Présentation de l’éditeur. « Suite et fin de l’extraordinaire épopée forgée dans le sang, les cris, l’amour et les vapeurs d’opium, d’une simple courtisane devenue La Dame Dragon, l’impératrice Tseu Hi, dans la Chine impériale du XIXe siècle.
1861, la révolte Taiping taille en pièces l’armée impériale. La route de Shanghaï leur est grande ouverte. Dans son palais, Tseu Hi doit trouver une solution pour sauver son empire. Si Shanghaï tombe, les Taiping contrôleront les routes commerciales puis le pays. Tseu Hi envisage alors de demander de l’aide aux Occidentaux. Mais elle sait que les gardiens de la tradition ne lui feront pas de cadeau… ».
Avec du retard, nous faisons le recensement du second volume de Tseu Hi, la Dame Dragon, chez Delcourt. Ce titre appartient à la collection « Les Reines de sang », démarrée en 2012 chez Delcourt avec Aliénor d’Aquitaine (6 volumes déjà parus depuis) et Isabelle de France (2 tomes). Cette collection s’est enrichie depuis de nombreuses figures féminines de notre histoire au sens large, de Cléopâtre à Jeanne de Bourgogne, en passant par Frénégonde, dont nous avons déjà fait plusieurs recensements sur la Cliothèque. Cette collection est clairement à louer par sa qualité et disons-le d’emblée, ce volume ne déroge pas à la règle.
Cette bd est consacrée à Tseu Hi, impératrice douairière de la fin du XIXe siècle en Chine et connue également sous le nom de Cixi, « mère vénérable » en chinois. Ce personnage haut en couleurs, en ambitions et en caractère n’était pas forcément prédestinée au destin qui est le sien, à savoir mère d’un empereur chinois et principale instigatrice politique de la dynastie Qinq jusqu’à sa mort en 1908. Dans sa quête de pouvoir, elle est accompagnée de Li Lieng Ying, eunuque intrigant et ambitieux, dans une relation aussi passionnée qu’intéressée et parfois perverse.
Ce second tome est toujours écrit par Philippe Nihoul, journaliste et ancien membre du journal Spirou. Il a écrit les scénarii de nombreuses BD comme Commando Torquemada chez Fluide Glacial. Il est accompagné pour le dessin par Fabio Mantovan, auteur notamment de la série Lothario Grimm chez les Humanoïdes associés. C’est une très bonne inspiration de la part de Delcourt que de confier les tomes autour d’un personnage de cette collection aux mêmes auteurs : il y a une continuité dans le style et dans l’atmosphère qui rend la lecture d’autant plus agréable.
Cette BD est dans la continuité temporelle de la précédente. Tseu Hi est arrivée au pouvoir et elle compte bien y rester en s’appuyant sur Li Lieng Ying, consacré Grand Eunuque impérial. Le duo doit faire face à un contexte extrêmement tendu dans cette Chine de la fin du XIXe siècle: entreprises coloniales européennes, traités inégaux autour de l’opium, révoltes civiles comme celles des Taiping et des Boxers, oppositions aux modernisations venues d’Europe.
Cette suite se veut clairement plus complexe encore politiquement. En effet, en plus de ces contestations, Tseu Hi doit subir et gérer les velléités du futur empereur; dont elle a la charge officiellement jusqu’à la majorité, de devenir indépendant. Les auteurs nous dépeignent ainsi l’ensemble des intrigues de cour qui prennent une importance d’autant plus forte que la Chine est clairement en danger.
Enfin, à travers ce fil conducteur déjà chargé, nous assistions à l’évolution des relations entre les deux personnages principaux. Ce duo, lié et rongé par l’ambition, se révèle au fur et à mesure d’une solidité et d’une profondeur rares, qui tend à se transformer en mélange entre amour et amitié, qui rend les personnages plus humains, plus sincères, presque attachants.
Les deux volumes de Tseu Hi sont donc une vraie réussite. La plongée dans la Chine du XIXe siècle est enthousiaste et accrocheuse. Les personnages principaux, comme secondaires, sont intéressants et profonds car transportés au milieu de changements et de nouveautés bouleversants. Un plaisir réel du début à la fin.