« Je m’en lave les mains », « A coeur vaillant rien d’impossible » ou « Il est encore plus grand mort que vivant ». Voici quelques unes des quarante phrases historiques présentées ici. Pourtant, comme le dit Anne Jonas, toutes ne sont peut-être pas véritablement prononcées. Mais même si tel est le cas, le simple fait qu’elles existent dit quelque chose de leur époque.

Des mots en images

Le livre commence par un sommaire agrémenté de multiples petits logos, et pour certains on en retrouve des déclinaisons comme les couronnes ou des poings brandis, signe que des thématiques se dessinent. Le livre est chronologique et court du IV ème siècle avant Jésus Christ à 1997. Il fait la part belle à l’illustration avec à chaque fois une répartition équitable entre texte et image. Il s’agit d’images à la fois simples et très colorées de Nancy Ribard.
La phrase célèbre est écrite en gros avec son auteur et sa date. A chaque fois, on trouve des éléments de contexte : c’est vraiment le plus de ce livre qui ne se contente pas d’aligner des phrases et un vague descriptif. Le livre se termine par une liste d’autres phrases historiques qui pourraient faire l’objet d’un tome 2. Selon l’âge on pourrait imaginer de faire illustrer aux élèves celles qui sont proposées en fin d’ouvrage. On peut remarquer que certains épisodes de l’histoire semblent plus propices aux « bons mots » et parmi eux la Révolution française.

« C’est une révolte ? Non sire, c’est une révolution ! »

Ce ne sont pas moins de huit phrases qui évoquent la Révolution française. On peut imaginer de les utiliser en cours pour donner de la chair aux événements. On pourrait aussi selon l’âge des élèves leur demander d’associer une image avec une phrase, comme un moyen de retenir quelques temps forts.
On retrouve les grands incontournables comme « Nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes » de Mirabeau ou encore « De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace ! » de Danton en 1792. Au-delà de la force de la formule, on retrouve donc le contexte dans lequel elle a été prononcée. Sur ce point le livre remplit parfaitement son rôle. On pourra mettre en avant quelques phrases moins célèbres, mais ô combien significatives, comme celle d’Olympe de Gouges disant : «  La femme a le droit de monter à l’échafaud. Elle doit avoir le droit également de monter à la tribune ». A travers cette citation, on pourra aborder la question de la place de la femme dans la Révolution française.

« La garde meurt, mais ne se rend pas, Merde ! »

Les guerres sont souvent des moments qui ont, ou auraient donné lieu, à des phrases célèbres. Parmi elles « Qui m’aime me suive », « Tuez-les, mais tuez-les tous pour qu’il n’en reste pas un pour me le reprocher » ou encore « Debout les morts ». A propos de cette dernière formule, on peut relever qu’elle est attribuée à l’adjudant Péricard en 1915. Jacques Péricard occupe alors une position dans le secteur de Verdun. Depuis le début de la guerre, les affrontements avec les Allemands ont causé plus de 800 morts. Péricard et ses camarades sont littéralement épuisés par les combats lorsqu’une attaque ennemie a lieu. Il lance alors cette formule devenue célèbre, et malgré une infériorité numérique, les Français parviennent à repousser les Allemands.

Celles qu’on n’a pas dites…

Dans cette catégorie on peut citer le « Après nous le déluge » de Madame de Pompadour, qu’elle n’a probablement pas prononcée en 1757. Mais, comme dit Anne Jonas, « il est intéressant de se demander pourquoi elle est réputée en être l’auteur. Le but recherché est sans conteste de faire passer cette femme pour un monstre d’égoïsme ». Quant au fameux « J’y suis j’y reste », il n’a probablement pas été prononcé par Mac Mahon, d’ailleurs pas vraiment réputé pour son sens des bons mots, du moins volontaires comme on va le voir.

…et celles qu’il n’aurait pas fallu dire !

Si certains ont prononcé des phrases devenues célèbres, comme Pierre De Coubertin avec « l’important c’est de participer », l’auteure précise qu’on pourra en revanche se dispenser d’autres actes du baron, comme lorsqu’il déclara que les Jeux Olympiques de Berlin avaient été les mieux organisés de tous les temps. Et que dire de Mac Mahon qui déclara : «  La typhoïde, je l’ai eue. On en meurt ou on en reste idiot… » !!

Cet ouvrage est une vraie réussite, agréable à l’oeil et distillant au long de sa petite centaine de pages de nombreuses connaissances. L’enfant découvrira les formules et d’autres passeront un agréable moment à assurer leur savoir ou à le préciser. Et alors, ce tome 2 ? car comme dirait un homme célèbre «  J’ai failli attendre ».

© Jean-Pierre Costille pour les Clionautes