Bernard Lecomte a été grand reporter à « La Croix » et à « L’Express », puis rédacteur en chef du « Figaro Magazine ». Il est l’un des meilleurs spécialistes du Saint-Siège. Sa biographie de Jean-Paul II (2003) est un classique. « Les Secrets du Vatican » ont connu un immense succès lors de leur parution, en 2009, en faisant le point sur les principaux secrets de la diplomatie vaticane du 20e siècle.
Bernard Lecomte : un journaliste engagé
Journaliste pendant 25 ans, Bernard Lecomte a notamment été chef du service étranger à La Croix (1977-2001), rédacteur en chef de Médiaspouvoirs, grand reporter à L’Express (1986-1996) et rédacteur en chef du Figaro Magazine. Il a publié de nombreux ouvrages consacrés à la vie politique française, à l’Europe de l’est et au Vatican, ainsi qu’à la Bourgogne, depuis 2004. Bernard Lecomte a publié notamment en 2003 un ouvrage (remarqué) sur le pape Jean-Paul II chez Gallimard (Prix de littérature religieuse, 2004) et réédité chez Folio-Gallimard, en 2006.
Les secrets du Vatican : de Pie IX à Benoît XVI
En 17 chapitres denses, Bernard Lecomte expose et dévoile ces fameux secrets du Vatican, en commençant avec le pontificat de Pie IX (1922-1939) puis en terminant avec l’élection de Benoît XVI, en 2005. Grâce au style journalistique précis et concis de l’auteur, le lecteur n’est jamais perdu et découvre de manière agréable toutes ces mystères qui ont émaillé l’histoire du Vatican tout au long de ce 20e siècle. Au terme de 2 ans d’enquête dans les couloirs du Vatican, notamment auprès d’éminences qui ont bien voulu – sous le sceau du secret, bien sûr – lui livrer une mine d’informations et d’anecdotes, Bernard Lecomte apporte des réponses (parfois inattendues) aux principales questions que chacun se pose, comme par exemple, la mort soudaine du pape Jean-Paul Ier, au bout de 33 jours de pontificat, en septembre 1978 ! Même si cet ouvrage comporte une bibliographie succincte mais pertinente dans la plupart des cas, ce livre est surtout le résultat d’une enquête journalistique d’investigation qui risque de faire date chez les spécialistes du Vatican. Un livre utile pour des enseignants qui veulent faire le point sur l’histoire du Vatican durant ce 20e siècle si riche sur le plan historique.
Pie XI : le pape de l’entre-deux-guerres (1922-1939)
Bernard Lecomte consacre 3 chapitres au pontificat de Pie XI (1922-1939) en narrant la lutte du 257e pape en faveur des chrétiens de Russie contre les bolcheviks et comment le pape italien Achille Ratti obtient auprès de Benito Mussolini (le Duce) la création de la Cité du Vatican en 1929, avec la signature des accords de Latran. L’auteur nous rappelle que Pie XI préparait une encyclique qui condamnait ouvertement le racisme et l’antisémitisme nazis qui a été « enterrée » avec la mort de ce pape courageux face aux totalitarismes.
Pie XII : le pape de la Seconde guerre mondiale (1939-1945) et de la Guerre froide (1945-1963)
En 3 chapitres, l’auteur évoque le pontificat de Pie XII (1939-1958) avec ses silences pendant la Seconde guerre mondiale, l’affaire des enfants juifs Finaly (1946-1953) et l’arrêt brutal de l’expérience des prêtres-ouvriers (mars 1954). Le 258e pape était parfaitement au courant de l’extermination des Juifs d’Europe centrale et d’orientale. Le pape Eugenio Pacelli préfère se taire officiellement afin de préserver le sort de milliers de Juifs réfugiés au Vatican et sauver (en avril 1943) près de 80% de la communauté juive de Rome.
Les pontificats de Jean XXIII (1958-1963), Paul VI (1963-178) et Jean-Paul Ier (août-septembre 1978)
En consacrant un chapitre à chacun de ces 3 pontificats, Bernard Lecomte évoque avec celui de Jean XXIII (1958-1963) la formidable bataille que se livrèrent les pro et les anti concile Vatican ; avec Paul VI (1963-1978), l’auteur explique dans quelles circonstances le pape italien Giovanni Montini refuse la contraception artificielle (la pilule) en juillet 1968 et enfin Bernard Lecomte nous révèle comment (selon lui) Jean-Paul Ier est mort en faisant taire les rumeurs d’assassinat qui ont longtemps été colportées sur les 33 jours du (très court) pontificat du pape Albino Luciani.
Le pontificat du pape polonais Karol Wojtyla (1978-2005)
Suite à la biographie que l’auteur avait publié sur Jean-Paul II, en 2003, il n’est pas étonnant que Bernard Lecomte consacre dans cet ouvrage pas moins de 7 chapitres : le schisme de Mgr Lefebvre (1988), le syndicat « Solidarité » (1980), la tentative d’assassinat du pape polonais (mai 1981), la canonisation du fondateur de l’Opus Dei (octobre 2002), le suaire de Turin (octobre 1988), le scandale de la banque Ambrosiano (juin 1982) et le 3e secret de Fatima (mai 1981). Même si l’admiration de Bernard Lecomte pour Karol Wojtyla transpire ça et là sous sa plume, ses mises au point synthétiques sont historiquement et journalistiquement honnêtes. Seul le chapitre 13 consacré à « La revanche de l’Opus Dei » montre les limites qu’entretient Bernard Lecomte avec son sujet en la personne de Jean-Paul II. Pourtant, l’auteur n’élude pas la mauvaise réputation de l’Opus Dei auprès des médias (français, en particulier) et au sein même de l’Eglise (Les Jésuites, les Dominicains, etc…). En effet, l’auteur écrit que « Jean-Paul II constate qu’il en phase avec les 3 principaux piliers du projet de Mgr Escriva (p.279) ». Bref, selon Bernard Lecomte, c’est en connaissance de cause que Jean-Paul II soutient l’Opus Dei car il « peut concourir à mieux annoncer l’Evangile au monde moderne (p. 283) », au même titre qu’un mouvement encore plus « rigoriste » (soit plus ultra conservatrice idéologiquement) que l’Opus Dei : Les Légionnaires du Christ.
En se terminant sur les circonstances de l’élection du « PanzerKardinal » Joseph Ratzinger, en 2005, sous le nom de Benoît XVI, Bernard Lecomte nous donne quelques clés fondamentales pour comprendre ce 263e pape et l’avenir de ce pontificat. A la lecture de ce livre de Bernard Lecomte, le lecteur peut comprendre le fonctionnement du Vatican et de la Curie romaine, voire du catholicisme du 21e siècle !
© Mahieu Berel