« En 2021, les Talmondais ont célébré le millénaire de leur forteresse. De grandes festivités populaires ont rendu hommage au roi Richard et hissé haut son blason. Cette bande dessinée parait au moment de la conclusion de cette année de réjouissances. » Maxence de Rugy, maire de Talmont-Saint-Hilaire.
Les auteurs, Miniac pour le scénario, Paillou pour le dessin et Moreau pour les couleurs, publient aux éditions OREP, une bande dessinée, doublée d’un récit documentaire, sur la fabuleuse épopée du roi-chevalier anglais, Richard Cœur de Lion.
Né le 8 septembre 1157 à Oxford, Richard est le fils d’Henri II Plantagenêt et d’Aliénor d’Aquitaine. Élevé en Aquitaine à la cour de sa mère, il devient comte de Poitou à 12 ans, puis duc d’Aquitaine. Il est alors surnommé le Poitevin. Après la mort de son frère aîné, Henri devient héritier de la couronne d’Angleterre, puis de l’Anjou, de la Normandie et du Maine. Devenu roi en 1189, il se trouve à la tête d’un vaste territoire qui s’étend des Pyrénées jusqu’à l’Écosse. Il passe sa vie à le défendre.
L’ouvrage se présente sous la forme d’une bande dessinée organisée en séquences (ou épisodes), entrecoupées de textes sur une ou deux pages, où Richard se raconte. Le scénariste fait le choix de proposer une sorte d’autobiographie.
Le récit débute en Poitou, quand Richard revient au printemps 1199 au château de Talmont. Il se souvient de la reprise de ce fief en 1181, confisqué à Raoul, au temps où il avait encore le titre de comte du Poitou. Richard a cédé alors ses titres d’Aquitaine et du Poitou à son neveu, Othon de Brunswick.
La réputation de Richard Cœur de Lion se forge par la guerre qu’il mène contre les barons poitevins, contre son père, Henri II Plantagenêt, contre son frère, Jean sans Terre, contre Saladin au cours de la troisième croisade, et enfin contre le roi de France Philippe Auguste. Il est tout à la fois respecté, admiré et redouté, en réprimant les troubles par le fer et le feu. La brutalité caractérise aussi Richard. Il est établit qu’il est responsable de la mort de son père en 1189. S’ensuit le sacre à Westminster le 3 septembre.
A travers la personnalité de ce seigneur, fait de contrastes, on retrouve les valeurs et les excès de la chevalerie. Il se montre pieux, cultivé, preux, fort, généreux, ayant un sens de l’honneur mais il peut se révéler aussi violent, fougueux, impétueux, impitoyable, cruel. Cette dimension moins flatteuse du personnage n’est pas perçue dans l’ouvrage. Il faut dire que le parti pris du récit à la première personne du singulier ne se prête guère à l’introspection ou à l’autocritique…
La bande dessinée permet de bien saisir la rivalité entre le royaume capétien et l’empire Plantagenêt. Ainsi le duel entre Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion traduit la lutte pour la suprématie en Europe. Une séquence est consacrée à l’échec du roi de France à Fréteval près de Vendôme, le 4 juillet 1194. Cette confrontation est aussi mise en scène à la fin de l’album avec la convoitise du Vexin. On assiste à l’épisode du roi anglais blessé par un carreau d’arbalète devant les remparts de Gaillon en 1196.
Les Andelys, constitue « un verrou très fort pour défendre le duché de Normandie ». La construction rapide de la motte-castrale de Château-Gaillard, en deux ans (1196-1198), souligne l’enjeu stratégique pour la protection de Rouen et témoigne de la violation du traité de Gaillon (1196). La forteresse est imposante : longue de 200 mètres et large de 80 mètres. Le donjon fait 18 mètres de haut et les murailles ont une épaisseur de 4 mètres.
L’album s’achève avec le siège de Chalus-Chabrol en Limousin. Le scénariste suit bien le récit qu’en fait Ralph de Coggeshall dans ses Chronicon anglicanum. Le 26 mars 1199, en soirée, Richard accompagné de son fidèle Mercadier, effectue une tournée d’inspection au pied de la forteresse. Il est blessé à l’épaule gauche d’un trait d’arbalète. Mais la gangrène apparaît. Il meurt alors le 6 avril dans les bras de sa mère, Aliénor d’Aquitaine, accourue de Fontevraud, qui sera aussi leur dernière demeure.
Quelques pages supplémentaires centrées notamment sur l’histoire du château de Talmont complètent l’ouvrage déjà très complet.
Au travers de la vie et l’œuvre d’une grande figure médiévale, cet album pointu montre au fil des pages toute la complexité du système féodal, caractérisé par la vassalité et la rivalité, l’hommage et le fief, par des guerres et des sièges, des alliances et des conflits, des mariages et des héritages.
Tout comme l’art de la poliorcétique médiévale exige de la patience, il en faudra aussi pour découvrir cette bande dessinée, tant le texte est dense et riche d’informations historiques. En effet, il n’est pas évident de discerner les épisodes retracés pour les non initiés. Face à l’abondance des lieux cités et des personnages nommés, il est recommandé de s’informer, si on ne maîtrise pas la chronologie et la biographie de ce roi, afin de profiter pleinement de la qualité du travail réalisé tant sur le plan documentaire que graphique.