Cette BD a pour ambition de nous faire revivre les derniers moments d’un des épisodes les plus fameux de la mythologie (ou de l’Histoire?) grecque, à savoir la prise de Troie par les Grecs. Relatée, notamment, dans l’Iliade d’Homère, cet épisode nous permet de comprendre à quel point les Hommes sont des pions dans les mains de dieux olympiens qui n’aiment rien de plus que se défier et se confronter à travers les mortels, qu’ils observent de si haut.

Si cette trame mythologique est bien présente dans les pages de cette BD, c’est un point de vue justement plus humain qui est donné à cette histoire de Troie. Malgré le titre et le résumé de la BD qui sembleraient nous orienter vers les Hittites, nous suivons bien le point de vue des 3 camps engagés dans cette bataille. Evidemment, les Troyens et les Grecs, cela semble logique, mais aussi les Hittites.

Wiloucha est le nom désignant la ville de Troie dans les archives hittites retrouvées dernièrement. Comme le montre le dossier historique présent en fin de BD, des découvertes archéologiques ont relancé le débat sur l’existence de cette ville dune part, sur la réalités de cette bataille d’autre part.

Les auteurs sont partis du postulat d’étudier la guerre de Troie à travers les soubresauts que connaît l’empire hittite, allié traditionnel des Troyens. Son nouveau souverain et dictateur, Hattusili III, qui a pris le pouvoir en renversant son neveu, est sollicité par Priam pour honorer son alliance et le secourir face aux Grecs.

Cette BD est un véritable coup de coeur et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, elle est magnifique. L’édition est qualitative, les planches sont précises et vivantes, les couleurs resplendissantes. Il faut mentionner ici à la fois le travail du dessinateur mais aussi de la coloriste, Emilie Beaud. Le rendu est enthousiasmant et apporte une véritable atmosphère à l’œuvre.

Ensuite, le triple point de vue apporte une densité inégalée à cette BD. Nous sommes au cœur des 3 camps, au milieu des doutes et des tensions. Nous plongeons dans une atmosphère remplie de virilité et de violence, où la part des femmes semble être réduit à des fonctions simples et utiles. Les intrigues politiques, particulièrement celles qui secouent le royaume hittite, densifient le mille-feuille que constitue l’aventure troyenne.

Les auteurs nous donnent aussi une vision comparatiste des 3 camps dans le domaine religieux. La BD ne porte pas sur un aspect mythologique de la guerre de Troie, nous l’avons dit. Elle en donne une approche socio-historique où la religion a toute sa place puisqu’elle est la base du fonctionnement de la société. C’est ainsi que les 3 camps sont représentés en train de prier, en train de solliciter leurs divinités respectives ou de pratiquer des oracles. Tout est interprété par la volonté divine. Mais c’est l’humain qui est acteur au quotidien, notamment dans les prises de décision liées à la guerre, aux alliances politiques ou encore dans le fait de faire rentrer un cheval géant dans l’enceinte de la ville.

Présentation de la BD sur le site de l’éditeur 

« 1270 av. J.-C. Le roi des Hittites, Hattusili III, fait régner la terreur dans sa capitale Hattusa. Pendant ce temps, sur la plage de Troie, Agamemnon cherche toujours un stratagème pour pénétrer les remparts de la cité mythique, après dix années de guerre. Le roi Priam, prêt à défendre Troie coûte que coûte, appelle désespérément à l’aide son allié Hattusili. Celui-ci répondra-t-il à l’appel ? Ou laissera-t-il les Grecs et les Troyens s’entretuer ? Sa décision pourrait bien renverser le cours de l’histoire… »

Présentation de l’auteur 

Mikael Coadou est professeur de français et de latin dans le Secondaire, dans la Somme, au collège Jean Moulin de Moreuil.

Présentation du dessinateur

« Né en 1990 à Montluçon, Benjamin Blasco-Martinez est originaire de Moulins (03). Bac L en poche, il intègre l’école Émile Cohl à Lyon dont il sort diplômé en juin 2014. Passionné de western il rencontre la fille d’Albert Bonneau pour adapter la jeunesse de Catamount. C’est cette adaptation qu’il présente au jury de son école… et que repère Olivier Petit, directeur éditorial de Physalis. L’aventure en BD commence. »