Jacques Dallest, né à Annecy, est magistrat depuis 35 ans. Après avoir été juge d’instruction à Rodez puis à Lyon pendant dix ans, il a rempli les fonctions de procureur de la République pendant quinze ans, successivement à Roanne, Ajaccio, Bourg-en-Bresse et Marseille. Il est procureur général depuis 2013, à Chambéry tout d’abord, puis à Grenoble. Il est également doyen des enseignements du pôle communication judiciaire à l’École nationale de la magistrature et professeur associé à Sciences Po Grenoble.
Un titre abusivement généraliste
Le titre de l’ouvrage ne correspond pas au contenu du livre et pourrait induire en erreur un lecteur potentiel. Peut-être est-ce un choix de l’éditeur qui aurait souhaité une abusive généralisation du thème du livre, hypothèse que conforterait le contestable sous-titre. L’histoire de l’Épuration n’a rien d’interdite ! Elle a même été largement faite par des historiens qui ont accès depuis longtemps à des sources variées et qui ont publié des études solides, d’ailleurs citées dans la très complète bibliographie thématique de fin d’ouvrage. Il ne s’agit pas ici d’une histoire de l’Épuration mais d’une monographie approfondie et fort intéressante du procès de 97 miliciens de Haute-Savoie jugés par la cour martiale du Grand-Bornand, les 23 et 24 août 1944, l’un des plus précoces de la Libération, le plus important par le nombre d’accusés de toute l’Épuration. C’est le procès de la Milice, incarnation de la Collaboration la plus extrême, la plus violente et la plus odieuse, dans une région où elle fut puissante et fit de nombreuses victimes, à un moment où la guerre n’est pas encore finie et où l’ennemi est encore à quelques kilomètres. Une région où les maquis furent puissants et actifs et alors que beaucoup pleurent les victimes torturées de la Milice : un contexte donc très particulier dont il faut absolument tenir compte pour comprendre l’apparente dureté du verdict. Après deux jours de délibérations sous la pression d’une foule haineuse, 76 miliciens furent condamnés à mort, immédiatement fusillés et enterrés en public ; 21 furent acquittés et s’empressèrent d’aller se cacher pour échapper à une autre forme d’épuration qui aurait été moins légale.
Une approche juridique davantage qu’historique
Ce procès a laissé de lourdes séquelles dans la mémoire locale et a été l’objet de graves polémiques, les miliciens ne manquant pas de défenseurs et les maquisards habitant encore bien souvent la région. Mais il a été peu étudié, surtout si l’on envisage une véritable étude respectueuse des règles du travail historique. C’est ce à quoi se confronte Jacques Dallest dans un ouvrage pour lequel l’historien Tal Bruttmann a rédigé une préface. Enfant du pays, l’auteur a beaucoup parlé, écouté, rencontré. Il a recueilli des témoignages, les a cités, croisés, critiqués. Il a également consulté toutes les sources disponibles dans les archives départementales de Haute-Savoie, les ouvrages écrits par des collaborateurs et miliciens, ainsi qu’une abondante bibliographie sur la Milice et les miliciens, la justice sous l’Occupation, l’Épuration, la Haute-Savoie entre 1939 et 1945. N’ignorant donc rien du contexte et ayant pour objectif de présenter le procès du Grand-Bornand, Jacques Dallest annonce cependant dès l’introduction sa volonté de ne pas le faire en historien, mais en magistrat. « J’aborde donc cette affaire avec l’œil du praticien, le juge que j’ai été et le procureur que je suis, confronté aux méfaits de tous ordres et aux personnages de tout acabit. On a beaucoup écrit sur le procès du Grand-Bornand, mais le regard du juriste fait défaut, me semble-t-il. Une approche juridique est de nature à mieux en comprendre tous les ressorts. » C’est cette démarche qui m’a le moins convaincu, dans la mesure où elle conduit l’auteur à poser nombre de questions qui n’ont pas de véritable intérêt historique et qui semblent d’abord ne pas tenir compte suffisamment du contexte historique. Mais c’est une fausse impression et le récit des exactions de la Milice savoyarde puis celui du déroulement du procès montrent bien que les conditions n’étaient pas celles d’une justice démocratique en temps de paix, mais que le procès repose sur un dispositif légal et fondé en droit, dans un contexte de pression populaire exigeant le châtiment des coupables
L’ouvrage est construit en 21 chapitres que viennent compléter l’exposé des sources et la bibliographie. Les cinq premiers chapitres sont consacrés à présenter la Milice et les miliciens à différentes échelles et sous différents angles. Le suivant expose les conditions de la reddition de la Milice d’Annecy. Les chapitres 7 à 9 présentent la cour martiale et les aspects juridiques de la question. Suivent trois chapitres consacrés aux miliciens capturés, leurs motivations, leurs conditions de détention et leurs interrogatoires individuels en vue du procès. Les chapitres 13 à 16 nous font vivre la longue et unique audience, les verdicts (peine de mort ou acquittement), les exécutions et l’enterrement. Les cinq derniers chapitres sont consacrés aux autres aspects de l’Épuration et aux aspects mémoriels du procès du Grand-Bornand.
La Milice en Haute-Savoie
Après avoir, dans les deux premiers chapitres, présenté les généralités essentielles sur la Milice, l’auteur consacre trois chapitres à la Milice en Haute-Savoie et plus particulièrement à son rôle dans l’attaque et la répression du maquis des Glières. La Haute-Savoie est successivement intégrée à la zone non occupée, puis à la zone d’occupation italienne, puis occupée par l’Allemagne. Le nombre des miliciens est sans doute proche de 500 francs-gardes (les éléments armés et les plus violents) et de 400 miliciens permanents. Une majorité de francs-gardes est d’origine rurale. Ils se sont engagés pour le prestige de l’uniforme et le pouvoir qu’il confère, par anticommunisme souvent viscéral, par foi chrétienne. Les actions violentes et les crimes se succèdent « à un rythme effréné » dans le département. Collaborant activement avec les Allemands dans les opérations de répression contre les maquis, multipliant les exactions, les enlèvements, tortures et assassinats, la Milice haut-savoyarde est haïe par la population.
La Milice opère avec les policiers du Service de répression des menées antinationales, composé de policiers professionnels et d’activistes des partis collaborationnistes, qui a pour mode d’interrogatoire habituel la torture. De graves sévices sont imposés aux maquisards capturés dans divers lieux de détention de la ville d’Annecy. L’immeuble Savoie-Léman est le lieu privilégié où s’exercent les tortures des prisonniers qui combine la souffrance physique et l’humiliation. Entre septembre 1943 et août 1944, la Franc-Garde participe à plus de 60 opérations armées en Haute-Savoie. Elle est à l’origine du décès de 120 personnes, torturées ou fusillées. Elle a contribué à la déportation de plusieurs centaines de personnes dont la moitié ne sont pas revenues. « La cour martiale du Grand-Bornand va se faire l’écho de (la) haine farouche envers les miliciens ».
Les combats des Glières ajoutent au sentiment général d’hostilité envers la Milice : pour la première fois des miliciens mènent une opération militaire avec les troupes allemandes contre des maquisards. 800 miliciens (500 francs-gardes et 300 bénévoles), pour la plupart venus d’autres régions de France, placés sous les ordres de Jean Vaugelas et encadrés par des officiers d’active ou de réserve « aguerris et sans pitié », participent à l’opération qui mobilise plus de 10 000 hommes. Le combat est perdu d’avance pour les 458 maquisards. L’attaque du maquis se déroule du 27 mars au 1er avril 1944 ; c’est alors que débute l’impitoyable chasse aux rescapés. Les arrestations et les exécutions s’enchaînent dans les villages de la région. 120 maquisards ont été tués ou sont morts en déportation. Au total plus de 320 maquisards sont tués entre avril 1943 et le 19 août 1944.
La reddition de la Milice d’Annecy
Le 15 août 1944, les francs-gardes s’apprêtent à quitter Annecy après que leurs familles aient pris la route vers Lyon. Les Allemands leur annoncent qu’ils doivent se tenir prêts pour un départ le 19 août au matin. Les troupes de la Résistance (FTP et Armée secrète) encerclent peu à peu Annecy, où est implanté l’état-major allemand. Le 19 août au petit matin une délégation de FFI ayant à sa tête le commandant Nizier reçoit deux officiers allemands pour définir les modalités de la reddition de la garnison d’Annecy. Les 3864 hommes de la Werhmacht capitulent : la libération d’Annecy s’est faite sans combat par les seules forces de la Résistance. La Haute-Savoie est le premier département français à se libérer par lui-même.
Comprenant que la lutte est terminée, cernés par les maquisards, leur permanence saccagée, les miliciens à leur tour abandonnent le combat. Des discussions s’engagent entre les chefs de la Milice locale et les FFI. Promesse leur est faite que leurs familles ne seront pas inquiétées et qu’ils seront considérés comme des prisonniers de guerre jusqu’à leur jugement. Les miliciens se rendront avec les honneurs de la guerre en conservant leurs armes. L’annonce de la reddition provoque la fureur des hommes de base. 97 miliciens d’Annecy se rendent et seront donc jugés. Ils montent dans des camions ; la foule nombreuse leur lance des pierres. Beaucoup d’entre eux découvrent avec stupéfaction la haine dont ils sont l’objet, et l’angoisse les étreint. Le convoi s’arrête dans le village du Grand-Bornand où les miliciens sont enfermés dans la salle paroissiale.
La cour martiale du Grand-Bornand
La Libération approchant, le gouvernement provisoire de la République française a édicté l’ordonnance du 26 juin 1944, qui constitue le fondement légal permettant à la cour martiale du Grand-Bornand de juger les miliciens qui lui sont déférés le 23 août 1944. C’est une juridiction d’exception composée uniquement de militaires, chargée de juger les infractions commises en temps de guerre par ces derniers, à la procédure sommaire et aux sentences exécutables sans possibilités de recours. Le 21 août 1944, un arrêté du chef départemental des FFI, le commandant Nizier, institue une cour martiale composée de cinq juges, un procureur et un greffier, tous nommés par lui, dont les audiences seront publiques. Les circonstances imposent une prompte justice, mais une véritable justice, afin d’éviter les troubles à l’ordre public que pourrait susciter la haine populaire à l’égard des miliciens. Elle siègera au Grand-Bornand, dont aucun des miliciens n’est originaire, de même que les membres de la cour martiale, dans une région sécurisée par les FFI.
L’acte d’accusation pour crime de trahison est bref. Il mentionne le seul crime de trahison et n’individualise pas les poursuites. L’appartenance à la Milice est à elle seule punissable dans la mesure où les miliciens ont porté les armes contre la France et entretenu des intelligences avec une puissance étrangère en vue de favoriser ses entreprises contre la France, selon les termes de l’article 75 du Code pénal. La légalité matérielle et formelle du procès ne peut être mise en cause. Le commandant Nizier désigne les cinq juges parmi les résistants FTP et Armée secrète. L’accusation est représentée par un commissaire de police d’Annecy et soutien de la Résistance ; la fonction de greffier est assurée par un magistrat qui se voit confier l’organisation de l’audience. Quatre avocats sont commis d’office : tâche lourde et ingrate. Il est entendu que la cour devra rendre 97 décisions avant de se séparer, que les juges prononceront seulement « coupable » ou « non coupable », ce qui équivaudra à une condamnation à mort sans appel avec exécution immédiate ou à l’acquittement immédiat. Il est entendu encore que la culpabilité sera déterminée par le fait d’avoir porté et utilisé des armes, d’avoir exercé des sévices et des fonctions de commandement, d’avoir entretenu des relations volontaires avec la police allemande.
Les miliciens doivent être entendus. Dix enquêteurs de la police judiciaire procèdent pendant trois jours, avec sérieux et sans brutalité, à l’interrogatoire individuel des miliciens. Pendant ce temps le greffier songe aux aspects matériels : trouver un lieu d’exécution, creuser des tombes, commander des cercueils. Comme on l’a informé que les trois quarts des miliciens sont lourdement compromis, il commande à une menuiserie locale 75 cercueils, conscient de la nécessité de procéder rapidement aux inhumations. Ce fait lui sera lourdement reproché et alimentera de graves polémiques car la cour prononcera 76 condamnations à mort, permettant le soupçon sur une possible prédétermination des jugements.
Les miliciens jugés par la cour martiale du Grand-Bornand
Les miliciens sont détenus pendant quatre jours avant leur jugement, « des jours de peur et de violence ». L’auteur a réalisé un gros travail de recoupage des témoignages pour nous livrer le récit, fondé sur « des éléments factuels incontestables ». La chaleur est accablante dans la salle paroissiale, le confort précaire, une foule hostile se regroupe peu à peu devant le bâtiment. Durant les nuits des maquisards s’introduisent, les frappent et les humilient. Un prêtre leur apporte son soutien ; presque tous sont profondément croyants, prient et communient.
Tous sont entendus, un par un, souvent brièvement. L’auteur a étudié les 86 procès verbaux qui ont été conservés afin de dresser un tableau d’ensemble de ces miliciens. La majorité d’entre eux travaille dans l’agriculture, dominante rurale à l’image de la Haute-Savoie. Ce sont des hommes plutôt jeunes, croyants, de condition modeste. Plusieurs fratries figurent parmi les accusés, ainsi que des pères et leur fils. Près de la moitié proviennent du Chablais, en particulier de l’arrondissement de Thonon-les-Bains où la Milice a recruté parmi les plus durs adversaires du communisme bien implanté dans cette région. Des prêtres anticommunistes et antirépublicains ont joué un rôle déterminant dans cette orientation radicale de jeunes ruraux, l’évêque d’Annecy n’étant pas étranger à ce mouvement d’adhésion au régime de Pétain. Les uns ont adhéré pour des raison idéologiques, anticommunisme (toute activité de résistance est par eux qualifiée de communiste), défense du catholicisme, d’autres pour des motivations plus prosaïques telles que toucher une solde conséquente ou échapper au STO.
Les procès verbaux des interrogatoires montrent qu’ils cherchent avant tout à sauver leur peau et donc à minimiser leur rôle au sein de l’organisation. Une vingtaine d’accusés sont des gradés, leur sort est scellé. Certains ne peuvent nier leurs actions, mais le chef départemental affirme avoir été cantonné à des tâches subalternes et même avoir effectué des démarches humanitaires ! Plusieurs ont participé directement à des exécutions de résistants ou à des sévices graves, actes de torture et fusillades. Aucun ne reconnaît avoir dénoncé des résistants ou avoir aidé directement la Gestapo. On les accuse aussi de vol de vin et de victuailles, de bétail, de pillages divers, d’incendies de ferme. Tous ceux qui seront condamnés à mort admettent avoir participé à des opérations de maintien de l’ordre, amis affirment ne pas avoir utilisé leurs armes !
Vingt heures d’audience, 76 condamnations à mort immédiatement exécutées
La salle paroissiale est comble. Les journalistes, y compris suisses, sont présents. Des résistants connus occupent les premiers rangs pour éviter tout débordement. Les cinq juges, le commissaire du gouvernement et le greffier se tiennent sur l’estrade. Les quatre avocats en robe sont assis sur des chaises. Les accusés sont jugés par groupe de dix. Chaque accusé à droit à dix minutes d’interrogatoire. Le commissaire du gouvernement requiert ensuite la culpabilité ou non, et donc la peine de mort ou l’acquittement. Les avocats disposent de cinq minutes pour défendre leur client. La jeunesse n’est pas exonératoire : dix condamnés à mort ont moins de 20 ans. L’audience se poursuit jusqu’à trois heures du matin. Une plaidoirie générale est alors prononcée, tandis que nombre de parents de victimes présents dans la salle se manifestent par des cris. Au petit matin, on rassemble tous les miliciens dans la salle. Il est 5h 30 du matin lorsque la cour martiale se retire pour délibérer. Chaque juge vote par bulletin séparé pour chaque accusé et selon la règle de la majorité. « Les juges sont dubitatifs concernant le cas de plusieurs miliciens (…) Ils ont devant eux des hommes inculpés mais pour certains, ils se sont connus à l’école, sur un stade, quelquefois, ils ont fait la campagne de 39-40 ensemble. » Le verdict est prononcé à six heures, le délibéré a duré à peine 30 minutes. Le président lit la liste des 76 condamnés, puis celle des 21 acquittés. Remis immédiatement en liberté, ils ont bien du mal à s’échapper et courir se cacher pour une période plus ou moins longue.
Le vicaire entre pour donner les derniers sacrements aux condamnés qui communient, se confessent et rédigent leur dernière lettre (aucun ne dit regretter son choix politique). Ils sont conduits en camion sur le terrain d’exécution situé à quelques kilomètres. Le public est nombreux. Dix poteaux en bois sont plantés dans le champ. Les miliciens y sont conduits cinq par cinq. Ceux qui restent dans le camion entendent les tirs du peloton d’exécution composé de vingt maquisards volontaires. Deux hommes sont appelés à donner le coup de grâce à tour de rôle. Des hommes sont requis pour la mise en bière et l’inhumation, quelques dizaines de mètres en contrebas. Le public est présent un peu partout comme le montre le reportage photographique qui a été fait et qui est en partie reproduit dans un cahier central du livre Après la mise en terre, les poteaux sont retirés et la place nettoyée.
Jacques Dallest consacre un petit chapitre aux acquittements, les uns compréhensibles les autres surprenants. Dans plusieurs cas ont peut se demander pourquoi l’un fut condamné ou acquitté et pas l’autre alors que les situations semblent presque identiques. L’auteur constate qu’on ne peut pas répondre. Est-il même bien utile de poser la question ? L’essentiel n’est-il pas que ces miliciens ont bénéficié d’un véritable procès et que, dans un contexte de haine et de guerre, 21 d’entre eux aient été acquittés ?
Aspects mémoriels
Les derniers chapitres traitent du sort des miliciens qui n’ont pas été capturés et jugés (règlement de compte, passage devant la cour de justice, sauvetage dans les monastères), des cours martiales de Grenoble , Montpellier, Nîmes, Lyon, et de la poursuite de l’épuration en Haute-Savoie (cours martiales d’Annemasse et d’Annecy), et des aspects mémoriels.
Le cimetière des miliciens au Grand-Bornand a « donné lieu à une tension durable entre les gardiens des mémoires respectives ». Les familles des miliciens venaient s’y recueillir et entretenir les tombes. Les associations de résistants firent pression sur les pouvoirs publics pour qu’il soit démantelé. Mais le transfert des corps se heurta à de grosses difficultés, soit que les familles n’en aient pas les moyens financiers, soit que les maires des villages dans les cimetières desquels on aurait inhumé le milicien, s’y oppose par crainte de troubles à l’ordre public. La cohabitation dans le même cimetière de miliciens et des résistants ayant pu être leur victime était jugée intolérable et provocante. Il reste aujourd’hui 44 tombes dans le paisible cimetière champêtre de Le Pezerettaz. « Le site n’est pas dissimulé mais aucune inscription n’indique sa destination. Remarquant les tombes, le promeneur peut croire qu’il s’agit d’une nécropole de la Résistance à l’instar de celle de Morette, ce haut lieu de la mémoire des tragiques combats des Glières »…
Jacques Dallest consacre aussi un chapitre à la polémique qui opposa Henri Amouroux (qualifié à juste titre de journaliste et un peu abusivement d’historien de renom) à Jean Comet, l’organisateur du procès, accusé de partialité, et se voyant reprocher d’avoir commandé les cercueils avant même le procès. Malgré son parti pris pétainiste aujourd’hui reconnu, Amouroux gagna les procès qui lui furent intentés, pour des motifs procéduraux qui évitèrent de lui donner raison sur le fond.
Dans un dernier chapitre qu’il intitule « Interrogations et certitudes », Jacques Dallest se livre à diverses réflexions, sur la nature de la justice rendue au Grand-Bornand, sur le sens profond de l’épuration, sur la recherche de la vérité des faits, et même sur ce qu’aurait pu être son comportement de citoyen et de magistrat …
© Joël Drogland pour les Clionautes