Le nouveau Topo offre comme à son habitude un voyage à travers notre époque en nous faisant découvrir les conditions d’entraînement des athlètes éthiopiens, mais aussi en parlant de combats au quotidien pour gagner sa place dans la société.
A la conquête de l’espace
Il n’est ici nullement question de la Lune ou de Mars mais bien de l’espace dans le sens d’espace public. Joséphine Lebard et Camilo Collao abordent cette thématique avec beaucoup de justesse et d’intelligence. Le reportage montre comment les femmes ont parfois du mal à occuper l’espace public. Partant de l’exemple d’une jeune fille qui veut faire du skate, on remonte ensuite dans l’histoire pour donner quelques jalons marquants. De façon très originale, les auteurs utilisent les tableaux de la fin du XIXe pour montrer que la femme n’est jamais représentée pour elle-même dans la rue ou alors elle est forcément avec son mari. On passe ensuite par la cour de récréation ou les squares pour mesurer combien la femme doit conquérir un morceau d’espace pour exister. La politique est également abordée à travers le « gender bugeting », c’est-à-dire que si une commune accorde une subvention à un sport plutôt masculin comme le rugby, il serait bien qu’elle accorde la même à un sport plus étiqueté féminin.
Des personnalités étonnantes
« Ça part en live » montre le parcours de Joseph Mount, le leader du groupe Metronomy, un véritable petit génie du bricolage sonore. Il raconte comment la musique lui a permis de s’intégrer. Si c’est lui qui écrit, sur scène ils sont plusieurs. Chloé Leprince et Lucile Piketty s’attachent dans « Tête à tête » à une figure devenue quasi incontournable : Greta Thunberg. Le moins qu’on puisse dire c’est que la jeune Suédoise ne laisse personne indifférent. Cette activiste climatique est honnie par certains qui voient en elle un phénomène surtout médiatique tandis que d’autres l’érigent en porte-parole d’une génération. Pochep présente un personnage très tendance actuellement, le Père Noël !
Ça veut dire quoi être pauvre ?
La France est le septième pays le plus riche au monde mais 8,8 millions de personnes vivent en-dessous du seuil de pauvreté. A travers le quotidien d’une famille du XIXe arrondissement de Paris, Isabelle Dautresme et Nicolas Gaignard donnent à voir et à comprendre ce que c’est qu’être pauvre en France aujourd’hui. Le reportage décrypte également comment cette notion est calculée ce qui permet de se rendre compte que les jeunes non diplômés en représentent une part importante. Etre pauvre c’est moins bien se nourrir, c’est également vivre moins vieux avec un différentiel de douze ans environ. C’est aussi subir certaines idées reçues et en période de crise l’image du pauvre est souvent associée à de l’assistanat dans un sens négatif.
Drôles d’espèces
« Science infuse » montre les liens a priori inattendus entre dinosaures et poulets. Autrement dit les oiseaux sont des dinosaures. Le reportage montre comment cette idée s’est développée dans la communauté scientifique. « Clair et Net » donne aussi à voir d’étranges animaux en l’occurence les reptiliens. Il s’agit ici de décrypter cette étrange théorie complotiste qui pense que certains êtres humains présents sur Terre seraient en fait des reptiles très intelligents. Beyoncé ou Emmanuel Macron en seraient les plus illustres représentants. « Cash sexe » s’intéresse à la question de la pudeur chez un autre animal, à savoir l’homme. La rubrique sur les jeux vidéo explique comment ils sont conçus et dosés pour qu’on y trouve du plaisir à progresser, tout cela pouvant aboutir à l’état de flow c’est-à-dire cet état où la difficulté du jeu correspond parfaitement aux performances du joueur.
Ethiopie : de l’or sur un plateau
En 2016, l’athlète éthiopien Feyisa Lilesa franchit la ligne du marathon de Rio les mains en l’air comme s’il était menotté. A l’époque, c’était une façon de dénoncer la politique de répression dont étaient victimes les Oromos, ethnie à laquelle il appartient. Christelle Gérand et Laurent Bourlaud livrent un reportage passionnant à la fois sur les athlètes éthiopiens mais, plus généralement, sur ce pays en plein essor économique. Rappelons que le premier ministre de ce pays vient de recevoir le prix Nobel de la Paix. On découvre les conditions d’entraînement parfois précaires dans un pays où l’athlétisme est vu comme une véritable voie de promotion. En effet, même si on entend parler d’essor économique, il ne faut pas oublier que 4 habitants sur 10 vivent avec moins d’un dollar par jour. A ces éléments sportifs s’ajoute donc dans ce reportage une dimension politique. L’Ethiopie est une mosaïque de peuples où pendant longtemps l’ethnie Tigré a monopolisé les pouvoirs alors qu’elle ne représente que 6 % de la population totale. Aujourd’hui, c’est Abiy Ahmed, un Oromo, qui est Premier ministre et il joue la carte de l’apaisement.
C’est quoi ce travail ?
Clément Le Foll et Carole Maurel s’intéressent à un métier essentiel mais pas forcément connu : celui de contrôleur aérien. Ces quatre-mille personnes organisent et veillent sur le trafic aérien. On suit Daby Etienne, contrôleur aérien à l’aéroport régional de Lorraine. On mesure l’importance des procédures mises en place pour que tout se passe bien. La concentration doit être maximale et l’anglais maîtrisé sans oublier une bonne condition physique.
Topo 21 se prépare et affichera à son menu un reportage intitulé « Menu saignant à la cantine », un autre sur le semeur de jungle et une enquête sur le fait que nos téléphones nous écoutent…
© Jean-Pierre Costille pour les Clionautes