Carolyne Larrigton est professeur de littérature anglaise médiévale à Oxford et est spécialiste de la tradition arthurienne et des sagas nordiques. Le livre part à la recherche des racines médiévales des livres (Le trône de fer) et de la série (Game of Thrones) jusqu’à la saison 5.
L’approche par une spécialiste de la littérature médiévale nous renvoie souvent au cycle arthurien et aux sagas islandaises, peu connues en France, mais qui ont imprégné la culture anglo-saxonne. Cela nous permet d’aborder les mythes scandinaves d’une manière ludique. Les connaissances de l’auteur sur la société médiévale et son imaginaire permettent, en partant d’un évènement, d’une scène ou d’un fait social des mondes de R.R. Martin, l’auteur de A song of ice and fire (Game of Thrones), d’en rechercher les traces et les racines dans notre Moyen Age.
Le plan est original, puisque C Larrigton, a décidé d’étudier historiquement les sociétés du monde de Game of Thrones de façon spatiale. En partant du Centre, elle nous présente les particularités du Nord, de l’Ouest, d’au-delà du Détroit et enfin de l’Est. Par exemple le Centre est abordé par le Rang, la Naissance et l’Honneur, au Nord par Winterfell mais aussi les ancien dieux de la saga de R.R. Martins. A l’Ouest, qui est le centre du pouvoir, l’auteur nous présente l’art de la guerre amis aussi l’économie de Westeros ainsi que la foi des Sept. Les deux derniers chapitres nous présentent les territoires périphériques de Westeros : par exemple les cités libres et le rôle de la Banque de Fer (Au-delà du Détroit), puis les Dothrakis et Qarth et l’Orient lointain (L’Est). Elle démontre aussi par là que Westeros dépend d’une géopolitique plus complexe que l’affrontement pour le trône de fer.
Carolyne Larrigton domine son sujet et les comparaisons entre l’œuvre de R.R. Martin et les références médiévales en lien avec la société anglaise ou les mythes scandinaves sont toujours pleines d’à propos et dépassent les articles que l’auteur de cette recension a pu lire ici ou là dans la presse française. Les analyses Pour la comparaison du culte de R’hllor et du catharisme, l’auteur présente bien les enjeux de la croisade contre les albigeois mais elle reprend les vielles histoires sur les liens supposés entre le catharisme et le dualisme zoroastrien. Une phrase aurait pu dire que si R.R.Martin avait pu s’en inspirer, ces hypothèses ne sont plus d’actualité!
Ce livre s’adresse aux connaisseurs, car lorsque les personnages de Game of Thrones sont nommés ils ne sont pas toujours replacés dans leur contexte et l’auteur fait souvent références à des épisodes qui n’apparaissent que dans les ouvrages du Trône de Fer.
L’ouvrage est agréable à lire, intelligemment construit et pertinent. Il est néanmoins à réserver à ceux qui ont une connaissance de l’œuvre de R.R. Martin. Pour ceux qui ne connaissent que la série, le livre montre la richesse des livres du Trône de Fer, même si la saga n’est pas encore terminée et comment la série a du très largement simplifié les mondes de R.R. Martin.