Le château royal de Blois est l’un des monuments les plus prestigieux de la Renaissance. D’abord forteresse seigneuriale, le château se mue progressivement au Moyen Âge en centre politique comtal, puis royal, accueillant l’une des cours les plus brillantes d’Europe, avant de devenir le château d’exil de Marie de Médicis et de Gaston d’Orléans au XVIIe siècle. Abandonné, il connaît finalement une seconde renaissance comme lieu de réceptions prestigieuses (Charles de Gaulle, le négus d’Éthiopie, le roi Sihanouk du Cambodge, la reine Elisabeth II d’Angleterre…).

Un petit guide historique et culinaire

L’ouvrage tient dans un sac et présente, dans un format court, un ensemble de photographies et de reproductions qui s’entremêlent au texte. L’introduction fournit quelques éléments sur l’histoire du château et s’appuie sur un glossaire fort utile : il y a peu de chances que vous sachiez ce qu’est le verjus ou l’ambre gris…

Les deux auteurs sont des spécialistes reconnus de l’histoire de Blois. Bruno Guignard est directeur du fonds ancien de la Bibliothèque Abbé Grégoire de la ville et Elisabeth Latrémolière est conservatrice au château royal.

Sur la table des premiers seigneurs de Blois

Les fouilles archéologiques, menées dans le château au début des années 1990, ont révélé quelques secrets sur la cuisine du temps des mottes castrales. Le premier d’entre eux est que la vaisselle, certes massivement en céramique, comporte déjà quelques éléments en verre. L’alimentation est assez diversifiée, entre céréales, légumineuses, fruits, viande, poissons et même escargots ! Le dernier plat, à en juger par les nombreux vestiges de coquilles, était manifestement très apprécié. Dès le XIVe siècle, on trouve également encore plus rare, avec l’arrivée d’épices de toute sorte (sucre de canne, gingembre, cannelle, etc.), payées fort chères.

Après la guerre de Cent Ans, la vaisselle hausse le ton. Plus raffinée, plus ostentatoire, la vaisselle témoigne d’un faste que la fortune des Orléans ne justifie plus nécessairement.

Splendeur et misère du château

Plus on avance dans le temps et plus les comptes se précisent. À la table du roi, on est frappé de l’abondance des viandes, volailles, volatiles, poissons, fruits et légumes qui sont servis. À plusieurs reprises, Henri IV a vanté la qualité des melons de Blois. À la mort de Gaston d’Orléans, le château entre dans une longue période d’abandon. Non pas que le château soit déserté, mais son éclat est parti : les occupants se contentent de vivre dans leurs appartements et d’entretenir tant bien que mal les lieux. En 1788, le château échappe de peu à la destruction et se voit contraint d’héberger un régiment d’infanterie, ce qui n’arrange rien à son état. Transformé en hôpital pendant la guerre de 1870, le château accueille des banquets par intermittence, avec ponctuellement quelques invités de marque comme la reine Élisabeth II.

La seconde partie de l’ouvrage s’intéresse aux « lieux », c’est-à-dire aux pièces dévolues à la cuisine et aux repas, ainsi qu’à la vaisselle. Cette partie devient plus hétéroclite mais avec plusieurs pages intéressantes comme celle évoquant la reconstitution en 3D d’une vaisselle d’office, ou une autre sur le service de la boisson avec en point d’orgue, un somptueux rafraichissoir (récipient dans lequel on plongeait les bouteilles dans un bain de glace) de la firme écossaise Taylor and Sons du XIXe siècle. Le livre s’achève par deux recettes de chefs locaux, à savoir une poularde au safran et un verger blésois.

En conclusion, ce n’est pas un ouvrage universitaire destiné à des étudiants mais bien un ouvrage de découverte, agréable à lire en marge d’une promenade à Blois. Il permet de restituer l’histoire du château en filigrane, le tout servi par une iconographie flatteuse.