Les auteurs
TAREK, scénariste français, vit à Rennes. Après des études d’histoire de l’art et d’histoire médiévale à la Sorbonne, il se lance dans une prolifique carrière de scénariste. Chez Emmanuel Proust éditions, avec Stéphane Perger, il imagine la trilogie Sir Arthur Benton (une série d’espionnage pendant la Seconde Guerre mondiale) qui a immédiatement connu un très bon accueil public et critique : prix du meilleur premier album de Moulins, prix du meilleur scénario de Decines et prix du meilleur scénario de Marly en 2005, prix du festival de Rouans en 2006.
Vincent Pompetti est un dessinateur et un scénariste de bande dessinée belge, né en 1977, à Liège en Belgique. Diplômé de l’Institut National des Beaux-Arts Saint-Luc de Liège, il réalise seul sa première bande dessinée qui a pour thème la science-fiction dans un monde imaginé par lui : Planète Divine, paraît en deux tomes chez Glénat en 2002 et en 2003. Avec Raspoutine dans la collection Trilogie et Œil brun, œil bleu, il débute sa collaboration avec le scénariste Tarek aux éditions Emmanuel Proust. Sa palette s’affine, son style devient plus réaliste et ses cadrages deviennent dynamiques. Depuis 2008, il dessine la série Sir Arthur Benton dont le dernier tome du second cycle est sorti fin 2010. Depuis son installation en Bretagne en 2007, il se consacre à la peinture à l’huile sur toile. Ainsi, plusieurs de ses œuvres ont déjà été exposée à Saint-Malo (Quai des bulles en 2008), à Liège, Paris et Brest en 2009. Il obtient le prix de la ville de Creil en 2009 et celui de la ville d’Ajaccio en 2010 pour la série Sir Arthur Benton. Depuis 2010, il expose régulièrement dans des galeries d’art, en Suisse (Starkart à Zürich), France (Galeries des arts graphies, LaGallery et café Dune) et au Canada (LaGallery) et réalise plusieurs affiches de salons de bande dessinées (Creil, Moulins, Bourges).
Sir Arthur Benton : Cycle 2 : La Guerre Froide
Le second cycle débute avec le procès de Nuremberg et se termine à la mort de Staline donc au tout début de la guerre froide (de 1945 à 1953). Sir Arthur Benton fait partie de ces Anglais qui, dans la foulée de Sir Oswald Mosley (1898-1981), ont choisi de servir le nazisme et lorsque la fin du Second conflit mondial approche, les comptes à rendre sont terribles. Capturé par les alliés, placé face à son ennemi de toujours, le colonel de la Taille du BRCA (Services secrets de la France libre), Benton se confesse et raconte une autre histoire de l’Allemagne et de la Deuxième guerre mondiale, une histoire où les services secrets s’affrontent, où les partis extrémistes (communistes et nazis) luttent pour le pouvoir, où les nationalismes s’enflamment, où l’on tue au nom de l’idéologie, mais jamais sans une arrière-pensée intéressée. Une sorte de guerre secrète cachée dans la grande. Cette nouvelle trilogie d’espionnage nous plonge dans les enjeux géopolitiques de la guerre froide vus à travers le prisme des services spéciaux.
L’Organisation (1945)
Cette trilogie débute en 1945 dans le tome 1 (intitulée : « L’Organisation »). La Seconde Guerre Mondiale est terminée, mais une autre, plus sournoise, commence… Pour combattre l’expansion soviétique en Europe, de Gaulle et Churchill forment un groupe autonome à leurs services secrets nationaux respectifs. Il se nomme « l’Organisation » et dispose de moyens illimités pour entrer dans ce que l’Histoire va appeler « La Guerre Froide ». Or, pour diriger cette cellule ultra secrète, la France et l’Angleterre ont choisi leurs meilleurs agents : le colonel Marchand et… Sir Arthur Benton. Les deux ennemis de toujours parviennent à collaborer avec beaucoup de difficulté. Une mission de guerre froide adaptée aux multiples facettes de l’espion Sir Arthur Benton. L’anglais a choisi, cette fois, son camp (celui de l’anti-communisme).
Le Coup de Prague (1948)
Dans le tome 2 (intitulé « Le Coup de Prague »), entraîne le lecteur en plein Blocus de Berlin (24 juin 1948 – 12 mai 1949. Entre Soviétiques et alliés d’hier, la tension atteint son paroxysme. Assistera-t-on au début d’une nouvelle guerre mondiale alors que l’on vient tout juste de sortir du conflit le plus meurtrier de l’Histoire ? Depuis son Quartier Général situé dans l’ex- capitale allemande, « L’Organisation » dirigée par Sir Arthur Benton lutte contre les agents secrets du MGB, ancêtre du KGB. Or, Marchand « l’incorruptible » est approché par une troublante jeune femme nommée Rosa au moment même où il doute de son supérieur hiérarchique. Dans cette guerre de l’ombre où tous les coups sont permis, Marchand prend le risque de se confier, au risque de mettre en péril sa mission en Tchécoslovaquie, où un coup d’État se prépare.
La mort de l’Oncle Joe (1953)
Dans le tome 3 (intitulé « La mort de l’Oncle Joe »), les soviétiques tentent de déstabiliser le régime de Tito en Yougoslavie. Ce pays devient donc la priorité absolue de l’Organisation. Elle s’emploie à combattre les espions du MGB tentant de déstabiliser la Yougoslavie et à aider les proches du maréchal Tito à purger le parti et les entreprises d’état des éléments pro-soviétiques. Pour l’Organisation, les pertes s’alourdissent ; trois agents britanniques sont éliminés par Moscou, trahis par des agents doubles. L’existence d’une taupe au sein de l’Organisation devient de plus en plus évidente. La Chine devient communiste et en septembre 1949, la première bombe atomique soviétique explose. La guerre froide entre Américains et communistes atteint son paroxysme. Cependant, avec la fin du blocus de Berlin, la tension retombe entre Occidentaux et Soviétiques. Marchand continue d’entretenir une relation torride avec la belle Rosa malgré les nombreux avertissements de Benton. L’amitié entre Helmut et Marchand prend fin d’une façon tragique de même que le parcours de nombreux agents travaillant pour Benton. Marchand achève un boulot qu’il aurait aimé finir en Allemagne en 1945. Sur fond d’épuration nazie et de règlements de comptes, les masques tombent et les traîtres se dévoilent, dans cet ultime épisode qui vient conclure avec brio le cycle Guerre froide.
En guise de conclusion, reconnaissons-le d’emblée, cette nouvelle trilogie est encore réussie : le sujet est original et les fans d’histoire apprécieront tant le traitement que la qualité de l’intrigue du scénariste Tarek, à mi-chemin entre le thriller et le roman graphique (avec l’ajout systématique en fin de volume d’un dossier historique, la présentation des protagonistes de chaque album, une bibliographie, une chronologie, une filmographie et une sitographie). Le graphisme est également original : le dessinateur Vincent Pompetti a su donner à ses images un ton quasi cinématographique, un peu délavé (genre films d’actualité des années 40 et 50) qui renforce les attitudes et les visages. Le travail des couleurs est également à souligner, Pompetti étant parvenu à symboliser le destin menaçant de l’URSS sur le monde occidental. Car la Guerre froide et la lutte contre le stalinisme ne sont finalement que le prétexte à un duel entre de la Taille et Benton. Comme aux échecs, les deux maîtres-espions déplacent leurs pièces, élaborent une stratégie dont le lecteur, peu à peu, prend conscience, séduit par les deux personnalités si contrastées et si complémentaires. Une belle variation sur les coulisses de l’histoire. Bien documentée, cette histoire d’espionnage, psychologique et à suspense a toutes les qualités pour devenir un futur classique de la BD historique.
© Clionautes (Jean-François Bérel)