Outre les aspects concrets de la démarche participative de la gestion des deltas sénégalais, l’étude porte sur les connaissances des populations, comment cette démarche modifie les pratiques des chercheurs et sur les relations sciences/société/politique.
L’introduction explique les raisons de l’intérêt croissant pour des démarches de science participative mais aussi les risques Pour la France voir le rapport Houillier : Les sciences participatives en France. Etat des lieux, bonnes pratiques et recommandations, Paris, 2016, Mission Sciences participatives Rapport pour le MENESP, 123p. dans le contexte d’incertitudes scientifiques du changement climatique et la nécessaire adhésion des populations aux décisions de protection ici de la mangrove des deltas.
Dynamique bioécologique, environnematle et sociale des deltas
Chaque contribution présente une description de la région étudiée, les choix méthodologiques de l’étude et les problématiques environnementales. Les différents chapitres portent sur la basse vallée du fleuve Sénégal :
- Situation de la pêche artisanale : évolution de la ressource halieutique depuis la construction des grands barrages, gestion rationnelle de la ressource
- Gestion d’une plante invasive : Typha australis
- Participation paysanne et développement des activités agricoles dans le delta, méthode d’appui conseil, description des programmes de recherche participative en secteur irrigué (riziculture, maraichage) : agronomie et gestion économique.
- Gestion des milieux humides à Saint-Louis, ville à la fois sahélienne et fluviale, nécessaire prise en compte environnementale en matière d’urbanisation.
Gouvernementalité des patrimoines territorialité
L’étude se place dans le contexte nouveau de l’acte 3 de la décentralisation au Sénégal qui donne plus de pouvoirs aux collectivités locales : gestion du foncier, administration des zones d’intérêt écologique et/ou économique, exploitation des mines et carrières.
La gouvernance des ressources nouvellement appropriées par les populations locales comme la réserve de biosphère du delta du Saloum pose la question des rapports entre pouvoir central/pouvoir local et intérêts privés ?
Cette seconde partie est illustrée par 6 contributions :
- Sites naturels sacrés de la Casamance révélateurs de la relation fonctionnelle et symbolique entre l’homme et son milieu. Comment le caractère sacré pour les communautés traditionnelles participe à la conservation des écosystèmes marins, côtiers, terrestres ?
- Quelle participation des communautés à la gestion de l’ « Aire marine protégée » du Bamboungdans le delta du Saloum ? Inégalités de la participation des populations et naissance d’une catégorie d’acteurs locaux « conservationnistes ». ppositions entre pêcheurs locaux et allochtones, exemples de capture de rente par certains acteurs.
- Question de l’eau dans les projets urbains à partir de deux exemples financés par l’U.E., comparaison entre les villes de Camacchio dans la vallée du Pô et de Saint-Louis du Sénégal, deux villes inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO avec une forte pression touristique. La comparaison porte sur l’aménagement fluvial et la relation ville/nature.
- Quelle gouvernance pour la gestion des collectivités locales du delta du fleuve Sénégal ? Quelle régulation des conflits entre acteurs publics et privés pour la mise en valeur agricole des berges ? Quelles modalités d’une régulation foncière participative ? Un modèle intéressant alors que la question de l’accaparement des terres concerne de nombreux pays dont le Sénégal.
- Autre question potentiellement conflictuelle : l’accès à l’eau potable dans les îles du Saloum, milieu fragilisé par la vulnérabilité climatique.
- Et si les savoirs empiriques traditionnels permettaient une bonne gestion des ressources halieutiques et delta du Saloum, plus efficace que les règles étatiques. L’étude de cinq communautés permet une réponse.
Outils de planification locale
Quels outils : systèmes d’information, cartographie, peuvent être partagés avec les populations ?
Les contributions analysent cette question à différentes échelles et pour diverses questions : extension d’une plante invasive, salinisation des sols, occupation de l’espace.
Les exemples permettent une approche des mutations territoriales de l’espace frontalier sénégalo-bissao-guinéen avec l’étude du site pilote de Diembéring : évolution du foncier, poids des autorités traditionnelles, recul du trait de côte, recul de la riziculture.
Un article est consacré à la pratique de la cartographie participative à Diembéring avec description de la méthodologie utilisée. Cette expérience montre un outil d’échanges entre générations, une mine d’informations (calendrier culturel, variétés de riz utilisées) utile pour un débat sur l’avenir du terroir.
Un second exemple porte sur l’approche écosystémique de l’eau dans le delta du fleuve Sénégal pour la gouvernance du Lac de Guiers, le rôle des chercheurs dans l’aide à la gestion.
L’ouvrage est complété par un exemple pris au Marocconférence invitée au colloque sur la valorisation des arrières-pays méditerranéens confrontés à la nécessaire adaptation aux changements sociaux (exode rural, place des femmes dans la population active, chômage des jeunes), économiques (redéfinition des relations ville/campagne), politiques (printemps arabes). Cette dernière contribution aborde à la fois la vulnérabilité des sociétés méditerranéennes et des écosystèmes. L’auteur propose des pistes de valorisation de ces espaces.
Un colloque très intéressant même s’il n’est pas réellement en phase avec les programmes d’enseignement de la géographie.