Au programme de ce numéro 44, on retrouve un reportage sur Cédric Herrou, un autre sur les musées qui sont parfois remplis d’objets volés mais aussi des éclairages sur les rappeurs ou Sandrine Rousseau.

Cédric Herrou, le Robin des droits des migrants

Le reportage se penche sur Cédric Herrou, cet agriculteur qui, comme il le dit lui-même, « n’aide pas des migrants mais des êtres humains ». Tout a commencé en 2016. Pendant deux ans, il a hébergé quotidiennement des personnes sur son terrain agricole tandis que lui-même vivait dans une vieille bâtisse en pierre. Qualifié par la justice de « passeur », il est condamné à 3 000 euros d’amende et assigné à un contrôle judiciaire. Son combat a permis que le fait d’aider quelqu’un relève du principe de fraternité et ne peut donc être puni. Il a créé également une communauté Emmaüs. En principe, au bout de trois ans de travail dans une telle communauté, les demandeurs peuvent obtenir un titre de séjour. Cependant, la réalité s’avère souvent bien différente et pas aussi généreuse. Le reportage se termine par l’évocation de Pia Klemp, la capitaine d’un navire humanitaire.

Des rencontres variées

Le portrait est consacré à Sandrine Rousseau. Sa tactique provocante lui permet de rester sur le devant de la scène mais à quel prix ? Le grand public la découvre en 2016 quand éclatent les révélations sur le comportement du député Denis Beaupin. Elle est parfois définie aujourd’hui comme « éco féministe ».

Le magazine s’interroge ensuite sur l’image actuelle des rappeurs. Il constate qu’aujourd’hui ils font des publicités et préfèrent parfois parler d’eux plutôt que du monde. Bref, avec le succès, l’argent et la célébrité, la société les aurait-elle rattrapés ? Dans les années 80 et 90, les rappeurs dérangeaient le pouvoir aux Etats-Unis. En France, c’est l’époque de NTM ou de Ministère Amer, groupe d’ailleurs condamné par la justice. A partir des années 2010 et grâce au streaming, le rap devient la musique dominante.

« De la tête aux pieds » parle des mannequins. Sourire leur est souvent interdit et on assiste à une véritable dictature pour les tailles. Sur tous les défilés 2023, on compte 95 % de mannequins minces, c’est-à-dire de taille 34 ou 36.

Le problème des toilettes

« Cash sex » se penche, si l’on peut dire, sur les toilettes. Se retenir d’y aller, quand il s’agit d’endroits publics, est un véritable problème. Il faudrait en théorie uriner sept fois par jour. Chez les 6-11 ans, 8 sur 10 se retiennent d’aller aux toilettes à l’école. Cela s’explique par la peur de l’état des toilettes. Pourtant, sait-on qu’un écran de portable recèle sept fois plus de bactéries que la cuvette des wc ?

Les douleurs liées aux règles

Un reportage traite de ce problème. Il commence par un entretien avec Marie-Rose Galès, une jeune autrice qui raconte ses années de galère avant qu’un diagnostic sérieux soit posé. Plusieurs planches expliquent ensuite ce qui se passe lors de ces moments-là. On peut signaler que quelques pays commencent à tenir compte de ces douleurs en instaurant un congé menstruel. Pendant des siècles, les femmes porteuses d’endométriose n’en savaient rien. Des personnalités comme Maryline Monroe en souffraient. Le bon conseil est de se faire diagnostiquer le plus tôt possible. Le traitement à l’adolescence c’est la pilule en continu pour supprimer les règles et éviter que les lésions ne fassent de dégâts sur les organes. 

Les rubriques

Une catastrophe peut en entraîner une autre. Cela parle de la banquise, cette glace de mer qui s’étend sur 14 millions de km2 dans toute la région arctique. En 40 ans, la banquise a perdu 40 % de sa superficie. La perdre a des conséquences multiples dont certaines sur la faune. Le tourisme vers la banquise est en totale inadéquation avec les enjeux de cette zone du monde.

« Les maîtres du jeu » parlent des illustres inconnus. En effet, on a du mal à nommer ceux qui ont produit des jeux vidéo. Pourquoi, par exemple, les créateurs de Zelda sont-ils des illustres inconnus ? Il faut se rendre compte que la création d’un jeu implique des dizaines voire des centaines de personnes. Il est donc impossible de retenir ou d’afficher tous les noms. En même temps, pour Avatar 2 par exemple, on retient bien un nom.

Des musées et des œuvres

Certains musées sont remplis d’objets volés. Le reportage commence par l’exemple d’un tambour qui date de la fin du XIXème siècle et qui est actuellement au quai Branly. Les musées ont certes permis aux visiteurs de découvrir d’autres cultures, mais en même temps, ils ont valorisé les conquêtes et glorifié l’idéologie coloniale. 500 000 oeuvres africaines sont détenues par les grands musées européens. Mobutu dénonçait cet état de fait dès 1973. Il se pose en plus des problèmes juridiques car, dans le droit français, les collections des musées de France sont inaliénables. Emmanuel Macron a annoncé dès 2017 des initiatives. Cependant, il faut bien dire que le bilan des restitutions est pour l’instant faible. On dénombre le retour d’un sabre au Sénégal en 2019 et de 26 pièces au Bénin en 2021. La Belgique s’est engagée dans une politique beaucoup plus ambitieuse qui s’est traduite par un retour massif d’oeuvres en Afrique.

Pour prolonger sur le thème des musées, on peut lire la rubrique « C’est quoi ce  travail ? » consacrée au métier de Commissaire d’exposition. On suit Grégoire Prangé qui détaille les multiples dimensions de son métier. Il rencontre les artistes, travaille avec eux, et comme il le dit lui-même, prend soin des œuvres et des artistes. Il a aussi des liens avec le régisseur, le graphiste ou encore le scénographe.

Le père Goriot

Du côté des classiques, la lecture est consacrée au « Père Goriot ». Honoré de Balzac a été le premier à avoir utilisé des personnages récurrents dans ses romans. Véritable bourreau de travail il a inventé un monde dans ses romans. Il faut bien mesurer qu’à l’époque, au XIXe siècle, raconter son époque c’est nouveau. La Comédie humaine ce ne sont pas moins de 99 ouvrages en vingt-deux ans. Il a créé pas moins de 2500 personnages. Un élément frappant du « Père Goriot » est le parallélisme entre le roman et la vie de son auteur. Tout en critiquant les personnages ambitieux qui consument leur vie dans une quête inaccessible, Balzac était lui même dévoré par la passion, à la recherche de l’amour  et de la célébrité. 

Au menu du prochain numéro, une enquête sur le fait d’avoir 20 ans au pays des Talibans, un autre sur les Zad ou encore un sur la contrefaçon dans la mode.