Tempête sur Cuba est une BD qui traite de la révolution cubaine, démarrant à l’extrême fin du régime de Battista et relatant les quelques jours et semaines avant et pendant la prise de Cuba par les troupes de Fidel Castro. Pour analyser cet événement, l’auteur a choisi de suivre le parcours d’un photographe, Frank Spellman, qui accompagne le sulfureux acteur et réalisateur américain Errol Flynn dans son aventure cubaine. Errol Flynn ne parle à son ami que de réaliser des photographies pour un futur tournage sur l’île. En réalité, Errol Flynn vient car il a obtenu une interview exclusive avec le leader de l’opposition cubaine, Fidel Castro, déjà condamné pour tentative de coup d’Etat et exilé par Battista.

Cette BD est tout simplement un road trip à travers un pays aux multiples facettes et aux humeurs changeantes. A travers un récit d’une très grande précision historique, voici donc Frank Spellman perdu au milieu d’un monde qu’il ne connaît pas, frustré de l’attitude désinvolte de son camarade, piégé dans le grand jeu politique et économique de ces années-là. Car l’interview de Fidel Castro, projet soi-disant secret mais  connu de beaucoup, par l’un des monstres d’Hollywood de l’époque, en proie au maccarthysme, ne plaît pas à tous, notamment aux autorités officielles américaines qui ont tête la sauvegarde des intérêts économiques de leurs nombreux résidents sur l’île.

De Cuba, on retrouve les grands quartiers riches à l’occidental, peuplés majoritairement de non-Cubains, où se côtoient agents secrets américains, mafieux, dirigeants des grandes FTN américaines, et qui, parfois, sont les mêmes personnes… Puis, nous sommes immergés dans les grandes plaines de la Sierra Maestra tenues d’une main de fer par le Lider Maximo, mais en réalité plongées dans les luttes intestines entre révolutionnaires et conséquences dramatiques des affrontements entre militaires et milices révolutionnaires. Enfin, l’auteur développe aussi de nombreux axes secondaires autour de la fin quasi certaine, pour tous, de Battista, et de tous ces fonctionnaires ou militaires qui tentent de sauver leur peau en retournant leur veste.

Au final, l’auteur nous livre une BD très verbeuse et les détails, tant graphiques qu’historiques, sont multiples. Les sous-intrigues sont nombreuses. Mais l’auteur ne perd jamais le fil de son histoire, donnant à cette BD un rythme très enlevé. Chaque personnage, même secondaire, reçoit un traitement particulier. L’auteur ne tombe pas dans le piège de prendre partie pour un camp ou l’autre. Il nous dessine un contexte réaliste, fait de trahisons, de violences, de risques et de chances. Cela lui permet de rendre une œuvre complexe, haletante, très précise sur un sujet peu abordé dans ce type d’ouvrage.

Dans le cadre du nouveau programme de terminale générale, cette BD peut-être vivement conseillée, de même que l’étude de certaines planches. Mais elle ravira tout amateur de cette période et toute personne curieuse d’aventures réelles quasi romanesques où l’on croise, au passage, des figures marquantes comme Fidel Castro ou Ernest Hemingway.

 

Présentation de la BD par l’auteur sur le site de l’éditeur : « « Tempête sur Cuba » est basée sur un événement réel, l’interview par l’acteur Errol Flynn de Fidel Castro dans la Sierra Maestra à la fin de 1959, quelques jours avant le triomphe de la Révolution cubaine. Cela a permis de raconter ce qui se passait sur l’île à cette époque, en commençant par la situation de La Havane et en terminant par les raisons qui ont motivé la révolution.Parmi les nombreux personnages historiques qui se croisent dans ce cocktail de réalité et de fiction se détache la figure méconnue du révolutionnaire Camilo Cienfuegos, qui occupe une place prépondérante dans cette BD qui lui rend ainsi un hommage mérité. En bref, cette BD n’est pas seulement un renouvellement du genre « aventure », mais aussi une réflexion sur un fait historique sans précédent. »

Présentation de l’auteur : « Agustín Ferrer Casas est dessinateur et scénariste espagnol. Admirateur de la ligne claire, il se démarque par un style très classique dans le dessin et dans la technique. Depuis plus de 20 ans il a été récompensé à de multiples reprises pour des œuvres comme  « Gandhi, el maestro de la vida »