Comment aider nos élèves à bien mémoriser ? Quelles pratiques adopter pour être le plus efficace possible ? Comment fonctionne notre mémoire ? Voici quelques-unes des questions essentielles auxquelles répond cet ouvrage qui propose un lien très fécond entre recherche et classe. 

Le livre est écrit par Jean-Luc Berthier, fondateur et animateur de l’organisation « Apprendre et Former avec les sciences cognitives » plus connue sous le nom de Cogni’classes, et de  Frédéric Guilleray, professeur de SVT et formateur académique Education et Sciences cognitives. 

La classe et le laboratoire

L’ouvrage entend faire le point sur ce que l’on sait aujourd’hui de la mémoire. L’ouvrage est le fruit revendiqué d’une collaboration entre laboratoires de recherche et enseignants dans le cadre du dispositif lea.fr. Ce livre est identifié pour le collège mais il peut véritablement servir à tous les niveaux. Structuré en quatre parties et résolument pratique, il est conçu comme un parcours de formation avec, pour chaque partie, un test de positionnement, la mise en avant d’idées clés, des exemples concrets dans la classe ainsi qu’un test de réactivation à la fin. L’ensemble des réponses aux différents tests se trouve en fin d’ouvrage. On dispose également de nombreux encarts tout au long du livre. Un code donné à la fin offre un mois gratuit sur le site lea.fr pour aller plus loin et, par exemple, télécharger du matériel pédagogique évoqué dans le livre. 

Connaitre la mémoire pour mieux apprendre 

Ce premier chapitre donne d’abord des points de repère sur ce qu’il faut savoir de la mémoire pour mieux apprendre. C’est l’occasion notamment de rappeler que la mémoire est plurielle, dynamique et que si tous les cerveaux se ressemblent, ils sont aussi par nature spécifiques. On apprécie la clarté des pistes pédagogiques comme celle qui montre comment utiliser concrètement l’association pour mémoriser. On a également l’éclaircissement indispensable de quelques neuromythes comme j »e lis, j’apprends, je retiens ». Les auteurs précisent ensuite quelques biais cognitifs à connaitre comme l’illusion de la maîtrise. La deuxième partie parle de la mémoire tout au long de la vie et revient notamment sur la plasticité cérébrale. Parmi les pistes pédagogiques, on peut conseiller l’utilisation de pictogrammes comme indices de rappel. Enfin, il est indispensable de comprendre comment cheminent les informations. Il est nécessaire de travailler sur l’accroche de l’attention, mais aussi sur la ritualisation de la transmission des informations. On apprécie la piste concrète qui propose de faire travailler les élèves sur des exercices résolus. Il y a plein de conseils utiles, par exemple sur l’utilisation de la vidéo en classe. Parmi les techniques de mémorisation évoquées on trouve celle du « Palais de la mémoire ». 

Les trois règles fondamentales de la mémorisation

Maintenant que ces éléments sont posés, l’ouvrage se focalise sur les règles de la mémorisation. Les auteurs l’affirment clairement : « la mémorisation est bien la pierre angulaire de l’apprentissage ». Ils proposent là encore des exercices tout à fait applicables pour travailler la mémorisation et, une des bonnes questions à poser aux élèves, est de leur demander d’expliquer par exemple ce qu’ils ont compris. On mesure aussi combien parfois il est difficile pour les élèves de savoir ce qui est essentiel. Le chapitre suivant insiste sur l’importance de la mémorisation par questionnement. Mémoriser par questionnement est plus fatiguant que relire son cours, mais c’est plus efficace. Il faut aussi se souvenir que l’entremêlement favorise la mémorisation alors qu’on aurait tendance à croire qu’il faut mieux ne traiter qu’une chose à la fois. On dispose d’exemples précis sur la réalisation de fiches mémos. Il faut dire et redire que les étudiants à qui on propose un exercice de remémoration-feedback après lecture d’un texte augmentent de 50 % leurs savoirs acquis par rapport au groupe témoin sans test. Le dernier chapitre s’intéresse à la consolidation mémorielle et à la réactivation. Il faut introduire des temps de mémorisation en classe. Il faut aussi informer les élèves sur la courbe de l’oubli d’Ebbinghaus qui montre notamment qu’un seul apprentissage est un leurre de la mémoire. 

L’attention au service de la mémorisation

Le premier chapitre de cette partie s’intéresse à la capture de l’attention en présentant notamment les programmes ATOLE/ADOLE. Jean-Philippe Lachaux a élaboré des programmes de formation des élèves sur l’attention. On trouve toujours des exemples concrets comme le sigle PIM qui signifie perception, intention et manière d’agir. Ce sont les trois points essentiels à donner aux élèves plutôt que d’être dans l’injonction : « Sois attentif ! ». Il y a aussi des liens vers des vidéos qui peuvent permettre d’illustrer ces idées de façon percutante. Il faut aussi  savoir qu’il est préférable de produire des documents sobres pour les élèves au risque de créer des distractions inutiles. Les auteurs évoquent l’importance des pauses attentionnelles et insistent sur le fait de réduire les doubles tâches. 

Les conditions pour une meilleure mémorisation 

Dans cette dernière partie sont abordées les conditions à remplir pour une meilleure mémorisation. Les auteurs présentent l’idée de fiches de progression, de plan de travail par exemple. Tout ceci n’est possible qu’avec une bonne hygiène de vie et le chapitre 2 se focalise sur ces aspects. Il précise les effets des troubles du sommeil sur la mémoire notamment. La dernière entrée est consacrée à l’effet accélérateur de la métacognition. Dans les aspects pratiques, on pourra conseiller la feuille de route de préparation d’une évaluation qui a pour but d’aider les élèves à s’organiser sur une durée de 15 jours. Ce qui est aussi particulièrement utile, c’est d’élaborer des fiches de correction des erreurs en relavant la cause de l’erreur et l’amélioration possible grâce à l’engagement de l’élève. Le livre évoque également les cogni’classes pour ceux qui veulent s’engager de façon plus poussée et plus générale au niveau d’un établissement. 

Cet ouvrage est donc une mine utilisable bien au-delà du collège. Il tient sa promesse de passer du labo à la classe car le lecteur dispose d’éléments théoriques puis d’éléments pratiques applicables en classe. Tout enseignant se doit de connaître ces éléments qui l’aideront à structurer ses cours et ses activités et surtout permettront aux élèves de progresser. A lire donc absolument. 

Jean-Pierre Costille pour les Clionautes.