Un si petit jouet qu’il tient au creux de la main. C’est le jouet préféré d’une petite fille, une petite poupée qui s’appelle Léo, un prénom court comme sa taille. Léo tient dans sa poche, dans sa trousse, dans son gant en laine. Il dort dans une boite d’allumettes. Il ne mange pas beaucoup : quelques miettes de pain, un ou deux petits pois, deux grains de grenade rose….

Pourquoi si petit ? Pourquoi pouvoir l’emmener partout ? Tout simplement « si un jour la guerre revenait, sans rien demander à personne, j’emporterais Léo dans ma poche ». Cette petite fille avait laissé Noki, son grand ours blanc, trop grand pour entrer dans les valises quand des croix de fer ont volé dans le ciel. Trop grand quand il a fallu partir de son autre maison, de son autre pays.

 

Mais la petite fille, grâce à Léo, se fait une amie. En effet,  Flora a également une toute petite poupée, Pipa, aussi petite que Léo. Flora n’a pas connu la guerre mais ses parents se sont séparés. Elle a donc deux maisons et c’est plus facile d’aller de l’une à l’autre avec sa toute petite poupée.

 

Avec des mots tout simples, une petite histoire racontée à la première personne du singulier au service d’un sujet grave. Le départ, la séparation d’avec sa vie d’avant, l’abandon de son quotidien pour des enfants déracinés. Les raisons peuvent être diverses : la guerre, les événements de la vie comme un divorce…

Irène Cohen-Janca a trouvé le ton juste pour s’adresser à ses lecteurs, notamment les plus jeunes.

Les illustrations de Brice Postma Uzel sont stylisées, dans les tons rouge, vert, bleu et argenté. Il joue sur les contrastes, les lignes et la transparence. Les petites filles sont représentées de profil, sans détail, ce qui permet à chacun de pouvoir s’y identifier. Les poupées sont au centre des illustrations, avec un regard un peu étonné, innocent sur le monde.

Un sujet grave pour un joli livre, mais cela pourrait permettre de dédramatiser certaines situations, de libérer la parole en passant par un objet de substitution. En classe pour discuter sur le déracinement ainsi que sur le sort des enfants de pays en guerre ou sur toutes situations impliquant un départ. Sur la notion de laisser derrière soi des biens mais aussi une vie et de recommencer dans un ailleurs.