Voici venu le temps du Topo de l’été avec, au menu, un reportage sur le phénomène des school shooting aux Etats-Unis, un retour dans les années 80, mais aussi un premier volet d’une histoire du Liban, sans oublier des sujets sur la musique et les jeux vidéos.

A armes inégales

Le reportage commence au cœur du lycée Parkland où en 2018 un ancien lycéen est venu tuer 17 personnes. Ce n’est pas un phénomène isolé aux Etats-Unis que décrivent les auteurs, Cerise Maréchaud et Alex Puvilland. Ils signalent quelques autres antécédents de ce phénomène dénommé sous l’expression de « school shooting ». Cette énième tuerie a néanmoins déclenché un mouvement de mobilisation et a réuni plusieurs élèves autour d’un slogan : « never again ». Emma Gonzales fait partie de ce groupe et elle est devenue une icône du mouvement. On retrouve cette question de la circulation des armes à feu qui empoisonnent depuis des décennies les Etats-Unis. Les auteurs évoquent le rôle des élus, celui de la NRA,  qui font que les choses ne changent pas. L’association compte 5 millions de membres mais son influence est beaucoup plus importante que ne le laisse croire ce chiffre relativement faible à l’échelle des Etats-Unis. Mais, au-delà de la responsabilité de ces groupes, le reportage pointe plus globalement ce qu’il appelle une « gun culture ». On poursuit avec un retour historique sur le deuxième amendement. Par exemple, pour mieux saisir l’ambiance du pays, il faut savoir que dans l’Ohio, une publicité sur 8 est sponsorisée par la NRA. C’est surtout dans le financement des campagnes électorales que l’association pèse. Si on veut terminer sur une note d’espoir, on peut relever quelques progrès comme le fait qu’en Floride l’âge pour posséder une arme a été relevé de 18 à 21 ans.

Influences

« Tête à tête évoque » Kylian Mbappé et le portrait est plutôt élogieux. Certes, l’ouvrage était sorti avant les récents résultats de l’Euro et on n’a donc que du positif sur lui. L’article rappelle évidemment son succès à la Coupe du monde en 2018, sa fabuleuse pointe de vitesse ou son engagement dans un certain nombre de bonnes causes. Seul bémol du portrait, ce rapport du coach de Monaco où il joua adolescent : «  Beaucoup de difficultés avec les règles, la discipline et un gros manque d’humilité ». Côté femme cette fois, « Ca part en live » dresse le portrait de Cardi B. La chanteuse s’est imposée dans l’univers du hip-hop et elle n’hésite pas à renverser les codes sexistes du genre. Elle est devenue aujourd’hui l’égérie de la marque Balenciaga. Restons dans le domaine de l’influence avec « Clair et net »  qui lève le voile sur les influenceurs et le business qu’ils génèrent. On peut être célèbre du jour au lendemain et une plateforme comme Tik Tok a connu une explosion de son utilisation. Pochep nous propose un retour dans les années 80 et leur influence. La série actuelle  « Stranger thing » fait référence à ces années-là et qui ont créé tout un tas de produits, comme le Rubik’s cube, qui sont inscrits dans notre mémoire. Les années 80, c’est également une période où s’exprime le culte du corps. Ce n’est finalement pas étonnant  qu’elles connaissent une seconde jeunesse aujourd’hui car elles sont l’époque de l’enfance de nombre de créateurs actuels.

Un monde qui doit changer

Il est question du tri et de qui agit dans «  Ca tourne pas rond ». Les auteurs s’interrogent sur le rôle et le poids de chacun, et notamment des politiques. On suit une jeune fille qui tanne son père pour qu’il réduise son empreinte carbone. César Dugast et Alexandre Franc ont calculé l’impact réel des écogestes individuels. On apprend ainsi qu’adopter un régime végétarien est l’écogeste star en matière d’impact. Mais il faut surtout souligner qu’il faut que notre société se transforme en profondeur. Joséphine Lebard et Hélène Becquelin abordent une question qui touche en France au moins 2 millions de personnes et que l’on nomme « la précarité menstruelle ». Si le sujet prête à ricanement de la part du personnage masculin dans la bande dessinée, il est pourtant une réalité. On calcule un coût moyen de 7,50 euros par mois, ce qui peut sembler modeste dans un premier temps, mais la somme prend tout son sens quand on sait qu’un étudiant sur 5 vit sous le seuil de pauvreté. Il y a aussi des risques réels pour la santé car, parfois, la tentation est de vouloir garder plus longtemps que prévu une protection ce qui peut avoir des conséquences. Encore une fois, cela doit être vu comme une question de société et des féministes militent pour que le sujet des règles soit plus visible dans l’espace public. Les choses peuvent évoluer comme le montre la décision de l’Ecosse qui a décidé en novembre 2020 de permettre aux femmes d’accéder gratuitement à des protections périodiques.

Une histoire du Liban

Wilfrid Lupano et Pozla proposent un reportage en plusieurs fois sur le Liban et son histoire. Le reportage commence par la, situation actuelle dans la région : plus de 500 000 morts en Syrie, 7 millions de déplacés à l’intérieur du pays et une population qui fuit le pays. On repart ensuite au début du XX ème siècle pour une explication de la politique des mandats. On évoque le recensement de 1932 avec un système basé sur les communautés religieuses et favorisant les chrétiens alors majoritaires. Le reportage varie les échelles et rappelle la création de l’Etat d’Israël en 1948. Dans la deuxième moitié du siècle, le Liban est le jouet de plusieurs forces étrangères. Lorsqu’aujourd’hui des Syriens se réfugient au Liban on peut constater des rancoeurs car il y a quelques années la Syrie a utilisé le Liban dans sa stratégie régionale. Le reportage se poursuivra dans le prochain numéro.

On vous dit tout

On peut ranger plusieurs entrées de ce numéro derrière ce titre. « Sans cliché » révèle le hors champ d’une photographie, ou du moins ce qu’on ne perçoit pas forcément. La plage de Maya Bay est une des plus photographiées au monde. On estime que plus de 6000 personnes y passent chaque jour et beaucoup d’entre elles réalisent le même cliché paradisiaque. « Cash sexe » aborde le thème de la contraception en présentant d’abord la palette de ce qui existe. Le reportage précise qu’il n’existe pas un moyen de contraception meilleur que les autres. Il précise que le stérilet et l’implant sont de plus en plus choisis. Il conclut avec l’expression de charge contraceptive car, comme dans beaucoup d’autres domaines, la responsabilité incombe très souvent à la femme. « Mauvaise langue » traque les traces de l’anglais dans la langue française. Quant aux « Classiques de Patrique »,  ils présentent le premier super héros de tous les temps en la personne de Gilgamesh.

Des métiers à découvrir

On découvre aussi dans ce numéro le métier d’éducatrice de chiens guides. Anne raconte en quoi consiste son métier. Elle explique notamment que ce type de chiens peut aider les aveugles mais aussi des personnes qui ont des problèmes de vue. Eduquer le chien signifie concrètement parcourir des dizaines de kilomètres à pieds chaque semaine par tous les temps et en toute saison. Il y a ensuite une étape cruciale : celle de l’intégration du chien chez son nouveau propriétaire. Il faut aussi savoir que l’éducation de ce genre de chien revient à 25 000 euros. Dans « les maîtres du jeu », on découvre un autre métier, celui de développeurs de jeux vidéo, et le tableau n’est pas très positif. Ils travaillent beaucoup et à 84 % il s’agit d’hommes. Des affaires de harcèlement comme chez Ubisoft ont commencé à soulever le voile et ont aussi mis au jour les rythmes infernaux auxquels certains étaient soumis.

Au menu du Topo de rentrée, on continuera d’explorer l’histoire du Liban et, à l’heure de la rentrée des classes, le magazine s’interrogera sur le système des notes. Ce sera aussi le moment où le feuilleton sur le 11 septembre sortira sous forme d’un album.

Jean-Pierre Costille