« Humboldt, l’homme le plus célèbre au monde après Napoléon, comme l’attestent ses contemporains, fut l’une des personnalités les plus marquantes et les plus fascinantes de son temps. »

Dans son Avertissement, Wulf commence par détailler sa méthodologie afin d’être au plus proche de von Humboldt, notamment le choix des traductions qu’elle sélectionne. Dans son prologue, elle s’attache à recontextualiser le personnage dans son époque, et notamment sa popularité .

Le livre s’ouvre ensuite sur une rubrique composée de cartes, qui vont nous permettre de suivre Humboldt dans ses différents voyages et expéditions : aux Amériques (1799-1804), au Venezuela (1800) et en Russie (1829). Afin de relater au mieux la vie de von Humboldt, Andrea Wulf décide de diviser la vie d’Alexander en cinq grandes parties.

Cette première partie permet de comprendre la construction de la personnalité d’Alexander von Humboldt. Son frère et lui sont très proches, peut-être est-ce à cause d’une relation avec leur mère très compliquée. Après ses études et son emploi assuré au service des Mines (il voyage beaucoup et s’ennuie malgré tout) il rencontre et débute une relation intellectuelle et amicale avec le grand Goethe. Après des mois d’échanges avec cet homme qui s’avère être un grand scientifique, et aidé par le décès de mère, Alexander décide de tout quitter pour enfin réaliser ce qu’il souhaite depuis tout petit : partir à la découverte du monde.

Ce premier voyage se fait donc en Amérique du Sud et plus particulièrement comme première étape le Venezuela. Un certain nombre de doute qu’il avait émis (notamment lorsqu’il était au service des mines) s’avèrent juste, puisqu’il les retrouve ici alors que l’environnement est complètement différent. « Ce fut au lac Victoria que Humboldt évoqua pour la première fois la possibilité d’un changement climatique provoqué par l’homme. » Après cette affirmation Wulf décide (comme à de nombreuses reprises, au fil du livre) de citer un extrait du journal de bord de von Humboldt. Son voyage aux Amériques est minutieusement décrit et après cinq ans d’absence von Humboldt rejoint l’Europe.

En août 1894, il arrive à Paris, après cette expédition, il revient couronné d’un succès triomphal : « Il rapportait de son expédition de plus de cinq années des malles remplies de dizaine de journée aux de voyages, de centaines de croquis, de dizaine de milliers d’observations météorologiques, géologiques et astronomiques. » Déçu par le changement de Paris en son absence, Humboldt se sent dépaysé, mais pour lui Paris est la capitale scientifique. En visite auprès de son frère à Rome, il échange intensément avec Simon Bolivar et Humboldt resonge à son voyage en Amérique du Sud et à Caracas. Une notion apparaît dans leurs discussions : la révolution. Un chapitre de cette partie est consacré aux révolutions et les liens qu’elles ont avec la nature. C’est alors que le mont Vésuve se réveille sous les yeux fascinés de Humboldt qui en profite pour alimenter son intérêt scientifique. Après de nouvelles pérégrinations en Europe, Humboldt est atteint de maladie centrifuge, il s’ennuie et « tourne en rond ». Il rêve alors, de nouvelles expéditions.

Le livre propose ensuite une quatrième partie qui s’intéresse en suite à l’histoire de la diffusion des idées Humboldtiennes. Les relations entre Charles Darwin et Humboldt sont relatées, ainsi que les points communs de ce dernier avec Henry David Thoreau : « la poésie, la science et la nature. »

La cinquième partie de l’ouvrage est consacrée au traitement des idées du « plus grand homme depuis le Déluge » (commentaire du roi de Prusse, à l’égard d’Alexandre Von Humboldt), et l’ouverture qu’elles apportent à ce monde repensé. Ainsi, Von Humboldt reste une des sources d’inspiration pour George Perkins Marsh, qui se propose par la suite d’enrichir la relation entre l’homme et la nature. John Muir propose alors une théorie de la protection de la nature qui donne naissance avec Ernst Haeckel à la pensée écologique.

Cet ouvrage, au style brillant et aux illustrations savamment choisies est une lecture plaisir et enrichissante à la fois que je recommande à tous les étudiants et professeurs d’histoire, de géographie et même de SVT. Un excellent moment en perspective !