très agréable à lire, même de façon continue, très rythmé et il ne tombe pas dans le politiquement correct. Il offre un large éventail de sujets et il peut intéresser l’adolescent, l’adulte et tout citoyen impliqué dans la vie de la nation.
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