Au menu de ce quatorzième numéro de Topo, une découverte du monde de la création de mangas, des interrogations légitimes sur le fait de breveter l’ADN ou encore des rubriques, toujours inventives, qui nous parlent de téléportation ou du Père-Noël !
Mangas à la chaîne
Le grand reportage est consacré à la fabrication de mangas, un secteur qui représente 315 millions de ventes l’an dernier. Il faut savoir que quatre grandes maisons d’édition se partagent le marché. Le reportage propose une immersion aux éditions Kôdansha. Dans ce monde, une histoire se teste d’abord en magazine avant d’être publiée en manga. Yuma Komatsu que l’on suit au début du reportage est chargé d’encadrer les dessinateurs en veillant, par exemple, à ce qu’ils ne fassent pas trop compliqué. On apprend que pour un débutant, chaque planche est payée environ 4 000 yens, là où un mangaka confirmé peut toucher huit fois plus, soit 233 euros. Il existe toute une chaine de production avec également des assistants qui apprennent en quelque sorte le métier. Le monde du manga change car depuis 2017, les ventes en format numérique ont dépassé celles des mangas imprimés. Derrière ces chiffres impressionnants se cachent aussi d’autres réalités qu’Elsa Fayner et Guillaume Penchinat nous font découvrir. Il semble en effet y avoir une prise de conscience du risque que représente le karoshi, c’est-à-dire la mort au travail par surmenage. Le reportage évoque pour finir les manga kissa, endroits à mi-chemin entre la bibliothèque et le cybercafé, où l’on paye à l’heure pour lire des mangas.
Des rencontres diverses
Le « Tête à tête » est de circonstance car il concerne le Père Noël en évoquant notamment le lien avec une célèbre boisson américaine. Sachez aussi qu’une ONG s’est amusée à calculer la facture écologique de la nuit du Père Noël et qu’avec 149 millions de kilomètres parcourus et plus de 51 millions de cadeaux livrés ce jour-là, il émettrait autant de CO2 en une seule nuit que 2 000 Français en un an ! Ce numéro de Topo permet aussi de rencontrer les premières dames avec quelques exemples, mais aussi d’en savoir plus sur le métier de réalisateur de films d’animation avec l’histoire d’Arthur de Pins. « Sans cliché » décrypte lui une des photographies de l’audition de marc Zuckerberg par le Sénat américain.
L’ADN est-il une marchandise comme les autres ?
Le point de départ de l’enquête est original puisqu’il s’agit du brocoli. Mais, au-delà de son cas, c’est poser la question de la possibilité de déposer un brevet sur le vivant. Rappelons que pour obtenir un brevet, trois critères sont indispensables : la nouveauté, l’inventivité et le potentiel industriel. Partant de là, tout ce qui venait de la nature était exclu sauf qu’arrivèrent dans les années 80 les biotechnologies. Après une explication des OGM, Cécile Cazenave et Vincent Pianina reviennent au brocoli et soulignent que la décision de le breveter a eu l’effet d’une bombe. En effet, depuis, on peut faire breveter une plante naturelle pour sa couleur ou son goût. « Sans contresens » continue de nous interroger et aborde le cas du glyphosate, pesticide le plus vendu en France et le plus utilisé au monde.
Perdus entre deux continents
« Témoignage » parle de la dureté du monde actuel avec ces hommes et ces femmes perdus entre deux continents. L’histoire choisie ici débute en août 2016 en mer Méditerranée, au large des côtes lybiennes. Aurélie Darbouret, Isabelle Mayault et Pierre Ferrero retracent l’itinéraire d’ Abdoulaye Niass, un jeune sénégalais de vingt ans. Ce reportage permet de mieux mesurer la longueur et les étapes du trajet à l’intérieur de l’Afrique ainsi que le rôle des passeurs. Ce jeune Sénégalais a connu la détention dans un camp de rétention en Libye. La réalité aujourd’hui, c’est que la pauvreté favorise les trafics et certains geoliers vendent les migrants comme des esclaves.
Du sample, du classique et du futur
Dans la rubrique « Futur », direction le lycée pour voir à quoi il pourrait ressembler : tablette, réalité virtuelle ou réorganisation des espaces de travail : tout cela sera-t-il une réalité ? Pierre Corbinais et Christophe Gaultier dans «Les maitres du jeu » parlent de « l’effet de mod ». Ce terme désigne des variantes dans un jeu dont le succès dépasse parfois celui de l’original. « Ca part en live » nous en dit plus sur le sample avec par exemple les cas de Jul ou de Kanye West. L’article rappelle aussi que James Brown est sans doute le chanteur le plus pillé. Pour en savoir plus, Vincent Brunner et Marion Mousse glissent l’adresse d’un site internet très utile. « Les classiques de Patrique » nous aident à mieux empoigner « Crimes et chatiments » de Dostoïevski, surtout quand on sait que le héros Raskolnikov n’arrête pas de changer de nom dans le livre, ce qui peut évidemment dérouter ! Pour terminer voyez ce que n’est pas un chanteur, plongez dans la téléportation dans « La science infuse » et découvrez une nouvelle fiction. Xavier Guibert dans « Marque-page » décrypte le succès d’un opus d’Astérix.
Le prochain numéro emmènera le lecteur à Fukushima le 11 mars 2011 et proposera également une immersion à Rungis, le « ventre de la France ». Vous apprendrez aussi pourquoi le ciel est bleu.
© Jean-Pierre Costille pour les Clionautes