Après avoir suivi des études d’économie et de mathématiques, Benoît Santiano travaille actuellement en tant que chargé d’études en finance. Le présent ouvrage est une réédition de poche d’une version parue chez Classiques Garnier en 2011.

Dans cet ouvrage, Benoît Santiano se propose d’étudier les phénomènes monétaires au Moyen Âge à la lumière des faits historiques et sociaux. L’ouvrage est composé en trois parties : les deux premières analysent deux pouvoirs qui s’affirment et coexistent tout au long du Moyen Âge : le pouvoir royal et le pouvoir marchand ; la troisième partie est l’occasion pour l’économiste d’analyser les formes monétaires qui émanent de ces deux pouvoirs et qui, là encore, coexistent, non sans heurts : la monnaie du roi et la monnaie des marchands.

Dès le début du XIIIe siècle, le pouvoir royal s’affirme par rapport à la féodalité, à l’Église, au peuple et également par rapport aux hommes d’affaires. Cette affirmation du pouvoir royal s’opère par la monnaie et par l’impôt : le roi impose sa monnaie à toute la société en contrôlant puis en arrêtant les monnayages des seigneurs locaux et en contraignant ses sujets à l’utiliser par le biais du paiement de l’impôt. On assiste ainsi, à la fin du Moyen Âge, à une monétisation de l’économie par l’impôt, au bénéfice du pouvoir royal.

Le deuxième pouvoir qui s’affirme au Moyen Âge est celui des marchands italiens. Ces hommes d’affaires, navigateurs et commerçants, profitent de la période des Croisades pour se risquer hors du marché local. Très vite, ils s’imposent et deviennent incontournables dans toute la Méditerranée. À partir du XIIe siècle, ils sont à l’origine d’une dynamique capitaliste essentielle : du développement de la banque locale et internationale, des lettres de change (et de rechange), des compagnies et de leurs succursales, de la Bourse, etc. Cette réussite dans tout le pourtour méditerranéen, l’homme d’affaires italien la doit à son esprit rusé et rationnel dans les affaires. On assiste ainsi d’un développement d’une mentalité rationaliste qui concurrencera l’Église et qui sera « une cause majeure de la Renaissance ».

Dans la troisième partie, l’auteur trace les rapports ambigus (entre rapports de forces et intérêts divergents) qu’il existe entre la monnaie du pouvoir royal (qui prend la forme métallique) et la monnaie du pouvoir marchand (qui prend la forme bancaire et scripturale). Il faut avouer que cette dernière partie a été plus difficile à aborder en tant que non-économiste tant Benoît Santiano entre dans le détail de calculs complexes pour nous expliquer le phénomène des mutations monétaires.

S’il fallait conseiller cet ouvrage à mes collègues historiens et géographes, c’est avant tout pour la lecture des deux premières parties afin qu’ils la mettent en rapport avec les programmes d’Histoire de Cinquième et de Seconde.

Dans le thème 2 – Société, Église et pouvoir royal dans l’Occident féodal – du programme d’Histoire de Cinquième, il est possible de se servir du présent ouvrage pour faire un lien entre villes et campagne en Italie au milieu du Moyen-Âge, lien qui est à l’origine d’un premier capitalisme dans la péninsule (Seconde partie – chapitre II). Toujours dans ce thème 2, on pourra amener les élèves à réfléchir sur l’utilisation de la monnaie (Première partie – chapitre III) et de l’impôt (Première partie – chapitre IV) dans l’affirmation de l’État monarchique dans le royaume des Capétiens.

Dans le thème 1 – Le monde méditerranéen : empreintes de l’Antiquité et du Moyen Âge – du programme d’Histoire de Seconde, on n’hésitera pas à utiliser toute la seconde partie de l’ouvrage pour développer un cours sur la création d’un empire maritime et commercial à Venise mais également – et surtout – pour faire un lien, qui n’existe pas forcément dans le programme d’Histoire de Seconde, entre l’affirmation du pouvoir marchand en Italie et le développement de la Renaissance en Italie. En effet, l’objectif du programme « vise à montrer comment l’effervescence intellectuelle et culturelle de l’époque aboutit à la volonté de rompre avec le Moyen Âge ». Il est très souvent question de rupture avec le Moyen Âge lorsqu’il s’agit d’étudier la Renaissance en classe. C’est l’occasion – avec l’étude du développement de la mentalité rationnelle chez les marchands italiens du Moyen Âge (Seconde partie – Chapitre 2 – 2.5. La mentalité rationnelle des marchands) – de connecter le thème 1 « La Méditerranée au Moyen-Âge » et le thème 2 « la Renaissance en Italie ».