La revue Topo nous entraine en Alaska, autour de la question des conséquences du réchauffement climatique, et nous propose aussi d’en savoir plus sur Interpol ou encore de réfléchir à la logique d’une chaine information comme C-News.

Coup de chaud en Alaska

Le reportage commence en juillet 2019 et on a, au départ, un peu de mal à se rendre compte qu’on se situe en Alaska puisque la température affichée est de 32 degrés. Cela crée une nouvelle situation avec davantage de bateaux en circulation et donc potentiellement davantage de risques d’accidents. La zone a déjà subi des catastrophes comme en 1989. Ensuite, le reportage se focalise sur la ville de Nome où vivent beaucoup d’Inuits. Le changement climatique a déjà eu d’importantes conséquences sur leur mode de vie et risque de remettre en cause toute une culture inuit. Sébastien Daycard et Alex Puvilland intègrent le témoignage d’habitants comme Esther et de scientifiques qui tous s’inquiètent de la situation . Ces derniers  mettent en avant les risques liés à la fonte du permafrost. Ils remarquent que la mortalité des phoques est désormais cinq fois supérieure à ce qu’elle était auparavant. On découvre un journal rédigé par des « trappeurs-journalistes » qui constatent eux aussi les ravages du réchauffement climatique.

Madonna, des bulles, des poils et des abeilles

« Ça part en live » montre comment certains chanteurs actuels s’inspirent de morceaux plus anciens. S’agit-il de plagiat ou d’hommage ? C’est plutôt vers cette SECONDE tendance que penche le sens de l’article en soulignant l’importance d’artistes comme Madonna, David Bowie ou Lauryn Hill. « Clair et net » nous éclaire sur le phénomène des bulles de filtre. En effet, pris par les algorithmes utilisés aussi bien PAr Facebook, Youtube ou Instagram, on risque rapidement d’être enfermé dans un type de contenu, bien loin de la promesse de nouveaux horizons à laquelle on associe parfois ces technologies. « Cash sexe » évoque la question des poils où l’on apprend que 22 % des femmes s’épilent intégralement le sexe et que le phénomène est davantage présent chez les jeunes. Pourtant, il ne faut pas oublier non plus la fonction de protection que peuvent avoir les poils. Face à ce que que certaines considèrent comme des diktats, un mouvement s’est développé où garder ses poils devient aussi une façon de revendiquer son identité et sa liberté. « Ça tourne pas rond » revient sur le feuilleton qui a vu les pesticides tueurs d’abeilles autorisés récemment, après avoir été interdits en 2018. Le reportage montre l’opposition entre cultivateurs de betteraves et protecteurs des abeilles. Il est indéniable que la filière de la betterave à sucre représente une filière industrielle de plus de 46 000 personnes et donc un poids certain. 

Qu’est-ce que la réalité ? 

Plusieurs articles, et dans des registres différents, posent à leur façon la question de la réalité. Il y a d’abord Pochep qui, avec sa patte habituelle, met le doigt sur la logique de clash d’une chaine comme C-News. Dans l’offre des chaines d’information elle doit se démarquer et c’est de cette façon qu’elle a choisi de le faire. Peu importe la réalité finalement, l’important est de faire du buzz. «  Les maîtres du jeu » posent la question du réalisme dans les jeux vidéo. Un rapide historique montre d’abord comment le réalisme s’est amélioré avec le temps et, pourtant, on peut se demander si c’est si important que cela. En effet, jouer n’est-il pas un moyen de s’évader de la réalité et, en plus, le succès n’est pas forcément lié à ce paramètre. L’article élargit cette question en montrant qu’à d’autres époques d’autres médias se la sont posée comme le théâtre au XVII ème siècle. « Tête à tête » propose le portrait de Rémy Buisine, le journaliste de Brut, très populaire sur les réseaux sociaux et qui développe une autre façon très immersive de faire du journalisme pour montrer la réalité. 

Travaillons notre français

« C’est quoi ce travail » nous fait découvrir le métier de comédienne à travers Pauline Clément, aujourd’hui pensionnaire de la Comédie française. Son parcours n’a rien de linéaire puisqu’elle a connu l’échec scolaire et elle n’était pas spécialement attirée par ce métier au début. « Mauvaise langue » raconte la mise en place de l’orthographe et insiste sur l’importance du XVII ème siècle mais aussi sur quelques particularités orthographiques comme nénuphar. « Les classiques de Patrique » permettent de tout savoir sur « La petite Fadette » et invitent à voir plus loin que le nom de son autrice George Sand. En effet, dès qu’on parle d’elle on a souvent tendance à évoquer sa vie privée, risquant d’oublier qu’elle a produit une oeuvre vaste, sociale, féministe et engagée avec aussi bien des paysans, des ouvriers que des  femmes libres et savantes.

Kilimandjaro

Estelle Cholet et Sara Quod ont enquêté sur le tourisme dans le Kilimandjaro. Après avoir situé la montagne dans son contexte, on apprend que son ascension dure en moyenne une semaine et que cela a développé toute une économie autour de cette activité. Il y a les guides et les porteurs beaucoup plus nombreux, comme Elisha que l’on découvre dans ce reportage. On compte en moyenne trois porteurs pour un touriste. Le tourisme, c’est 15 % du PIB du pays. Grimper le Kilimandjaro n’est pas à la portée de tous et même les locaux éprouvent parfois le mal des montagnes. Moshi est la ville la plus proche du Kilimandjaro et elle bénéficie des retombées touristiques. En effet, elle affiche des indicateurs plus favorables que la moyenne nationale. Aujourd’hui, on estime que 10 000 personnes vivent de cette activité. Les choses évoluent aussi avec un travail pour mettre en place une réglementation plus protectrice et un salaire minimum décent. Le pays était dirigé par John Magufuli, qui est mort depuis le reportage, sans doute de la Covid alors qu’il en niait l’existence et la dangerosité.

Après l’épisode 2 de la série sur le 11 septembre 2001, Topo propose, comme à chaque fois, un petit tour dans les coulisses de trois reportages. Il est temps ensuite de dessiner le programme du 29 ème numéro avec une enquête sur les livreurs Uber ou encore un décryptage du patriarcat. 

© Jean-Pierre Costille