« Salomon Rubinstein trouve une solution à tous les problèmes ! » est le leitmotiv de l’un des deux protagonistes de cette mini-série en trois tomes.
Les deux premiers volumes sont parus aux éditions Delcourt en 2020, le dernier doit paraître au premier semestre 2021.
Le premier tome, intitulé « Shabbat Shalom », s’ouvre sur l’arrivée d’un convoi de déportés à Sobibor, mais très vite, un flashback nous ramène en Californie en 1934. Cela donne le ton des deux volumes pour le moment disponibles : l’histoire des frères Rubinstein ne se déroule pas de manière linéaire, elle oscille entre les périodes, comme des souvenirs éparpillés dans la mémoire.
Les frères Rubinstein une saga historique qui raconte le destin de deux frères juifs entraînés dans les convulsions du XXe siècle.
Le parcours de deux frères inséparables
Salomon et Moïse Rubinstein ont grandi dans une petite ville du nord de la France, dans une cité minière. Confrontés aux inégalités et au pouvoir écrasant de l’argent de la bourgeoisie locale, les deux frères sont victimes des tensions grandissantes et de l’antisémitisme de la population à l’encontre des familles juives d’origine polonaise.
Le deuxième tome a pour titre « le coiffeur de Sobibor », et comme en miroir au premier, débute par la vie de Moïse au camp de Sobibor. Ses souvenirs le ramènent en 1929, lorsqu’il était apprenti coiffeur à Paris. D’autres éléments de la vie des deux frères, notamment après leur départ de leur ville natale, apparaissent au fil des pages. Les références au camp de Sobibor reviennent lors de quelques vignettes, notamment dans les deux dernières pages, très explicites sur la réalité des centres de mise à mort.
Plus généralement, c’est toute la vie des années 1930 qui défile sous nos yeux à travers le parcours de ces deux frères : les aspects riants comme le développement du cinéma mais aussi les volets plus tragiques (la montée de l’antisémitisme et l’afflux de populations d’Europe de l’Est en France). Le scénariste Luc Brunschwig montre comment les parcours individuels sont entremêlés aux évènements sociaux et politiques de leur temps.
A chaque période sa colorisation
Les dessinateurs Etienne Le Roux et Loïc Chevallier ont soigné le travail sur les couleurs :
Selon les époques, la tonalité change. Couleurs chaudes du Music-Hall américain contre couleurs glacées du camp, rougeoiement de l’incendie de la maison familiale, noir et blanc des films projetés dans les cinémas parisiens…
Cela permet au lecteur d’identifier rapidement les lieux et les époques, puisque l’ensemble du récit repose sur des multiples flashbacks. Cette forme peut désarçonner le lecteur, d’autant que les bulles de texte sont parfois denses, mais les multiples rebondissements et les personnalités des deux frères donnent envie de lire la suite. Moïse, timide et sérieux, et Salomon, débrouillard et plein d’humour, forment un duo attachant. Des extraits de dialogues en yiddish, en allemand et en anglais ajoutent à la crédibilité du propos. Cette bande dessinée, par la complexité de sa narration, s’adresse principalement à un public de lycéens et d’adultes.
Les frères Rubinstein : teaser
Les frères Rubinstein : le making-of