Les Editions Futuropolis et Thomas Snégaroff, en tandem avec l’artiste Louison, nous proposent ici l’adaptation du roman Putzi paru en 2020 chez Gallimard. Cette courte biographie romancée, mais bien documentée, se lit avec plaisir. Le style très expressif de Louison et les traits exagérés servent parfaitement ce scenario en nous donnant à voir un personnage excessif, insaisissable et capable de passer d’un sentiment à un autre.

En bavarois, « Putzi » signifie « petit homme ». Une expression qui désigne Ernst Hanfstaenge, un colosse de deux mètres, compagnon de route d’Adolf Hitler au destin étonnant. Un homme aux multiples facettes : un admirateur et un ami du dictateur nazi, un antisémite, un arriviste qui a voulu marquer l’Histoire en tentant de rapprocher l’Allemagne nazie et les Etats-Unis. Qui était vraiment Ernst Hanfstaenge ?

Allemand par son père et américain par sa mère, Ernst Hanfstaenge est né en 1887. Dans les années 1920, il assiste comme spectateur puis comme acteur à l’ascension d’Adolf Hitler et du parti nazi. En 1923, il recueille Hitler juste après le putsch raté. Pour s’attirer ses faveurs, Putzi donne de son temps et de son argent pour devenir l’ami et le confident de celui qu’il admire tant. Il le distrait, lui parle de Wagner, lui joue du piano et remet à flot l’organe de presse du mouvement, le Völkischer Beobachter. Hitler devient également le parrain du fils de Putzi, Egon.

Ernst Hanfstaenge est nommé responsable de la presse étrangère du Reich en 1933, il croit alors en son destin. Mais, jalousé par Goebbels et Göring, il n’obtint finalement que la disgrâce. Lâché par Hitler, il préfère fuir l’Allemagne et devient l’informateur de Roosevelt qui lui-même le désavouera.

Un bon moment de lecture qui donne envie d’en savoir plus sur ce personnage secondaire de l’Histoire mais ô combien énigmatique. A la fois suffisant et égocentré en croyant pouvoir orienter la politique allemande, naïf en se persuadant qu’Hitler ne peut pas l’écarter du pouvoir, mais fidèle au Führer jusqu’au bout.