La bataille de Marengo intrigue car elle relève d’une situation ou plutôt d’un imbroglio politique, militaire et stratégique.

Le choix du sabre constitue une saga historique construite autour de faits et d’acteurs qui convergent vers le lieu emblématique d’une victoire napoléonienne : la plaine de Marengo.

Après avoir contextualisé ses propos, Jean-Pierre Nucci s’emploie à composer un récit romanesque où personnages réels et personnages fictionnels s’entremêlent.

Le temps semble suspendu à une défaite qui se transforme en victoire, (le 14 juin  1800), après le coup d’État du 18 brumaire, (9 novembre 1799). Les Français semblent fragilisés face à une deuxième coalition forte de l’Autriche, l’empire ottoman, la Russie et l’Angleterre qui n’ont qu’un but, destituer le général victorieux pour restaurer la monarchie des Bourbons.

Ce roman enchaîne les lieux avec rapidité. De Gênes à la Haute Égypte, de la Ligurie jusqu’au Piémont, les belligérants s’affrontent : l’armée de Bonaparte face à celle du Saint-Empire romain germanique commandée par le Feld-Marechal Von Melas.

Après un contexte révolutionnaire perturbé, le peuple aspire à la paix. Le premier Consul, revenu d’Égypte cherche un coup d’éclat militaire dont il détient le secret, une victoire éclair et inespérée afin de redorer son blason.

L’auteur livre un récit tourbillonnant. Les chapitres se succèdent, sans respecter la chronologie. Disposés en chiasme, ils rapportent alternativement, les faits de l’Armée d’orient en Égypte et les mouvements des troupes françaises au Nord de l’Italie pourtant espacés d’une année.

A Gènes d’abord, les Français s’enlisent dans un siège mené par l’intransigeant général Ott qui entend envahir ensuite la Provence.  Il s’agit de tenir en attendant des renforts venant du Piémont. Ivrée, sera le point de ralliement de l’armée de réserve qui passera le col du Grand Saint-Bernard « comme l’ont fait Hannibal et Charlemagne ». Puis ce sera Monte Cretto en mai 1800, un guet-apens fomenté par les  Autrichiens qui se retourne contre eux. Le général Soult est cependant fait prisonnier. Après avoir attendu au défilé de la Stradella sur les contreforts des Apennins, Bonaparte change de tactique. Il décide de diviser son armée en trois afin de couper la route aux Autrichiens. 

Le centre de l’ouvrage revient sur les circonstances du coup d’État militaire de celui, que ses ennemis appellent « le petit caporal », source unique de sa volonté de vaincre afin d’asseoir son pouvoir.

Le 9 juin, la victoire de Lannes et de Desaix à Montebello prépare la décision finale. Alors que Bonaparte cherche la position des troupes ennemies, de terribles combats s’engagent et s’avèrent vite défavorables aux Français. Mais l’arrivée surprise de la cavalerie de Desaix dénoue la situation au prix de sa vie. Il permet un revirement de situation, ce qui favorise la victoire décisive du 14 juin à Marengo.

Ce succès permet à Bonaparte de forger une image de chef victorieux. Il propulse la bataille à la postérité même si la guerre n’est pas terminée et que les combats continuent en Allemagne.

Cet ouvrage est-il un roman ou un documentaire ? Les deux certainement, tant les personnages, les lieux et les faits sont documentés.

Les lecteurs suivent les tribulations romanesques d’Émile Ducoroy, qui sera acteur de toutes les péripéties racontées, de l’Égypte au coup d’État à Saint-Cloud, de la défaite de Gènes à la victoire de Marengo.

Ce héros représente un intrépide hussard de la République fasciné par Bonaparte. Il choisit le sabre et l’obéissance, envers et contre tout. Rien ne le fait dévier de son fameux destin, ni la beauté du désert, ni les sites antiques découverts avec Vivant Denon, ni les yeux d’une bédouine qui s’attache à lui, ni les horreurs des combats auxquels il échappe miraculeusement. Seuls comptent le panache, la gloire et la victoire de son maître.

Le récit d’un passionné pour des passionnés qui aiment sentir l’odeur de la poudre et la sueur sous le feu des armes et vivre les ors de la victoire pour une gloire éphémère.

« L’apanage des grands hommes est de voir au-delà des apparences. L’instant était militaire mais aussi politique ».