Le mensuel Sciences Humaines a le chic pour proposer des dossiers passionnants. Le numéro de ce mois en compte deux qui ont attiré notre attention.
Le premier, consacré à la motivation, rassemble les écrits accessibles de professeurs de psychologie cognitive ou d’économie comportementale ainsi qu’un texte de Philippe Meirieu, proposant des clés pour mobiliser l’ensemble des élèves ou « comment faire boire un cheval qui n’a pas soif ? » (Freinet, 1952). Il faut cesser de faire de la motivation un préalable à une situation d’enseignement et préférer le terme mobilisation sur laquelle l’enseignant peut avoir un impact. Utilisation des connaissances scolaires à l’extérieur de l’école, démarche de projet, situations-problèmes et rencontre avec les œuvres de culture sont les clés de cette mobilisation, même si l’auteur reste conscient que cela ne « marche pas à tous les coups » !
Le second, focus sur une sociologie des jihadistes français, est constitué d’un article de Farhad Khosrokhavar, auteur de Radicalisations en 2014, traçant à grandes lignes le profil des candidats au djihad : ceux issus de la banlieue, anciens délinquants radicalisés en prison, nouveaux born-again et le nouveau groupe constitué des jeunes de la classe moyenne à la recherche de repères (qu’ils n’auraient pas en ayant reçu une éducation post-mai1968). Jean-François Dortier rappelle toutefois que le recrutement en Europe ou en Amérique du Nord de candidats « ne saurait donc s’expliquer par la seule crise du modèle social français. » (p. 15). Enfin, l’article du politologue spécialiste de l’islam Olivier Roy est décapant : « Daesch, c’est d’abord une collection de loosers. » (p. 17) même s’il reconnaît que le mouvement dispose d’un véritable « service cinématographique des armées », inspiré par la culture « gore » des films américains et des jeux vidéos.
Le reste du numéro comporte une multitude d’articles qui pourront intéresser les uns et les autres : interview d’Hervé Inglebert, auteur de Le Monde, l’Histoire. Essai sur les histoires universelles, 2014 ; l’impact des talons hauts sur le comportement des hommes, et Guerre et paix sur l’oreiller à propos du dernier ouvrage de Jean-Claude Kaufmann. De quoi vous régaler !
Catherine Didier-Fèvre © Les Clionautes