Regards croisés de jeunes chercheurs africains en histoire, relations internationales et sciences politiques aux lendemains de la conférence de Yaoundé. Cet ouvrage centré plutôt centré sur le Cameroun est l’occasion de lire l’avis de jeunes africains sur l’histoire récente et l’avenir de leur continent. Les auteurs interrogent les programmes de développement à la recherche d’une approche innovante dans des articles inégaux tant pour les informations que pour l’analyse.

L’Afrique dans la convoitise mondiale

Cette première partie concerne le Cameroun

Un premier article de Bienvenu Salam Peka est consacré à la question monétaire: pratiques économiques et monétaires de la zone franc depuis la période coloniale , du troc ancien au franc CFA, un tour d’horizon rapide des échanges avant et pendant la colonisation. Le rôle de la France comme intermédiaire obligé de convertibilité des monnaies africaines sur la scène internationale depuis 1960 à propos de la banque des États d’Afrique centrale. Les réactions et impacts lors de la dévaluation de 1994 annonce la dernière analyse rapide du lien CFA/Euro qui amène l’auteur à conclure sur la nécessité d’une monnaie nationale indépendante.

Maxim Lontio Kahabi présente l’action de l’État camerounais face à la crise de la banane (1980-2000)
Après les années 70 prometteuses pour l’économie du pays, les effets du ralentissement économique mondial et l’arrivée au pouvoir de Paul Biya les années 80 s’ouvrent sur une crise de la banane: climatique, structurelle (faiblesse des équipements de manutention par exemple) et conjoncturelle (baisse des importations françaises et britanniques. L’auteur décrit les politiques de soutien au secteur dans les années 80-85 puis le désengagement et les privatisations (office camerounais de la banane en 1987). Il analyse les conséquences et les évolutions de la filière, la relance dès 1989 dans des conditions sociales et environnementales dégradées en particulier pour les petits producteurs.

L’urgence du développement par le bas en Afrique

Cette seconde partie est plus générale.

Micael Myede analyse l’importance du secteur informel qui mieux que les programmes d’ajustement structurel répondent par leurs résultats aux attentes des populations. il montre que l’informel et les toutes petites entreprises tiennent une place remarquable en matière d’innovation et contribuent à réduire le chômage. Un secteur à soutenir en favorisant l’accès au crédit, à la formation comptable comme technique et en améliorant l’environnement institutionnel: allègement des procédures, incitations fiscales, garantie des prêts, politique commerciale.

En 2010 la conférence internationale de Yaoundé apportait un espoir qu’étudie Daniel Claude Bille Kome. Il analyse comment au-delà des annonces « Africa 21 » il est nécessaire qu’une conscience géo-historique africaine se développe. Prenant appui sur les atouts de l’Afrique: matières premières, jeunesse et en réaction à la « négrologie » de Stephen Smith il juge la conférence comme trop optimiste voire naïve dans la volonté exprimée de voir l’Afrique prendre toute sa place dans la recherche des solutions aux problèmes du monde sans véritable stratégie fédératrice. Il prône le développement des connaissances de l’histoire et de la géographie du continent, la mobilisation des symboles et valeurs africains au service de l’Afrique, la réflexion sur la place de l’Afrique pour être au XXIe siècle un acteur et non un objet dans les relations internationales concluant son propos sur la panafricanisme.

Faut-il croire en l’Afrique? Telle est la question posée par Alphonse Zozime Tamekamta. Un rappel des occasions manquées depuis 50 ans d’indépendance et une petite histoire de l’Unité Africaine servent de conclusion à ces regards croisés.