Wake Up America est une trilogie écrite à six mains et éditée par Rue de Sèvres. L’auteur principal en est le député John Lewis. Inspirée de ses Mémoires ;  les textes de cette bande-dessinée  autobiographique  ont été mis en forme par son attaché parlementaire, Andrew Aydin, et le tout a été dessiné par Nate Powell.  Tandis que ce dernier a présenté en noir et blanc, tout en rondeurs et avec de subtiles ombres,  la vie du démocrate John Lewis, la version originale présente une couverture en couleurs et a pour titre The March. Véritable icône du mouvement pour les droits civiques, John Lewis est un des « Big Six » encore en vie,  les six grands étant les dirigeants des mouvements présents à la grande marche à Washington en 1963. La March on Washington for jobs and peace se termina devant le Lincoln Memorial, au cours de laquelle, Martin Luther King prononça son fameux « I have a dream ». John Lewis s’y exprima en tant que président du Comité de coordination non-violent des étudiants (Student  Nonviolent Coordintaing Commitee, à prononcer « Snick »).  Mais cet épisode ne concerne pas encore le premier tome de Wake Up America.

Ce premier tome est consacré aux années 1940-1960, soit la jeunesse de John Lewis. Né en Alabama de parents fermiers, John Lewis  enfant,  désire devenir pasteur et c’est ainsi que ses premières ouailles sont des poulets qu’il essaye de baptiser et à qui il délivre ses premiers sermons ! Comme il porte une cravate, les adultes lui disent qu’il ressemble d’ailleurs à un prêtre. Mais il faut attendre ses seize ans pour qu’il prononce son premier véritable sermon ; ce qui lui vaudra un entrefilet dans le presse locale qui le présente comme le « boy preacher ».

Le moment fondateur est la découverte du Nord quand il passe ses vacances d’été chez un oncle à Buffalo (dans l’Ohio). Là-bas, avec effarement, quand il arrive dans la maison chez son oncle, il déclare : « Je n’en revenais pas… Ils avaient des voisins blancs. De chaque côté ». Puis adolescent, les médias (journaux, radio) jouent un rôle décisif pour lui puisque c’est grâce à eux qu’il découvre, pour la première fois, les premiers arrêts de la cour constitutionnelle contre les lois ségrégationnistes et les discours de Martin Luther King Jr. Ce dernier, devient, d’ailleurs un modèle pour lui. Devenu étudiant, il applique les principes de non-violence à Nashville. Sa famille et lui mènent ainsi le boycott des bus à Montgomery après « l’affaire Rosa Parks ».

Ses premières actions « concrètes » sont des sit-in test dans les restaurants des grands magasins menés  avec des étudiants (noirs et blancs). Grâce à leur combativité et leur pugnacité, ce premier combat est remporté en 1960 ! Le maire rend enfin les comptoirs mixtes ! C’est sur cette victoire, menée par John Lewis étudiant, que se clôt le premier tome. Cependant, la suite est attendue puisqu’en prologue de ce premier tome, un évènement majeur de 1965 est présenté sur les premières pages. Il s’agit de la première marche sur le pont Edmund Pettus qui relie Selma à Montgomery, connue sous le nom de « Bloody Sunday » car la répression fut sanglante. Seul le début de l’action est présentée dans les premières pages du tome 1, afin de donner envie de découvrir la suite de la lutte menée par John Lewis, en particulier ces marches qui revendiquaient l’inscription des Noirs Américains sur les listes électorales en Alabama.

Ce premier tome présente la complexité de la lutte pour les droits civiques. Comportant des risques (et parfois mortels), cette lutte n’est pas linéaire et n’a pas soulevé une unanimité totale au sein de la communauté noire quant aux méthodes à employer. De même, Wake Up America, montre les différences entre les générations, entre les plus jeunes, qui veulent aller jusqu’au bout de leurs revendications et les plus âgés, qui apparaissent plus modérés. Né dans un Alabama rural, John Lewis rencontre  au départ, des pasteurs moins enclins à revendiquer des droits pour la communauté noire et paraissent, au départ plus résignés que ceux du Nord.

On conseille vivement cette trilogie pour tous les CDI des lycées ! Pour justifier son achat, cela s’inscrit aisément dans plusieurs projets. Un travail pluridisciplinaire (1) entre anglais et histoire peut être mené : les thèmes « Mythes et héros » ou « Lieux et formes de pouvoirs » (cycle terminale en LV, en séries générales et technologiques)  se retrouvent dans le programme d’histoire de terminale générale. L’achat en version originale pourrait également satisfaire des collègues de DNL.


Marie-Aline Tresson, pour Les Clionautes

1 : sur le site de la maison d’édition américaine, on trouve des liens fort intéressants à destination des enseignants pour une exploitation pédagogique de la bande dessinée : http://www.topshelfcomix.com/march