« Réviser son bac avec Le Monde » serait-il un énième annabac ?
C’est tout au moins ce que laisserait supposer son titre s’il n’y avait pas le nom du célèbre quotidien « Le Monde ». Véritable accroche en signalant ce journal, le fascicule se démarque-t-il véritablement des autres productions ?
Dès le sommaire en première page, on comprend assez vite que le fascicule est construit autour des onze chapitres du programme du bac. Ici, seuls les thèmes sont annoncés. Aucune référence n’est faite à un plan quel qu’il soit. Rien n’est mentionné, ni sur les sujets, ni sur les articles du journal le Monde. Il semble donc difficile de parcourir cette production en diagonale pour y trouver rapidement, un document, un article ou un sujet à présenter aux élèves ou, pour les élèves que l’enseignant aurait donné.
Ce n’est donc qu’en travaillant sur un chapitre précis que l’on pourra découvrir toute la richesse de cette production mais aussi, parfois, ses faiblesses.
C’est pourquoi tous les chapitres sont construits autour du même canevas à savoir :
– L’essentiel du cours (double page)
– Un sujet pas à pas (une page)
– Les articles du « Monde » (de taille variable)
Il serait pertinent de ressortir dans un premier temps les innovations ou points forts et, dans un deuxième temps, les hésitations ou les points faibles en suivant la logique du canevas proposée par les auteurs.
1) Les innovations ou points forts
a) L’essentiel du cours
Une double page avec sur chaque page, une photo pour accrocher l’attention. Sous le titre une courte introduction qui cerne bien l’essentiel. L’élève ayant déjà eu un cours en classe pourra mieux fixer ce qu’il a appris ou, s’il désire anticiper le cours. Il aura avec cette introduction une approche succincte mais suffisante.
L’essentiel du cours à proprement parler est de présentation agréable. Elle simule un journal. Ainsi, l’élève aura moins l’impression de lire un énième livre ou annabac. Présenté en deux colonnes avec des titre en gras, on a presque l’impression de parcourir un magazine.
Sur la gauche, et sur la droite de la double page, recouvrant environ 20% de la page tout en long, l’élève trouvera les notions clés, les sigles clés, les territoires clés ou même les valeurs clés pour la bonne compréhension de l’essentiel du cours.
b) Un sujet pas à pas
Chaque chapitre propose un « sujet pas à pas ». Là encore tous sont construits selon un même canevas lequel sous-tend une méthodologie ce qui ne pourra que conforter l’élève dans sa révision.
Cet exercice a été présenté sur une seule page. A gauche, toujours sur environ 20%, un cartouche pour annoncer les mots clés, les notions clés… amènera l’utilisateur à ne pas perdre de temps pour aller et venir de la page d’exercice au glossaire.
Et, sur le bas de la page, une incrustation en couleur intitulée « sujets tombés au bac sur ce thème ».
L’exercice concernant l’épreuve de composition est décliné comme suit :
– Un sujet la plupart du temps inédit,
– Une analyse du sujet qui reprend chaque terme et qui a le mérite d’être clair et concis,
– La problématique du sujet,
– Les objectifs à atteindre qui donnent une vue d’ensemble d’un devoir réussi,
– Le plan détaillé qui est présenté avec des parties et des sous-parties qui s’apparentent même, parfois à un petit résumé tant les titres ressemblent à des phrases construites,
– Les repères essentiels qui permettent de ne pas oublier de recentrer la réponse sur le sujet,
– Un encart en grisé intitulé « ce qu’il ne faut pas faire » qui peut avoir l’avantage d’anticiper sur les « travers » des élèves.
L’exercice concernant le croquis de géographie est construit sur le même modèle avec quelques différences inhérentes à sa spécificité :
– Un sujet la plupart du temps inédit,
– Une analyse du sujet qui reprend chaque terme et qui a le mérite d’être clair et concis,
– La problématique du sujet,
– Les objectifs à atteindre qui donnent une vue d’ensemble d’un croquis de géographie réussi,
– La légende détaillée qui est présentée avec des parties et des sous-parties,
– Les astuces graphiques, petite rubrique qui, pour chaque croquis donne le « ton ». Excellente description pour bien réussir son croquis de géographie. Tout est passé en revue : des couleurs aux figurés, de leur utilisation judicieuse. On conseille même, page 58 pour le croquis de géographie sur l’aire de puissance de l’Asie Orientale l’utilisation de « la couleur grise pour les pays isolés ou instables ». Ce qui, dans le domaine de la géographie graphique doit être souligné car trop souvent, les éditeurs préconisent ici un rose Barbie quand ce n’est pas un bleu azur… De plus, les auteurs insistent sur les détails ; exemple : « Flèches de couleurs et de tailles différentes pour matérialiser l’inégalité et la complémentarité des échanges ». Bref, l’élève, crayons en mains pourra assurément produire un croquis de géographie de qualité.
– Un encart en grisé intitulé « ce qu’il ne faut pas faire » qui, comme pour l’épreuve de composition guide les élèves en leur offrant des « clous ».
c) Les articles du « Monde »
Les articles du Monde sont directement extraits du quotidien. Auteurs et dates sont signalés ce qui permet à l’élève de retrouver le journal et peut-être d’y trouver des compléments intéressants.
De plus, il faut surtout souligner l’importance d’un encart couleur pour chaque article intitulé « Pourquoi cet article ? ». Il s’agit là, d’une véritable petite explication de texte.
Mais au-delà, ce qui me paraît être important c’est d’avoir su choisir des articles de presse qui peuvent prolonger la leçon d’une part mais qui invitent surtout à une réflexion. Et par delà, c’est une excellente manière de démontrer à l’élève que le programme de géographie qui peut parfois sembler rébarbatif, est en fait en phase avec l’actualité.
Si l’ensemble de ce fascicule est bien construit, il apparaît que l’intégration de ces articles offre à l’élève comme à l’enseignant un véritable plus pédagogique. Un plus qui permet de faire le lien entre la matière enseignée et l’actualité.
2) Les hésitations ou points faibles
a) L’essentiel du cours
La première remarque que l’on peut faire à un fascicule destinée à la révision de la géographie au bac, c’est que les doubles pages intitulées « l’essentiel du cours » n’offrent jamais de carte ! Et pourtant, en géographie, l’essentiel ce sont les cartes !
D’un autre côté, « incrusté » sur cette double page, un encart sur fond en couleur précise le nombre d’articles du quotidien « Le Monde » à consulter. En fait, il s’agit exclusivement des articles présentés dans le fascicule. D’ailleurs, ils sont énumérés avec indication des pages où le lecteur pourra les lire. Mais, ainsi formulé, cela ressemble davantage à un petit sommaire. Dès lors on est en droit de s’interroger : pourquoi ce mini sommaire ne se trouve pas en première page avec le sommaire du fascicule ? L’élève aurait alors pu d’un coup d’œil faire un choix des articles à consulter. D’autant que, dans « l’essentiel du cours », aucune indication n’est faite quant à ces articles du quotidien « Le Monde ». De plus on pourra relever à la lecture des titres des articles que bien souvent ils viennent en complément certes mais que rien dans l’essentiel du cours n’y fait allusion. L’élève saura-t-il alors faire un lien ?
N’aurait-il pas été préférable de proposer des articles en lien avec l’essentiel du cours et d’investir dans une rubrique « pour aller plus loin » avec d’autres articles du journal « Le Monde » aujourd’hui largement accessible ?
b) Un sujet pas à pas
On notera toutefois pour les sujets proposés que l’épreuve documentaire ait été occultée. Pour l’ensemble du fascicule qui aborde onze chapitres, il y a sept sujets de composition et quatre sujets de croquis de géographie. Pas un seul sujet sur l’ensemble documentaire. On aurait pu croire que la partie « les articles du Monde » soient des études documentaires. Mais non. Donc absence totale d’une épreuve qui pourtant est plébiscitée par les élèves le jour du bac.
Par ailleurs ce qui pêche dans l’ensemble des sujets proposés, c’est la liaison entre la problématique annoncée et le plan ou la légende. En effet, les problématiques ne collent pratiquement jamais avec les sujets donnés et ne permettent donc pas d’annoncer le plan qui suit. Rétablissons toutefois. L’analyse du sujet est fort bien présentée ainsi que les objectifs à atteindre. Les deux aboutissent au plan ou à la légende. En revanche la problématique vient davantage perturber l’élève qu’elle n’apporte une aide précieuse.
Citons un seul exemple : chapitre 2 – D’autres logiques d’organisation de l’espace mondial. Sujet de la composition : Unité et diversité de l’espace mondial.
Pour ce sujet classique, la problématique proposée est : Peut-on parler de mise en place d’un village planétaire dans l’espace mondial ? Dans quelle(s) mesure(s) la mondialisation uniformise-t-elle la planète?
Et, le tout accompagné d’un plan en deux parties 1) Unité, 2) diversité.
Il est évident qu’ici comme pour beaucoup d’autres exercices, les rubriques « analyse du sujet » et « les objectifs à atteindre » puissent davantage aider l’élève que la formulation de la problématique proposée.
Enfin, concernant les astuces graphiques qui ont été signalées pour leur pertinence, il faut toutefois mentionner une petite maladresse à la page 58 où les auteurs invitent les élèves à opter pour un figuré linéaire afin de définir les limites de la mégalopole japonaise ce qui est exact. En revanche ils indiquent entre parenthèses « Linéaire (ligne ou flèche) ». Il me semble qu’il ne faille pas entretenir la confusion entre ligne et flèche. L’un est statique, l’autre dynamique. Les lignes sont donc des figurés linéaires avec toutes leurs variantes.
c) Les articles du « Monde »
Cette rubrique est en fait le véritable intérêt de ce fascicule. On pourra donc simplement regretter que les auteurs n’aient pas voulu offrir à la fin un petit encart intitulé « pour aller plus loin » en signalant d’autres articles.
Enfin, le fascicule propose, à la fin, sur une double page le « guide pratique ». Rien de bien révolutionnaire ici. Les épreuves sont décrites mais qui ne l’a pas déjà fait ? Les conseils pour réussir sont tellement généraux… exemple : si vous avez du mal à vous y mettre, dites-vous que plus vous attendez, plus ce sera pénible ( !)
On aurait presque pu faire l’impasse sur cette double page et on aurait pu y préférer quelques cartes puisqu’elles ont été omises dans le corps des textes.
En conclusion :
Hormis les quelques critiques sur des points de détail, il semble que ce fascicule annonce une nouvelle manière de réviser le bac. Une manière constructive qui permet une véritable mis en valeur de la matière enseignée.
Il ne s’agit plus des sempiternels annabac, avec leurs fiches tiroirs. Ce fascicule amène une véritable réflexion. Formulons simplement le vœux que, s’agissant d’un fascicule qui décline le programme de géographie avec l’actualité récente, il y ait une édition par an et que ce beau et bon travail ne soit pas sacrifié sur l’autel des profits en ne « sortant » qu’un numéro tous les cinq ans !
Jacques MUNIGA ©