Ancien élève de Sciences Po Paris, Florent Vandepitte est agrégé d’histoire.

Contrairement à d’autres publications de circonstances, présentées comme indispensables dans le cadre de la préparation des concours divers et variés, cette série de 100 fiches d’actualité pour les nuls présente d’incontestables qualités.

Florent Vandepitte, ancien élève de Sciences-po, est à cheval sur le second degré et l’enseignement supérieur.  Très investi dans les préparations aux concours, il appartient à cette catégorie de professeurs résolument et radicalement emprise avec l’actualité. La démarche qui est la sienne, outre de fournir un ouvrage extrêmement concret et complet pour les candidats qui doivent présenter des connaissances sur l’actualité de l’année écoulée, s’inscrit dans sa formation d’historien.

Tous les sujets qui ont fait et qui feront le monde de 2020, en dehors du Corona virus, se trouve présenté dans cet ouvrage.

En guise d’accroche pour cette recension, je présenterai les deux références trouvées dans l’index, page 356 et 249, sur le vaccin et la vaccination. La fiche 70 évoque en effet le scepticisme ambiant contre la vaccination, qui s’appuie sur une forme de défiance envers l’industrie du médicament. De façon un peu prémonitoire le retour de la rougeole. Cette maladie qui peut être parfaitement contrôlée par une couverture vaccinale étendue semble avoir tué cette année plus de patients que le virus Ebola.

Page 356, avec une certaine dose d’optimisme, on nous apprend qu’un vaccin contre le paludisme qui tue chaque année 500 000 personnes, l’OMS teste actuellement un vaccin au Kenya, au Ghana et au Malawi. La difficulté réside dans les quatre injections consécutives nécessaires, et dans une protection qui semble limitée pour l’instant à 40 %.

En ces temps d’information anxiogène à propos du Corona virus, il est bon de revenir parfois à quelques éléments fondamentaux. Il y a eu, il y aura, pour diverses raisons, comme le rétrécissement de la biodiversité et le réchauffement climatique, des pandémies et des épidémies auxquelles l’humanité devra répondre. La question sera de voir dans quel délai, et si les pires scénarios de science-fiction sur un choc virologique ou bactérien, ne se réaliseront pas ?

Au-delà de cette accroche sur l’actualité, il convient d’examiner évidemment la construction de cet ouvrage qui ne peut faire, on ne comprendra aisément, l’objet d’une recension fiche par fiche.

On appréciera donc la façon dont les différentes parties, sept au total, avec 15 chapitres, sont organisés.

Dans un monde sous tensions, la permanence de la guerre et les risques d’éclatement ouvrent cet ouvrage. On n’y trouve une analyse de la guerre en Syrie présentée comme un affrontement par pays interposé, un rappel salutaire sur la situation entre Israéliens et palestiniens, une présentation détaillée sur la guerre civile au Yémen, et même, avec un certain sens de l’anticipation l’évocation de l’accord avec les talibans en Afghanistan, présenté comme un retour en arrière.

Cela conduit tout naturellement à aborder les risques d’éclatement qui ne touche pas simplement les états faillis, mais également deux nations des îles britanniques, comme l’Irlande et l’Écosse. La question de la Nouvelle-Calédonie et de son autodétermination sont également abordées.

Ce monde sous tensions est composé par des sociétés divisées, tel est le titre de la deuxième partie. Creusement des inégalités, sous-alimentation endémique, crise des migrations, tels sont les sujets qui sont ici abordés.

Auteur également d’un l’ouvrage d’actualité comme « le Petit livre des gilets jaunes », qui ont défrayé la chronique pendant l’année 2019, Florent aborde dans le chapitre quatre une crise du vivre ensemble qui semble profonde. Retour de la violence politique, perte de confiance en la parole publique, société en crise à Mayotte, nettoyage ethnique contre les musulmans en Birmanie, tout cela ne suscite pas forcément l’enthousiasme, mais permet de conserver sur le monde qui va une certaine lucidité.

On espère un peu en ouvrant la troisième partie, « vers un monde plus démocratique », avec l’affiche 37 qui aborde l’espoir du soulèvement algérien ou fiche 41 la fin du système Castro à Cuba. Las, le chapitre six parle des libertés en danger et des effets du néolibéralisme et de la mondialisation libérale. Succès des populismes dans le monde, montée de l’extrême droit en Europe, montée en puissance de la Russie avec son nouveau tsar, victoire de Bolsonaro, le Trump tropical, qui réussit à être encore plus grossier et sexiste que son modèle, répression des minorités et surveillance généralisée en Chine, tout cela ne suscite pas un optimisme débridé. La mondialisation libérale n’apparaît pas comme forcément heureuse avec pour la fiche 63 le spectre du protectionnisme et l’heure de l’affrontement avec la Chine.

On pourrait espérer que, comme dans la partie cinq, les progrès de la protection de l’environnement ne suscitent quelques raisons de croire en un avenir meilleur. La prise de conscience est effective, même si très sagement on évite d’aborder le produit marketing que constitue la lycéenne suédoise qui n’a pas droit à une fiche dans cet ouvrage. On appréciera également que le chapitre sur la protection de la biodiversité, qui traite des avancées de la cause animale, page 284, n’aborde pas la tauromachie de tradition espagnole qui ne relève pas, disons-le clairement de la maltraitance animale, mais bel et bien du maintien de la biodiversité.

L’ouvrage apparaît donc comme extrêmement complet, avec un index soigneusement constitué, une centaine de questions d’actualité pour se tester, dix classements indispensables, et même dix gaffes diplomatiques, ma préférée étend celle de Justin Trudeau, premier ministre canadien, qui confond la Chine et le Japon.

On ne peut que conseiller cet ouvrage qui a vocation à être régulièrement réédité. Il ne concerne pas vraiment les nuls, mais il peut permettre à toute personne qui a besoin de références facilement accessibles sur l’actualité, de disposer d’un outil efficace.

Parmi les utilisateurs  potentiels de cet ouvrage, j’évoquerai les candidats au concours de l’armée de terre, du diplôme militaire supérieur au Bstat en passant par les ESP et l’EMIA. Au-delà des épreuves de spécialité qui varient selon les différentes armes, le socle de la culture générale ou des grandes questions contemporaines a également son importance. Et les candidats à ces concours qui fréquentent assidûment la rubrique « Clio prépas–armée », trouveront dans cet ouvrage bien des réponses aux questions qu’ils se posent sur le monde qui les entoure.