Une œuvre documentaire, volontairement très lente pour se mettre au rythme des habitants, qui laisse la parole aux acteurs et aux images. Une immersion dans trois situations où l’eau est au cœur de la vie quotidienne.

Non sans paradoxe, le film commence au Bangladesh avec des scènes au ras de l’eau avant de nous conduire au Kazakhstan au bord d’une mer disparue loin à l’horizon et de finir par une plongée dans un bidonville de Nairobi.

Trois situations, trois difficultés à vivre le quotidien avec ou sans eau.

Ce documentaire comprend trois parties de 20 à 30 minutes chacune et une très courte bande annonce qui, en quelques images pose la réflexion d’un Kenyan: « Tout le monde ne peut pas avoir l’eau potable, on n’est pas égaux. »

Une utilisation en classe, en seconde en particulier, semble tout à fait possible en choisissant l’un des sujets ce qui est possible puisque le DVD propose une entrée par chapitres, chaque situation géographique étant même découpée en deux temps: constat et paroles d’habitants. Pas de voix off, quelques sous titres informatifs, l’essentiel de la bande son est constitué d’ambiances sonores qui nous plonge dans l’atmosphère du lieu et quelques paroles d’habitants sous titrées.

Bangladesh – la mousson

Tout d’abord au Bangladesh, des scènes de marché, un clip vidéo bangladeshi sur la rivière, un panorama lent de la vie sur les îles. Le phénomène choisi pour ce pays est celui de la mousson, non pas dans ces aspects climatiques mais pour ces conséquences: comment faire face dans cette région à fleur d’eau, les migrations d’une île à l’autre devant la montée des eaux en emportant sa maison, de l’eau partout et pourtant pas d’eau potable. On assiste au démontage des murs de tôles ou palissades végétales et des toitures qui déposées sur une embarcation emmène la famille vers une autre île, presque aussi basse., une femme évoque cette vie misérable les pieds dans l’eau où, paradoxe, elle ne peut trouver d’eau potable pour boire, faire la cuisine… les gestes essentiels de la vie quotidienne. Jusqu’où les conduira cette fuite devant la montée des eaux?

Kazakhstan – Nostalgie

L’opposition est brutale avec le second film, Aralsk, autrefois port sur la mer d’Aral, aujourd’hui à environ 100 km du rivage. Paysage de désolation sèche où les chameaux errent entre les carcasses de bateaux échoués, la nostalgie, sous-titre de cette seconde partie, s’exprime dans la rencontre d’un vieux capitaine, des anciennes ouvrières d’une conserverie, interviews présentées en alternance avec de vieilles bandes d’actualités soviétiques: la pêche en 1959 ou l’inauguration des systèmes d’irrigation à partir des eaux du Syr-daria. Enfin comment vivre du poisson séché quand la mer est si loin et les habitants partis? C’est l’évocation de la difficile survie d’une famille, la vente clandestine dans un train qui roule vers Moscou mais aussi l’espoir des enfants à travers le dessin, une solution?

Nairobi – vendeur d’eau

On est plongé ici à Kibera, grand bidonville de Nairobi, traversé par la voie ferrée, des hommes, des femmes en marche, bidon à la main, vers un point d’eau, plus ou moins lointain, plus ou moins alimenté.
De cette eau rare, des hommes en ont fait un métier: vendeurs d’eau, porteurs d’eau. On rencontre tour à tour, un restaurateur qui_ dit combien cette eau lointaine lui coûte d’efforts et de temps pour son petit commerce, les différents intermédiaires: le vendeur assis à côté de son robinet qui attend le client et parfois l’eau, le porteur qui traverse les allées chaotiques du bidonville derrière sa brouette. A noter l’évocation cruelle du sort réservé aux voleurs, des mots qui peuvent choquer.
C’est ensuite au tour des femmes d’évoquer les usages de l’eau dans une famille (soins des enfants, du ménage, de la lessive), le coût de chaque bidon, le rôle des femmes, des hommes dans la société, « aller chercher l’eau » est une tâche féminine qui dévalorise l’homme qui s’y consacre. Rapidement la question de l’inégal accès selon les quartiers est posée, de même que dans ce bidonville de Kibera existe l’eau officielle et les points d’eau clandestins tolérés par une administration souvent corrompue. On assiste à une étrange cérémonie religieuse, syncrétisme, à n’en pas douter, entre christianisme et animisme. Enfin Quelques habitants nous disent leur rêve: avoir accès à une eau courante et fraîche.

Il se dégage de ce documentaire une ambiance, une empathie envers des femmes, des hommes démunis face au manque d’eau, source de vie.

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