Il fallait fêter les 60 ans de Fort Navajo, premier opus de la saga Blueberry. C’est chose faite, et bien faite même.

29 auteurs et 14 récits composent cet album singulier. Que ce soit par une histoire ou une illustration, mais toujours rehaussé de l’admiration pour le lieutenant myrtille, chacun y va de sa vision. L’admiration prend en outre chair dans chacun des touchants témoignages des dessinateurs, scénaristes et/ou coloristes proposés avant chaque hommage.

Tout dire en quelques planches

On découvre des travaux très aboutis en terme graphique ou narratif, et ce en dépit d’un format forcément réduit à quelques planches. Mentionnons par exemple le magnifique trait d’Enrico Marini, de Dominique Bertail, de Philippe Xavier, de Paul Gastine, d’Alexandre Coutelis, ou la couverture de Ballade pour un cercueil (1974) sobrement revisitée par Blutch.

Pour l’aspect scénaristique, on croise des hommages très fidèles au maître Charlier, tel Un bon blue belly signé Vincent Brugeas. Il y a également des histoires trop courtes, comme l’hommage dans l’hommage conçu par Jean-français Vivier ou Le début de la piste d’Olivier Taduc. Et quelques perles très accrocheuses, avec les histoires de Jérôme Félix, de Thierry Martin, d’Enrico Marini ou d’Olivier Bocquet.

Blueberry, loyal, astucieux et fatigué

Enfin, terminons par l’incipit, ces deux pages rédigées par l’éditeur. Où l’on nous rafraîchit la mémoire quant à l’épopée graphique de Mike Steven Donovan, alias Blueberry, ou lieutenant Blueberry. Il faut remonter au 31 octobre 1963 exactement pour trouver une première trace, dans Pilote. Le duo Charlier-Giraud, deux noms déjà établis, propose alors un anti-héros au physique rappelant à la fois Bronson et Belmondo, mais surtout il donne naissance à un soldat proscrit, personnage qui dénote dans la galerie d’alors.

Giraud (décédé en 2012) est également le dessinateur Moebius. C’est dire si c’est un auteur protéiforme, aussi doué pour la SF (L’Incal avec A Jodorowsky) que pour le western (scénariste du Jerry Spring de Jijé). Enfin, Charlier (disparu en 1989) imagine des histoires bien documentées, fondées sur des faits historiques.

En somme, avec cet hommage nous est offerte une lecture indispensable pour les novices. Les connaisseurs se plairont à traquer les références, les meilleurs récits ou simplement à savourer la présence de leur Blueberry, ce bonhomme à part de la bd franco-belge.

Présentation de l’éditeur : ICI