Topo 41 invite le lecteur à l’Opéra mais aussi en prison. Comme à chaque fois, il offre son lot de découvertes avec le métier d’écuyère et de quoi en savoir plus sur les mégabassines.

Corps de ballet

Awa Joannais, 23 ans, témoigne sur la vie de danseuse qui est loin d’être idyllique. Avec quatre autres danseurs de l’Opéra de Paris, elle dénonce la situation qui leur est faite en raison de leur couleur de peau. C’est en échangeant avec eux qu’Awa a réussi à mettre des mots sur ce qu’elle vivait. Ils ont tous expérimenté au moins une fois que le fait d’être noir était problématique. Ils sont sans cesse renvoyés à leurs origines sous forme de questions apparemment anodines  où on leur demande d’où ils viennent. L’un d’entre eux nomme cela une « micro agression raciste ». La publication de leurs revendications a amené l’Opéra de Paris à réagir. Une enquête a confirmé ce qui avait été dénoncé. Des changements commencent avec le fait, par exemple, que les maquilleurs et coiffeurs adoptent désormais des produits adaptés à chaque couleur de peau. De façon générale, le monde de la culture et des médias est encore loin de refléter la diversité de la société française. Depuis 2014, des écoles supérieures d’art dramatique ont ouvert des dispositifs «  égalité des chances ».

Annie, Hoshi, Lomepal et Anish

Annie Ernaux est une figure de la littérature contemporaine. « Face à face » dresse le portrait de cette écrivaine féministe et engagée qui dérange. Elle n’est que la seizième femme en 121 ans à recevoir le Nobel de littérature et la première française. Son style est souvent présenté comme sans fioritures et elle écrit pour « venger sa race » comme elle l’a dit elle-même.

« Clair et net » met en avant le problème du cyberharcèlement à travers notamment le cas de Hoshi. Des personnalités moins médiatiques comme Juliette, jeune bordelaise influenceuse de 15 ans, ont subi le cyberharcèlement. Cette dernière s’est donné la mort en 2021.

« Ca part en live » cherche à comprendre le phénomène de l’inspiration chez les artistes. Le reportage parle entre autres de Lomepal. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a pas de règles pour trouver l’inspiration.

L’artiste Anish Kapoor fait l’objet d’un portrait. Ce plasticien et sculpteur, fasciné par le noir et le rouge, laisse rarement indifférent. Il est l’auteur notamment de « Cloud gate », cette sculpture monumentale qui trône à Chicago.

La réalité de la réalité

« Capture d’écran » s’interroge sur le rapport entre fiction et réalité. Pour coller à cette dernière, les scénaristes américains citent l’actualité et s’appuient sur des faits divers. Le reportage évoque la série « Plus belle la vie », véritable phénomène de société. Le feuilleton a duré 18 ans et a totalisé 5 000 épisodes rassemblant jusqu’à  7 millions de spectateurs. Si on change de pays, un soap opéra britannique est diffusé depuis 1960 et compte aujourd’hui plus de 10 000 épisodes.

Eva Tapiero et Singeon se penchent sur les Segpa pour démêler le vrai et les clichés. On suit des élèves et des professeurs dans leur quotidien. Il y a notamment Gilles qui enseigne en lycée pro et en Segpa. Un film de 2022 a fait polémique en véhiculant les pires clichés sur cette section. Les parcours de Mathilde ou de Kylian sont les meilleures réponses à ce film. « Cash sexe » aborde aussi à sa façon la question de la réalité en évoquant le coming-out.

Pêle-mêle

Pochep présente le e-sport. « Sans cliché » propose d’en savoir plus sur le cheerleading, ce mélange d’acrobaties, de sauts et de portés qui sert à encourager les joueurs de football ou de baskets aux Etats-Unis. Brian Finke, photographe, a documenté cet aspect de la vie estudiantine en étant gentiment ironique mais jamais cruel.

« Les maîtres du jeu » s’intéresse aux légendes urbaines dont regorge le jeu vidéo comme celle de Polybius. Ce jeu était présenté comme addictif et entrainait, selon la légende, des effets secondaires puissants comme des hallucinations ou des amnésies. Du côté des métiers, Topo propose d’en savoir plus sur le métier d’écuyère à travers le parcours de Salomé, 23 ans.

Prisons, la suite

Il s’agit du deuxième numéro consacré aux prisons françaises. En 2020, la Cour européenne des droits de l’Homme a condamné la France pour traitements inhumains et  dégradants  des détenus. Depuis, rien n’a vraiment changé. On compte 72 000 détenus pour 60 000 places. Les cellules sont mal isolées et les prisonniers ont du mal à se faire soigner. Ils sortent en moyenne 3h40 par jour de leur cellule alors que ce devrait être 8 heures. Surtout, et cela est souvent dénoncé, la prison mélange des personnes aux profils très différents. Le reportage n’oublie pas de signaler également les conditions de travail difficiles des surveillants.

Les mégabassines

Voilà bien un sujet qui a agité récemment les débats. Topo part du cas de Sainte-Soline. Ce réservoir est le plus important des 16 mégabassines qui doivent équiper d’ici 2025 le bassin versant de la Sèvre niortaise. Ces bassins artificiels sont des trous creusés et recouverts d’une bâche plastifiée qui les rend étanches. Ils servent à irriguer au moment où l’eau manque. Contrairement aux idées reçues, ils ne sont pas remplis par les pluies mais par pompage en hiver dans les nappes souterraines et cours d’eau. Le reportage donne ensuite la parole à de nombreuses personnes dont plusieurs spécialistes pour que chacun puisse se faire son avis.

Topo 42 se demandera quand et pourquoi la France a-t-elle interdit les drogues et il se penchera aussi les îles en voie de disparition.