La nature est à l’honneur sous plusieurs formes dans ce nouvel opus de «Topo » mais la revue propose aussi de nombreux portraits et s’intéresse également à l’histoire avec le génocide commis par les Khmers rouges dans les années 70.

 Extinction rébellion

Cécile Cazenave et Grégory Mardon ont enquêté sur le groupe « Extinction rébellion » en suivant notamment le parcours de Lucas, vingt ans, qui milite au sein de l’association. On découvre les techniques utilisées comme l’arm-lock, cet objet qui permet de ralentir les forces de l’ordre, en liant entre eux les manifestants. Lucas s’est cherché avant d’atterrir dans ce mouvement, présent aujourd’hui dans plus de cinquante pays et qui dénonce de façon très offensive l’inaction des pouvoirs publics face au réchauffement climatique. L’association utilise beaucoup l’anonymat mais aussi les réseaux sociaux. Le reportage montre quelques exemples d’actions spectaculaires comme à la grande galerie de l’évolution à Paris. 

Des portraits

Parmi les rubriques habituelles de la revue, «  Sans cliché » montre une photographie retouchée du sommet de Davos avec quatre jeunes femmes militantes. Elles étaient à l’origine cinq, mais Vanessa Nakate, originaire d’Ouganda, a disparu sur un des clichés. «  Ca part en live » traite d’une série qui raconte l’ascension d’un jeune rappeur. Du jour au lendemain, sa vie a changé. Cette série, diffusée pendant le confinement, est la première à mettre à l’honneur le hip-hop. A propos de confinement, Pochep livre un portrait au vitriol de quelques stars durant cette période qui sont apparues vraiment déconnectées du reste de la population. « Tête à tête » dresse le portrait de Millie Bobby Brown. Elle est devenue la coqueluche d’Hollywood grâce à la série « Strange Things ». Très populaire avec ses 33 millions de followers sur Instagram, véritable influenceuse, elle est aussi devenue la cible de harcèlement sur les réseaux sociaux. « Cash » évoque la question de la première relation sexuelle en insistant sur le fait que la vraie et seule question à se poser est : avec qui ai-je vraiment envie de partager une telle intimité ? On découvre aussi dans ce numéro le métier de cordiste avec Baptiste. Ils sont moins de 10 000 à l’exercer en France. Cela consiste notamment à nettoyer les parois des immeubles en verre. Il travaille aujourd’hui à Montréal et raconte son parcours et sa formation. 

Ecrans et livres 

« Les maîtres du jeu » traitent d’un sujet étonnant avec ce jeu vidéo qui a reçu 300 millions de dollars de 2 millions de personnes pour aider à son développement. Huit ans après pourtant, il n’existe toujours pas mais il promet de rassembler le meilleur du jeu vidéo. On entend dire aujourd’hui que l’on touche presque au but, plus que deux ou trois ans, mais est-ce la réalité ou une arnaque ? « Capture d’écran » évoque Avatar 2 et revient sur le succès du premier numéro. Sorti en 2009, le film afficha à la fois un budget et un succès pharaoniques. Il utilisait la 3D et s’appuyait sur des thèmes chers à son réalisateur, James Cameron. On trouve en effet des réflexions sur le climat, une critique indirecte de l’impérialisme des Etats-Unis et l’affirmation du féminisme. Côté lecture, « Tranche de l’art » parle du « Décaméron » de Boccace écrit au moment de la peste de 1348. Dans cet ouvrage les différentes nouvelles alternent légèreté, profondeur et cruauté.

Histoire d’un génocide

Isabelle Dautresme et Alexandre Kha racontent le génocide perpétré par les khmers rouges à travers l’histoire d’Estelle, jeune franco-cambodgienne de dix sept-ans. Elle se sent porteuse de deux cultures mais cette situation n’est pas forcément évidente au quotidien. Sa mère lui raconte sa vie de jeune fille au Cambodge et la politique menée par les khmers rouges. Ces derniers ont notamment envoyé les populations des villes dans les campagnes pour être « rééduqués » selon leur terminologie. A cette époque, les enfants ne sont plus considérés comme appartenant à leurs parents mais à l’Angkar, la direction khmère rouge. La mère d’Estelle raconte la fuite hors du pays et le temps passé dans des camps de réfugiés gérés par les Nations Unies avant d’arriver à gagner la France. Quarante ans après les faits, le Cambodge a encore du mal à affronter son passé. 

 Le loup en France 

La question est posée d’emblée : «  Pourquoi protège-t-on aujourd’hui le loup, alors que des générations se sont donné tant de mal pour l’éliminer ? ».  Il a en effet disparu en France dans les années 1930 avant de revenir dans les années 1990. Ce qui frappe c’est que son image a totalement changé. La réintroduction de l’animal peut se réaliser de deux façons : soit le land sparing, c’est-à-dire que l’animal vit sans aucune présence humaine, soit le land sharing qui implique une cohabitation avec l’homme. Sa présence pose parfois problème puisqu’on dénombre plus de 1200 brebis tuées par des loups. Aujourd’hui on estime qu’il y a 500 loups en France. Un autre reportage pose la question des rapports entre l’homme et la nature en se demandant d’où vient la Covid-19 ? Cécile Cazenave et Clément Fabre retracent l’historique récent de plusieurs maladies, comme le SRAS en 2002, qui avaient déjà mis au jour le rôle de l’homme dans son action contre la nature. 

Pour le numéro 26, Topo annonce un reportage «  en Russie contre Poutine », un autre sur l’Australie en feu et nous aidera à répondre à la question : d’où viennent les sapins de Noël ? 

© Jean-Pierre Costille pour les Clionautes