Le Dernier secret d’Hitler met en lumière un épisode souvent moins connu de la guerre sous-marine à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Opération César : changer le cours de la guerre ?
En décembre 1944, le sous-marin U-864 quitte la base de Kiel, au nord de l’Allemagne, dans le cadre de l’Opération Cesar. Il transporte une importante cargaison, sous le commandement du capitaine de corvette Ralf-Reimar Wolfram. On comprend cependant très vite que c’est le Hauptsturmführer Kemmling (Waffen SS) qui a la responsabilité des opérations et que les relations entre les deux hommes sont pour le moins tendues. Ce sont également deux visions de la guerre qui s’opposent.
La guerre sous-marine
Le Dernier secret d’Hitler met en lumière un épisode souvent moins connu de la guerre sous-marine à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les planches alternent récit d’aventure et faits historiques, autour de personnes ayant réellement existé (le Korvettenkapitän Wolfram et son adversaire britannique le capitaine James Lauders). Convoitée par les Américains comme par les Anglais, la cargaison importe finalement peu (fabuleux trésor ? arme secrète ?) et c’est l’affrontement entre les deux capitaines qui est au coeur de l’intrigue. L’album n’est d’ailleurs pas sans évoquer le livre et le film « A la poursuite d’Octobre rouge ». Enfin, il faut souligner la place donnée à la résistance norvégienne, souvent peu connue.
La référence au Jolly Roger arboré par le sous-marin anglais convoque toute l’imagerie liée à la piraterie d’antan : mutineries, loyauté au capitaine et code de l’honneur, stratégie face à l’ennemi…, autant de thèmes qui ont fait les grandes heures du cinéma d’aventures et – plus récemment – de séries comme « Black Sails » (créée par Jonathan E. Steinberg et Robert Levine pour Starz, 2014). Impossible de ne pas mentionner aussi Les Révoltés du Bounty (version 1935 pour l’inoubliable duo Clark Gable / Charles Laughton) au sujet de la gestion des hommes : la mission doit-elle l’emporter au détriment des vies humaines ? Peut-on se réjouir de la destruction d’un bâtiment ennemi ?
Une guerre en couleurs
Le choix des couleurs, particulièrement soigné, immerge (sans jeu de mots !) le lecteur dans cet univers de sous-marins : les intérieurs rouges en raison des lampes contrastent avec le bleuté de l’océan ou encore le blanc de la Norvège.
Un petit bémol toutefois : pourquoi faire parler les soldats allemands des premières planches (à Hambourg) dans leur langue, alors que tout l’équipage du U-864 s’exprime ensuite en français ? Dommage aussi pour les coquilles dans les quelques termes allemands.
Il s’agit d’un bel album, à destination d’un public lycéen et d’adultes, féru d’histoire et de sous-marins, mais il n’est nul besoin d’être un spécialiste dans l’un ou l’autre domaine pour pleinement apprécier cette lecture.