Rassemblant les contributions d’une vingtaine d’auteurs, géographes pour la grande majorité, cet ouvrage entend clarifier un certain nombre de flous entourant la « dimension territoriale de la santé », pouvant être perçue comme une échelle, un périmètre ou une organisation.

L’abécédaire comporte tant des entrées non spécifiques à cette thématique de la santé (« réseau », « justice spatiale », « lieu ») que des entrées « prétextes » (« yourte » pour aborder le mal logement, « xingtai » pour traiter de la pollution atmosphérique, « zika » pour évoquer les maladies infectieuses) et, bien naturellement, des entrées directement dédiées (« hôpital », « épigénétique », « médicament(s) », « systèmes de santé »…).

Si l’on veut détailler, on peut par exemple voir que lire l’espace par le prisme de la santé permet d’apprécier finement la question des échelles. On trouvera de quoi nourrir des réflexions sur le niveau de l’aménagement intraurbain (favoriser la mobilité douce pour améliorer la santé, faciliter la vie des personnes âgées, soigner grâce aux « paysages thérapeutiques » : voir « nutrition », « bien-être », « lieu », « qualité »…), le niveau national (l’épineuse question de l’inégale distribution de l’offre de soins dans l’espace amenant à un éclatement des structures de soins et à un développement de la télémédecine : voir « kilomètre », « web », « care », « hôpital »…), le niveau mondial (avec ici des développements sur la diffusion des maladies qui redistribue d’ailleurs les cartes entre un Nord désormais sujet aux maladies infectieuses et un Sud progressant dans ses soins, des médicaments en surproduction mais introuvables dans certaines zones du Monde, la mobilité des acteurs qui cherchent dans d’autres pays des actes interdits ou inaccessibles chez eux : voir « médicament(s), « zika », « tourisme médical »…).

D’autres lectures conceptuelles sont possibles. Celle de la prise en compte du temps dans l’espace est également séduisante au travers des notices « parcours » (qui montre que l’état de santé d’un individu est fonction de son parcours de vie et de son parcours de santé, incluant les soins) et « facteur de risque » (qui invite à la précaution face aux modèles, normatifs, qui ne tiendraient pas assez compte de la multiplicité des facteurs, individuels et collectifs, qui déterminent l’état de santé d’une personne, état s’étant construit sur un temps parfois long et dans des environnements changeants).

Les textes sont clairs et concis, certains sont garnis d’illustrations. On appréciera la réelle coordination de l’ouvrage amenant de nombreux renvois aux autres notices ainsi que les bibliographies complémentaires (notamment en anglais, certains termes étant déjà traités sous leur vocable original : « care », « global health »). On regrettera juste quelques (rares) textes dont la dimension spatiale est finalement difficilement perceptible. Un tour d’horizon solide et complet pour une thématique qui peut servir de nombreux pans des programmes des différents cycles.