C’est sûr ! Pour vouloir être directrice de greffe, il faut vraiment avoir un grain…
Au mois de janvier, les éditions Futuropolis font paraître une BD très originale. Il s’agit de comprendre ce qui se cache derrière chaque procès, de découvrir les coulisses d’un palais de justice de province avec ses différents tribunaux. Après avoir présenté un supermarché, Le grand A, le scénariste Xavier Bétaucourt et le dessinateur Jean-Luc Loyer ont suivi pendant un an les justiciables, les juristes et les magistrats du palais d’Angoulême.
« On a eu l’autorisation d’aller rencontrer des gens, de poser des questions en étant complètement néophytes, il nous a fallu du temps pour comprendre les acronymes et les fonctions de chacun », rapporte l’illustrateur. Les deux auteurs se mettent en scène. Ils deviennent des enquêteurs curieux qui suivent les « petites mains » de cette grande maison judiciaire.
Un palais de justice classé
La façade néoclassique imposante du palais s’ouvre sur le couloir des pas perdus. La salle des Assises, ornée d’un tableau offert lors d’un tournage cinématographique, les geôles des prévenus avant leur comparution côtoient les bureaux des juristes souvent exigus et encombrés de dossiers en attente.
Un personnel débordé mais dévoué
« Ces petites fourmis préparent la scène de théâtre où va se dérouler la justice. Comment les 23 magistrats, les 48 greffiers et les 3 directrices du greffe du palais de justice d’Angoulême gèrent les 35 682 dossiers en attente ? «
Alors défilent devant le lecteur, les « petites mains » si actives qui préparent les dossiers. Elles mènent l’instruction au civil comme au pénal, très souvent dans l’urgence avec un manque cruel de moyens. Dans le bureau d’ordre de la greffière, se cumulent les plaintes, les demandes d’affaires déjà jugées par la gendarmerie, la préparation des pièces pour de nouvelles procédures. Tant de dossiers à monter alors que beaucoup seront classées sans suite. Le procureur est appelé pour des comparutions immédiates. Le juge d’instruction mène les investigations (écoutes téléphoniques, expertises…) en vue d’établir les pièces qui permettront d’éclairer l’affaire. La greffière du service pénale explique la CRPC (une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité) tandis que la juge d’application des peines se rend à la maison d’arrêt afin de visiter des condamnés.
Quelques audiences sont évoquées
Les auteurs abordent certains procès afin que le lecteur plonge en immersion dans le processus judiciaire. On assiste au tirage au sort des jurés aux Assises, au réquisitoire du procureur ou à la plaidoirie d’un avocat.
Un bel hommage à faire connaître
L’envers du décor des tribunaux en France est révélé avec brio, entre les situations cocasses et les drames qui se reconstituent. Le plus remarquable est cette insistance portée sur l’humanité et le dévouement de ce personnel « invisible ». Alors qu’apparaît souvent la brillance des avocats, l’intégrité des juges et l’éloquence des procureurs, on oublie ceux qui permettent le bon déroulement des procès. Un bel hommage à faire découvrir en Éducation Morale et Civique à partir de la quatrième et surtout au lycée. Des vocations pourraient venir…