La fondation Good Planet publie, en partenariat avec le magazine Courrier International, un ouvrage original consacré à l’énergie. Rappelons que GoodPlanet est une fondation créée par le très médiatique Yann Arthus-Bertrand qui a, selon ses propres dires, la volonté de  » mettre l’écologie au cœur des consciences ». Cet ouvrage réunit 85 dessins autour du thème de l’énergie qui est de plus en plus dans l’actualité. Chaque dessinateur est présenté à la fin avec référence à ses réalisations présentes dans le livre. Ainsi, si vous êtes fan de Mix et Remix, vous retrouvez instantanément toutes ses créations. Le principe du livre est clair et simple : une idée appuyée à chaque fois par un dessin.

Des dessins et de l’information donc

Le livre commence par une chronologie autour de l’accident de Fukushima. Elle est organisée sur deux niveaux, avec le Japon en haut, et ce qui se passait alors dans les autres pays en bas. Les événements couvrent la période de mars 2011 jusqu’en janvier 2012. Cela sert à montrer comment Fukushima a conduit à reposer la question de l’énergie au niveau mondial.
Ensuite, une quarantaine de pages est consacrée à chaque chapitre. Cela commence à chaque fois par une citation puis 4 pages d’exposition du thème. Cinq parties permettent d’aborder le débat : l’accès aux énergies, les énergies fossiles, le nucléaire, la révolution énergétique, la chasse au gaspillage. Soulignons aussi que chaque page de gauche propose un commentaire qui est une mise en perspective du dessin, ce qui apporte encore de l’information.

De l’information actualisée

L’ouvrage délivre donc de nombreux chiffres pour nourrir le débat. Ainsi, un cinquième de l’électricité mondiale sert à l’éclairage. De même, alors que le milliard d’habitants le plus riche consomme plus de 50 % de l’énergie mondiale, le milliard le plus pauvre n’en utilise que 4 % ! Pour mettre en perspective certains chiffres, rappelons aussi que le premier plan d’aide pour la Grèce s’est élevé à 750 milliards d’euros alors que l’aide publique au développement totalise en 2009 105 milliards d’euros !
Le livre ne se contente pas de donner des repères, mais il intègre également de nombreux points récents dans la façon de considérer l’énergie. On peut remarquer à ce titre la page 36 qui s’appuie sur les travaux de Jean-François Mouhot avec la référence à l’idée « d’esclaves énergétiques ». Les machines sont devenues nos esclaves ou nos serviteurs, mais tout cela a un prix : notre dépendance aux énergies.

Les énergies fossiles toujours devant !

Le lecteur apprendra peut-être que nous utilisons en six semaines autant de pétrole que nous en consommions sur une année en 1950. Nous consommons donc 30 milliards de barils de pétrole chaque année, soit deux à trois fois plus que nous n’en découvrons.
L’ouvrage n’oublie pas de signaler tous les produits qui intègrent du pétrole comme les moquettes synthétiques, les pare-chocs de voiture ou encore les pistes synthétiques de sable.
Le livre se consacre également aux « nouvelles énergies » comme le gaz de schiste. On apprendra peut-être que plus de la moitié des réserves estimées sont concentrées en Pologne et en France. Ces deux pays disposent à eux seuls de 10 % des réserves mondiales.

Le nucléaire, sujet sensible

S’il est un sujet qui enflamme les débats, c’est bien le nucléaire. La question du risque nucléaire se trouve évidemment au cœur de nombreux dessins. Un dessin d’Herrmann est particulièrement grinçant sur les liquidateurs de Tchernobyl. On lira également qu’il y a quatre cent cinquante réacteurs nucléaires répartis dans le monde, d’une existence estimée à trente années, ce qui représente si on multiplie le tout « 14000 années réacteurs ». Sur ce total, quatre réacteurs sont entrés en fusion ce qui donne une probabilité d’accident majeur de 0,028. Le chiffre peut sembler faible, mais cela représente tout de même un risque 28 fois plus grand que prévu initialement.
L’ouvrage essaye aussi de replacer la question du nucléaire dans une perspective qui dépasse la chronologie de Fukushima. Le nucléaire a commencé à régresser avant mars 2011 : dans le monde, le nombre de nouveaux réacteurs était à un minimum historique, avec zéro en 2008 et 5 en 2010 contre 233 construits en 1978 ! La France est, rappelons-le, dans une situation très particulière avec 75 % de notre électricité d’origine nucléaire.

Et en cours ?

On pourra utiliser avec profit des dessins du livre pour traiter la question de l’énergie en classe de seconde. Cela permet une entrée percutante dans le sujet. Ainsi page 134 avec un dessin sur Desertec pour aborder la question des rapports Nord/Sud. Signalons également la page 150 pour poser la question des agrocarburants ou encore le très efficace strip de Kopelnitsky sur le tout automobile. Il faut aussi signaler que les dessins peuvent permettre de travailler l’aspect critique des documents comme avec la page 69 et la dénonciation du sens donné à l’intervention américaine en Irak.

Au total, voici un ouvrage bien utile qui rassemble plusieurs approches sur l’énergie : des éléments synthétiques et actualisés, des dessins pour faire réagir et surtout réfléchir.

© Clionautes

Après Fukushima, quelles énergies pour demain ? : un tour d’horizon en 85 dessins
Après Fukushima