Cet ouvrage est issu de la thèse de Michel Vanderpooten soutenue à l’Université de Toulouse le Mirail. en 2011 propose ici une étude technique qui s’articule en cinq grandes parties:
- Qu’est-ce qu’une révolution agricole?
- L’évolution des techniques et des pratiques dans les textes (de l’Antiquité au XIXe)
- Légumineuses, plantes améliorantes
- La fertilisation autonome
- Apports extérieurs
Qu’est-ce qu’une révolution agricole?
Partant d’un article d’Emmanuel Le Roy Ladurie l’auteur retrace des grandes étapes de l’évolution des techniques agricoles: nouvelles espèces végétales, attelage, évolution des outils de travail du sol, apparition des livres d’agronomie et pose la question : peut-on, doit-on parler de révolution?
A la suite de J. M? Morineau l’auteur différencie le changement collectif de l’innovation individuelle. D’autre part si on a bien des critères techniques il faut y ajouter des critères agraires (baux, structures foncières) que les historiens depuis Marc Bloch ont largement étudié et les interactions avec la société.
Quelques définitions utiles viennent éclairer quelques pièges de la terminologie quand les mots n’ont pas le même sens autrefois et aujourd’hui.
Evolution des techniques et des pratiques dans les textes. Ce chapitre invite à un parcours des textes au fil du temps long depuis Hésiode jusqu’aux physiocrates et au développement de l’agronomie du XIXe siècle. On peut regretter ici l’absence de documents iconographiques qui pourraient donner à voir les outils ou les pratiques anciennes. L’auteur fait une place particulière à Olivier de Serres et son Théâtre d’agriculture ainsi qu’à la Maison Rustique pour le XIXe. La conclusion de ce chapitre porte sur l’apport de ces sources dans la problématique de la révolution agricole notamment autour de la relation élevage/culture.
Légumineuses, plantes améliorantes
Un chapitre très technique autour de l’usage des légumineuses comme engrais vert et leur intérêt en alimentation animale voire humaine. En agriculteur compétent l’auteur montre les lacunes en ce domaine chez beaucoup d’historiens.
Dès l’Antiquité le rôle des lupins ou des fèves était connu. La faiblesse des sources médiévales ne permet guère une étude même si ces plantes sont présentes dans les écrits des agronomes arabo-andalous ou au XVIe dans le journal du Sire de Gouberville. L’évolution des pratiques pastorales à l’époque moderne peut nous renseigner sur l’alimentation animale mais c’est le XIXe qui voit le succès argumenté des légumineuses. Leur usage en alimentation humaine: fèves, lentilles et haricots du potager au champ, vient compléter ce chapitre. Leur place vient nuancer le “pain roi” des historiens, la place des pains de fèves, de châtaignes, de sarrasin est attestée au XVIIe et XVIIIe dans de nombreuses études (Labrousse, Goubert, Lachiver…)
Fertilisation autonome
Michel Vanderpooten propose un tour d’horizon des pratiques culturales:
Fertilisation par le feu (écobuage, déchaumage, essartage) époque, intérêt, limites.
Utilisation de la végétation spontanée sans brûlage: la végétation est mise à fermenter souvent dans les étables puis restituée au sol,
Utilisation des fumiers
C’est une étude à la fois technique; théorique et textuelle descriptive des pratiques au fil du temps.
La déambulation des troupeaux à fin de fumure amène à une réflexion sur les pratiques de jachère et leur rejet au milieu du XVIIIe par les physiocrates avant son recul au XIXe avec la “révolution fourragère”.
Les apports extérieurs
A partir des années 1850 l’amélioration de la fertilité du sol repose sur des apports extérieurs, les amendements calcaires ou marins reprennent parfois des techniques connues dès l’Antiquité. Ce chapitre passe en revue les matières utilisées pour maintenir ou améliorer la fertilité: cendres, plâtre, algues etc… avant l’apparition vers 1840 des préparations commerciales: sels minéraux, engrais chimiques.
Conclusion
L’étude s’achève quand les engrais commerciaux marque le déclin des techniques autarciques. En conclusion l’auteur propose comme critère fondamental pour une révolution agricole: “ l’inscription de la pratique au sein d’une filière entre fournisseurs et clients” ce qui nécessite outre des innovations techniques une évolution du contexte économique et social et l’acceptation par les agriculteurs d’un savoir extérieur (théorique, scientifique) à la pratique ordinaire.