Alcibiade Didascaux chez les Romains, une aventure en deux tomes. Alcibiade Didascaux n’est pas à proprement parlé le héros d’aventures qui se distinguent par leurs superbes dessins. Non, ce n’est pas Murena. Très clairement ancré dans le genre humoristique, le dessin de Clapat est efficace, drôle, mais il se peut certains yeux pourront être irrités. C’est une histoire de goût. Qu’on ne se méprenne pas cependant, Clapat a de véritables talents de dessinateur. Certaines reproductions de tableaux classiques, à l’image de celui de Jacques Louis David, Les sabines, illustre parfaitement un art maîtrisé.
C’est donc un choix graphique qui peut dans un premier temps désarçonner, voire rebuter mais, résolument, il ne faut pas s’arrêter à ce premier avis rapide. Les aventures extraordinaires d’Alcibiade Didascaux coup méritent totalement le détour.
Nom de Zeus !
Dans les aventures précédentes Alcibiade, professeur de lettres classiques ayant un peu de mal à gérer ses élèves, parvient grâce à Agénor, professeur de sciences et surtout créateur du neurocyto-électrotélédiachron, à voyager dans le passé. Bien entendu ces aventures ne sont pas sans risque, mais Alcibiade et sa petite souris Musculus ont plus d’un tour dans leur sac pour se sortir des pires situations.
De la bande dessinée, mais pas seulement
Ce premier tome consacré un périple chez les Romains fait suite à diverses aventures chez les Grecs. Comme dans le précédent album, la structure est double : d’un côté la bande dessinée, dans un second temps un dossier qui permet de mettre en perspective l’histoire. Ce dernier est une véritable mine pour les enseignants, qu’il s’agisse des collègues d’histoire ou de lettres classiques. Chronologie extrêmement complète, cartes, article de Mircea Eliade permettent ici de pousser beaucoup plus loin l’analyse avec des élèves.
De l’humour, du fond, du latin
Pour en revenir à la bande dessinée à strictement parler, cette dernière est structurée autour de chapitres, en moyenne de 4 planches, consacrés chacun à un thème clairement présenté. Pour ce premier tome consacré à l’histoire de Rome, on retrouve ici un chapitre introductif posant la question de l’utilité du latin, avant un départ vers des aventures hautes en couleurs. L’Énéide, Romulus et Remus, Horaces et Curiaces, la mise en place de la République, les oies du Capitole, la victoire à la Pyrrhus, les guerres puniques, Salammbô, Mare nostrum, Marius et Sylla, la légion romaine sont autant de moments d’apprendre, de s’amuser, et de chercher avec délectation les différents clins d’œil qui se sont incrustés dans le dessin.
Il ne s’agit pas de tout dévoiler, ce serait gâcher le plaisir de la découverte. Mais découvrir que Rastapopoulos et les Daltons furent aux côtés de Romulus, croiser le regard du professeur Tournesol au détour d’un banquet sur l’Olympe sont autant de moments jubilatoires.
Il y a beaucoup, mais alors beaucoup de textes. Ceci peut parfois gêner, et ce d’autant plus que la tendance est à des bulles plutôt réduites. De façon totalement assumée Clanet et Clapat offrent ici un travail de recherche rigoureux, et la mise en perspective, le travail sur le vocabulaire, les citations latines, sont au cœur de la volonté de transmettre tout en distrayant.
Alcibiade Didascaux chez les Romains est exploitable en collège comment en lycée., Cette aventure qui débute en 509 avant notre ère, pour s’arrêter aux portes des guerres civiles dans les légions de Marius, participe de cette volonté de transmettre, de rendre accessible, sans renier, entre deux blagues potaches, à la rigueur historique. Une excellente BD donc, trop largement méconnue à mes yeux.