Thomas Mauceri et Sébastien Piquet ont travaillé pour le cinéma et ont vécu aux Etats-Unis. La bande dessinée raconte la rencontre musicale entre Thomas Mauceri et l’oeuvre de Gil Scott-Heron. Plus qu’une biographie de l’artiste, c’est une narration de cette rencontre, d’abord à travers les disques, puis d’une interview sans cesse reportée puis avortée. L’auteur raconte ainsi son parcours aux Etats-Unis à travers la musique de Gil Scott-Heron. Les rendez-vous manqués se multiplient au fil des ennuis judiciaires du musicien. Le jour où il doit enfin le rencontrer par le biais d’une connaissance commune, l’artiste vient de mourir. Il prévient alors ses proches de sa disparition.

La bande son d’une histoire des Etats-Unis

Les principaux morceaux de l’artiste sont évoqués en lien avec l’actualité des années 2000 (The Revolution Will be not Televised ou H20gate Blues pour le duel Al Gore/Bush), avec le racisme toujours présent aux Etats-Unis (Winter in America). En effet, les morceaux de Gil Scott-Heron sont toujours emblématiques d’une Amérique fracturée. Le contexte original est peu évoqué. Pour cela, il faut se reporter à la discographie en fin d’ouvrage. La carrière de l’artiste est racontée en parallèle, notamment ses débuts et sa rencontre avec Brian Jackson, multi-instrumentiste et producteur, qui collabore avec Gil Scott-Heron dans les années 1970. The Bottle permet d’évoquer les problèmes d’addiction et de détention de stupéfiants de l’artiste. La chanson illustre aussi la visite des auteurs dans le ghetto de Baltimore, ville marquée par la violence. C’est également dans cette ville où Gil Scott-Heron, également auteur de polars, a fait des études de création littéraire.

Une série de rencontres ratées

Parti après les attentats du 11 septembre, Thomas Mauceri revient aux Etats-Unis lors de la première élection de Barack Obama en 2008 et veut en profiter pour interviewer Gil Scott-Heron. A cette occasion, il rencontre Abiodun Oyawole (The Last Poets) dont la chanson When The Revolution Comes aurait inspiré le célèbre The Revolution Will Be Not Televised. Ensuite, l’auteur fait le récit de nombreuses occasions ratées de rencontre, d’un concert annulé au New Morning à Paris à la mort du chanteur dans un hôpital new-yorkais le jour où il doit enfin le rencontrer. L’élection de Trump sert de décor aux dernières pages du livre.

 

Une discographie commentée de Gil Scott-Heron clôt l’ouvrage. Ses albums sont ainsi replacés dans le contexte politique et le message des principaux morceaux est résumé, ce qui permet d’avoir une vue synthétique de la carrière du musicien. Les amateurs de Gil Scott-Heron apprendront finalement peu de choses sur sa carrière. La bande dessinée fait plutôt le récit d’une rencontre avec un artiste majeur.

Jennifer Ghislain pour les Clionautes