Les éditions Flammarion lancent une nouvelle collection intitulée « Premiers Castordoc ». Le public visé est celui des élèves de primaire. Les premières livraisons s’intéressent à des grands classiques et parmi eux les hommes préhistoriques.
Clara Delpas et Patricia Chairopoulos sont journalistes scientifiques et ont déjà signé plusieurs ouvrages sur des thèmes proches comme  » Homo sapiens, l’aventure de l’homme ».

Les hommes préhistoriques : Qui est qui ?

Voici un sujet bien aimé des enfants, qui est ici abordé sous forme de huit chapitres. Il faut d’abord se repérer dans le temps, ce qui n’est jamais évident sur ce sujet. Pour cela, la chronologie insérée dans le rabat de la couverture est a priori particulièrement utile. On pourra juste déplorer que l’échelle de temps ne soit pas respectée ce qui atténue au final l’intérêt du document. Le chapitre 2 commence par Homo sapiens et évoque des points pas encore tranchés par les scientifiques. Ainsi, il semble que Neandertal et Cro-Magnon étaient trop différents au niveau génétique pour pouvoir avoir des enfants ensemble. Cependant, la découverte de l’enfant de Lagar Velho au Portugal laisse planer le doute.

L’habitat et la société

C’est un des sujets à dépoussiérer de ses mythes. C’est clairement annoncé : ils ne vivaient pas dans les grottes. Cette vision date de la fin du XIXème siècle. Une bonne double page poursuit en s’intéressant aux cabanes et abris sous roche. En Ukraine actuelle, on a retrouvé une cabane constituée de plus de 300 os de mammouths soit plus de 30 mètres de long.
On propose aujourd’hui des estimations du nombre de Cro-Magnons en – 20 000 : ils pourraient avoir été entre 2 000 et 3 000 à vivre dans le sud de la France et leur nombre va tripler en 10 000 ans. Les points d’interrogation restent nombreux, comme celui du langage : certes, Cro-Magnon parlait, mais quelle langue utilisait-il ?

Chasser pour manger

Il faut imaginer des repas peut-être un peu plus variés que ce qu’on pourrait imaginer a priori. Les hommes de Cro-Magnon étaient de très bons chasseurs. Ils s’adaptaient à l’animal et au terrain en installant des pièges, en attendant des noyades ou en encerclant des troupeaux. Une double page montre ainsi une reconstitution possible d’une scène de chasse. N’oublions pas l’artisanat : le livre propose un découpage en quatre périodes entre l’Aurignacien jusqu’au Magdalénien pour mieux s’y retrouver dans les différents outils élaborés au cours du temps. On verra notamment une parure en coquillages et en peau tout à fait étonnante ! Le chapitre 8 aborde le thème de l’élevage et de l’agriculture en soulignant qu’à la fin de la dernière glaciation, les hommes de Cro-Magnon deviennent de plus en plus sédentaires.

Empreintes et grottes ornées
Le livre aborde aussi le côté fascinant des traces laissées par les hommes préhistoriques avec les mains. Néanmoins, elles gardent tout leur mystère car sur certaines, il n’y a pas tous les doigts : Pourquoi ? Est-ce un signe de mutilation ? Doit-on y voir des signes qu’il faudrait décrypter ?
Là encore, le dessin s’avère très utile avec une double page qui évoque les lampes à graisse, le dessin d’une sorte d’échafaudage ou encore la référence aux matériaux utilisés comme le charbon de bois ou l’utilisation de pinceaux fabriqués à partir par exemple de poils d’animaux. L’auteur souligne rapidement combien le sens de cet art est encore en grande partie inaccessible : bande dessinée de l’époque ou art symbolique comme le pensent la plupart des préhistoriens ?

Une double-page de jeux, quelques conseils de visites de musées sur la Préhistoire ainsi que quelques sites internet permettent de prolonger la lecture. La reconstitution en ligne de la grotte de Lascaux est particulièrement bluffante. L’adresse internet a changé depuis, mais, heureusement, on est redirigé automatiquement.

Au total, et dans un format réduit, l’enfant dispose d’un ouvrage agréable à lire qui apporte son lot d’informations et de démystification de certaines idées reçues, sujet dont la Préhistoire est souvent encombrée. Le livre sait aussi souligner les incertitudes qui existent et les diverses interprétations qui peuvent parfois exister.

© Jean-Pierre Costille, avec l’aide Clara et Nina, Clionautes