La pendaison de Saddam Hussein, au terme définitif de la fiche qui lui a été consacrée, termine cet ouvrage d’Éric Nguyen, auteur prolifique s’il en est, de cet éditeur spécialisé dans les manuels d’aide aux préparations des concours.
La présentation est simple et aborde en 200 fiches, équitablement partagées entre événements et personnages, les points marquants du XXe siècle, avec, on l’a vu plus haut, des incursions sur le XXIe siècle.
Cet ouvrage est parfaitement destiné à son usage et propose un découpage, qui n’a rien de révolutionnaire du point de vue de la démarche, tout à fait classique. On découvrira par exemple une belle époque marquée par les rivalités coloniales et les tensions européennes qui commence avec Fachoda et qui s’achève avec une présentation de Theodore Roosevelt. On se demandera d’ailleurs si le vieux Teddy est très Européen, même s’il participé à l’élimination d’une puissance européenne du continent américain, lors de la guerre contre l’Espagne à Cuba. En fait il préside à la conférence d’Algésiras en 1906 lors du
règlement provisoire de la crise marocaine entre la France et le Maroc. Nicolas II apparaît aussi dans ce chapitre, en lien avec la Révolution de 1905 et la guerre russo-japonaise, ce qui est somme toute logique.
La partie consacrée à la première guerre mondiale traduit une prise en compte globale de la période, réunissant la guerre totale, l’embrasement généralisé, la Révolution Russe et le déclin de l’Europe. On ne peut qu’apprécier cette périodisation qui permet d’aller au-delà de la simple référence à des événements.
On y trouvera bien entendu Verdun et les mutineries, la Révolution russe avec Lénine et Trotski tandis que Staline est expulsé dans l’Entre deux guerres mais on apprécie aussi d’y croiser Mustafa Kemal et le génocide arménien tout comme Josef Pilsudski. (P. 67). Souvent mal connu, ce père de l’indépendance polonaise qu’il proclame le 22 novembre 1918 a joué un rôle majeur dans l’histoire de la Pologne des années 20. Combattant les armées rouges aux portes de Varsovie, renonçant à la Présidence de la République il reprend le pouvoir en 1926 et instaure un régime paternaliste et autoritaire. Il essaie de s’entendre avec la France dans le cadre d’une alliance de défense, mais aussi avec Staline en 1932 et en 1934 avec Hitler. Il meurt en 1935 et sera remplacé par le Colonel Beck.
Pour ce qui concerne l’Entre deux guerres, Éric Nguyen présente Sun Yat Sen et Tchang Kaï Chek avec l’invasion de la Mandchourie et la Longue marche. Ce dernier épisode est en effet rarement présenté dans les manuels, ce qui est un peu dommage eu égard à l’importance qu’il a eu dans la formation du Parti communiste chinois comme force crédible dans la lutte contre l’invasion japonaise et la guerre civile entre 1946 et 1949.
La partie consacrée à la marche à la guerre traite l’essentiel. Peut-être aurait-on pu y rajouter quelques éléments sur les violations répétées par Hitler de dispositions de Versailles comme la remilitarisation de la Rhénanie ou l’Anschluss.
Pas de surprise par contre pour la seconde guerre mondiale même si la guerre du Pacifique semble bien absente. Peut-être qu’une référence aux combats de l’aéronavale avec les batailles de la mer de Corail et de Midway aurait pu éclairer les évolutions des doctrines de la marine étasunienne.
La guerre froide et de façon générale les relations internationales sont bien traitées et Jimmy Carter est également cité. Ce président des Etats-Unis qui a été la cible des néocons. Américains pour sa prétendue faiblesse à l’égard des soviétiques qui mettent en avant le rôle de Reagan, est pourtant injustement traité. Il a en effet choisi de ne plus défendre les régimes alliés des Etats-Unis les moins fréquentables, comme l’Iran du Shah ou le Nicaragua de Somoza et à choisi, contre le bloc soviétique de défendre les droits de l’homme y compris lors de la signature des accords d’Helsinki. Cette partie de la « corbeille » des accords a fourni pourtant aux dissidents des pays d’Europe de l’Est un cadre moral qui leur a permis de s’organiser et de contribuer à la crise de ce bloc. Enfin, la doctrine militaire étasunienne basée sur des possibilités d’interventions rapides lui doit beaucoup.
Bien entendu, cet ouvrage ne peut contenir eu égard à sa destination d’innovations ou de révélations inédites sur les relations internationales. Il est par contre totalement adapté à son usage et à son public. Des élèves de terminale qui souhaiteraient faire une fiche sur un personnage ou un évènement majeur ou des préparationnaires des concours des IEP peuvent l’utiliser sans problème. Pour des candidats aux concours avec des épreuves de culture générale, cet ouvrage de plus de 400 pages devrait servir d’usuel de référence avec beaucoup de profit.
© Bruno Modica – Clionautes